« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses
agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent
(...), j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une
seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une
chambre. » (Blaise Pascal)
Le 10 mars 2020, JIM.fr publiait un article (intitulé Covid-19 :
une bonne et une mauvaise nouvelle) donnant un avant-goût de ce
qui deviendrait, quelques jours plus tard et pour plusieurs
semaines, le quotidien d’environ 3 milliards d’habitants de la
Terre. Cet article mettait en valeur le slogan-choc résumant la
stratégie du confinement, adoptée par la plupart des dirigeants de
la planète (en Chine, en Italie, puis dans le reste du monde, y
compris en France depuis le 17 mars) : « Tutti a casa »
(tous à la maison). Prônée par Giuseppe Conte, le Président du
Conseil, cette formule évoque, pour les cinéphiles, un célèbre film
franco-italien de Luigi Comencini, en 1960, Tutti a casa,
intitulé en français La Grande Pagaille[1]. Le confinement
est-il la moins mauvaise solution ou, en effet, initiateur d’une «
grande pagaille » psychologique et socio-économique
?...
Rien de mieux que le savon de Marseille, la quarantaine, le
masque de peste, et le confinement
Sauf pour des raisons impérieuses (impossibilité de travailler
à distance, soins urgents, assistance d’une personne vulnérable ou
pour se nourrir), il devient donc presque impossible de sortir de
chez soi. Quel que soit le bien-fondé de cette mesure, force est de
reconnaître qu’elle s’apparente à la stratégie médiévale de la
quarantaine : en réduisant de façon drastique les interactions
humaines (comme le fait de se côtoyer dans la foule, les cafés ou
les transports en commun), on espère ralentir ainsi la
propagation d’une épidémie contre laquelle notre pharmacopée
moderne se trouve (jusqu’à preuve du contraire) complètement
démunie.
Mais est-ce la meilleure stratégie ? Oui et non. Oui, parce
qu’elle permet au système hospitalier de résister à un afflux trop
massif de malades, en s’efforçant de différer l’apparition de
nouveaux cas. Non, parce que le confinement à lui seul ne fait bien
sûr que retarder ce risque de contagion, en écrêtant la courbe
exprimant le nombre de sujets contaminés en fonction du temps. Il
est évident qu’une seconde vague de patients est à redouter à la
sortie du confinement, même s’il doit durer très longtemps
(plusieurs mois), à moins de proposer autre chose en complément :
dépistage intensif (et fiable), port de masques généralisé ou, dans
l’idéal, traitement préventif (vaccin) ou curatif (anti-viral
efficace ou immun-sérum : spécifique, anti-coronavirus, ou à défaut
polyvalent). Mais ces traitements sont encore indisponibles, malgré
des recherches (encore trop peu nombreuses) sur le projet
d’immun-sérum. Si la découverte d’un traitement antiviral (par
hasard ou par analogie avec des antiviraux déjà connus) est certes
possible, l’éventualité d’un immun-sérum à partir du sang de
patients spontanément guéris est en revanche probable, puisque
c’est le principe de toute immunothérapie par transfert d’immunité
passive[2]. Cité par Radio-Canada[3], Guo Yanhong, un chercheur
chinois, propose ainsi une feuille de route encourageante vers
cette voie : « Je voudrais demander à ceux qui ont guéri de
donner leur plasma. Ils redonneraient espoir aux malades encore
gravement atteints. » En attendant, il est navrant que notre
science altière du XXIème siècle n’a pratiquement rien de mieux à
proposer que les bons médecins d’autrefois : le savon de Marseille,
la quarantaine, le masque de peste, et le confinement. Un progrès,
cependant : aujourd’hui, nous ne sommes plus confinés en
maladrerie, mais à notre domicile !...
Immunité de troupeau
Commentant l’article du Dr Philippe Tellier, Épidémie à
coronavirus, scénarios pour le futur (JIM, 04/02/2020), le Dr
François Roche présente le principe opposé de l’immunité collective
(dite aussi grégaire ou « de troupeau », en anglais herd
immunity)[4], une stratégie alternative au confinement généralisé,
adoptée seulement en Europe par la Suède et les Pays-Bas (mais
rejetée par le Royaume-Uni, après des hésitations initiales). Dans
son article sur JIM du 21 mars 2020, Dictionnaire des girouettes
politiques, Quentin Haroche rappelle les tergiversations et les
contradictions chez les décideurs (et même chez les médecins !)
oscillant en peu de temps entre deux attitudes diamétralement
opposées : la tentation de minimiser puis de dramatiser l’épidémie.
Contrairement à la politique autoritaire (et forcément liberticide
: limitation drastique des déplacements, et géolocalisation
permanente des citoyens dans certains pays) du confinement pour
tous, la recherche de l’immunité grégaire mise sur l’atténuation
progressive de la virulence du germe au fil de ses réplications
successives, parallèlement à l’acquisition progressive d’anticorps
dans la population générale. On fait alors le pari (raisonnable à
long terme) que d’humain contaminé en humain contaminé, la
virulence du germe et/ou sa contagiosité vont s’estomper : «
Maximales d’emblée, puis diminuant avec les premiers cas
dramatiques que l’on isole et les mesures barrières que l’on
impose. Enfin, le code génétique change avec le temps et les
descendants du virus initial n’ont plus le même potentiel, jusqu’à
disparaître ou devenir sans danger. Au fil des années il aura
contaminé tout le monde et 99,99% des humains survivants seront
devenus des immuns. » Et le Dr Roche de conclure son
commentaire avec humour : il espère que le virus deviendra
finalement « un être participant de la sacro-sainte
biodiversité. Atchoum ! »
Laissant tout simplement faire la nature, cette méthode
d’immunité collective fonctionne. Mais le problème est qu’elle se
paye très cher en décès, au moins à court terme. Et de plus, quel
peuple saurait approuver le discours de politiciens (cyniques ?)
leur expliquant préférer le sacrifice de quelques (dizaines de
milliers de) morts au sacrifice de l’économie ? C’est pourquoi même
des dirigeants présumés « populistes » s’éloignent
progressivement de la stratégie de l’immunité collective, si
tentante à première vue car elle ne détruit pas autant l’économie
nationale et internationale. Primum non nocere, disaient
jadis les médecins...
Inconvénients du confinement
Un problème moral du confinement, c’est sa nature intrinsèquement
inégalitaire, contrairement à la devise de notre république.
D’abord une inégalité évidente durant le confinement lui-même : il
n’est pas identique de passer cette période difficile dans un
appartement de 150 m² (ou dans une résidence secondaire avec
piscine et jardin) que dans un studio de 15 m². Juste avant le
confinement, la province est d’ailleurs « prise d’assaut »
par des propriétaires de résidence secondaire espérant de
meilleures conditions pour échapper au sentiment d’enfermement.
Mais la plupart doivent déchanter, en apprenant ensuite que le
gouvernement interdit les randonnées en forêt ou à la plage, et
affirme que « le confinement, ce n’est ni un week-end ni des
vacances. » Puis une autre inégalité, encore plus grave, après
la sortie du confinement : si certains conserveront leur emploi
(fonctionnaires, médecins, ou tous ceux pouvant continuer à
travailler pendant la crise, parfois même davantage), on peut
craindre que cette décision de lockdown ne crée par contre de très
graves dommages socio-économiques collatéraux, avec de nombreux
chômeurs supplémentaires, car des entreprises trop petites ne
pourront pas, malgré les aides de l’état, faire face à la cessation
brutale et prolongée de toute activité économique. Autre
inconvénient du confinement, pointé par les psychologues : la
détresse du téléspectateur isolé, collé en permanence aux chaînes
d’informations en continu, lui assénant des nouvelles angoissantes
sur les victimes du coronavirus, toujours plus nombreuses, dans son
pays comme à l’autre bout de la planète. Exutoire à ce sentiment
d’impuissance : applaudir les soignants, chaque soir à sa fenêtre.
D’une certaine façon, pour emprunter la terminologie des
psychanalystes, ce rituel laïque procède de la transformation de
notre névrose d’angoisse collective en une névrose obsessionnelle :
nous pratiquons ainsi des rites d’habillage (gants, masques et
autres protections), des rites de lavage (à l’eau, au savon, ou au
gel hydro-alcoolique) auxquels aucun virus bien élevé ne saurait
résister (ni parfois notre propre épiderme, soumis à plus rude
épreuve qu’un arrachage d’orties !), des rites de passage (en
France : imprimer ou recopier son attestation de déplacement
dérogatoire, en application de l’article 3 du décret du 23 mars
2020), des cérémoniaux (assister aux équivalents d’offices
liturgiques : le journal de 13 heures, le journal de 20 heures, le
point quotidien du directeur général de la Santé, etc.). Les fameux
gestes barrières (ce dernier mot ayant soudain perdu son statut de
substantif pour prendre une valeur d’adjectif, à l’instar des
fameux « comportements problèmes » de la novlangue de nos
chers technocrates) ont aussi une connotation de trouble
obsessionnel compulsif : nous devons nous montrer hypervigilant, en
permanence, pour ne pas approcher à moins d’un mètre un inconnu, ni
même ce collègue que nous côtoyions « avant » sans méfiance,
en lui serrant une main désormais suspecte ; la recherche effrénée
de la distanciation sociale épargne certes des vies dans le monde,
mais au prix d’un virage quasi autistique des populations. Par une
formule chiasmatique, Le Huffington Post résume parfaitement
cette métamorphose sociologique, suscitée par le coronavirus : «
De la peur de l’épidémie à l’épidémie de la peur. » Sur sa
page Facebook, après avoir décrit le choc collectif de « voir
une rangée de camions sortir 70 cercueils des hôpitaux Bergame
», le physicien italien Carlo Rovelli (chercheur sur la théorie de
la gravitation quantique) précise : « La mort qui a toujours été
là se montre plus que d’habitude. Combattons-la de toutes nos
forces, mais sans terreur, parce que la vie est précieuse et
agissons pour en avoir tous un peu plus. »
Contrer l’angoisse
À la télévision, pendant cette crise sanitaire majeure, une
journaliste interroge : « imaginez-vous le ressenti d’un
hypochondriaque ? » Comme le gouvernement conseille de différer
toute consultation médicale non urgente (surtout à l’hôpital), la
réponse à cette question tient peut-être dans l’histoire de cette
personne hypocondriaque, habituée à rencontrer son médecin pour
n’importe quel prétexte mais qui, soudain, ne le consulte plus
durant plusieurs semaines : « Pardonnez-moi, docteur,
s’excuse-t-elle en revenant enfin, on ne se voyait plus parce que
j’étais malade ! ». En tout cas, cette crise mondiale apporte «
de l’eau au moulin » de tous ceux (pessimistes,
hypochondriaques, déclinologues, écologistes, détracteurs de la
mondialisation) qui dénoncent l’ubiquité des risques sanitaires et
environnementaux... Mais tout est bon, pour contrer l’angoisse née
de cette double source : la peur de périr du Covid-19 (alimentée
par la macabre comptabilité des officiels et des journaux
télévisés) et la claustrophobie (provoquée par le confinement et la
sensation de ressembler au poisson tournant bêtement dans son
bocal). Dans le discours ambiant, un psychiatre pointe un climat,
non seulement anxiogène, mais empreint de ce que Bateson appelle
une double contrainte, c’est-à-dire une auto-contradiction
insidieuse pouvant « rendre fou » (psychotique) quand elle
n’est pas repérée comme telle : on nous dit à la fois que le
Covid-19 n’est pas une maladie très grave (puisque plus de 95 % des
malades en guérissent), mais qu’elle est pourtant dramatique
(puisque les hôpitaux sont saturés, que les morts s’accumulent, et
qu’il a fallu arrêter presque partout les activités habituelles).
Si le psychotique peut s’échapper par le délire, le sujet ordinaire
doit résister au confinement par son imaginaire : comme on ne peut
plus voyager, il faut s’évader en rêve. Cette situation insolite
rappelle un adage du prince de Ligne prônant la supériorité du
fantasme sur l’acte, de l’utopie sur sa réalisation concrète : «
On peint mieux la liberté quand on est enfermé, et le printemps
en hiver. » Et le texte d’une chanson de Jeanne-Marie Sens et
Pierre Rapsat[5], L’enfant du 92ème (1974), brossant le «
prémonitoire et triste portrait d’un enfant des villes
claquemuré dans son immeuble » :
« Un placard est son grenier : ses grands espaces,
Un appareil de télé...
Il fait en ascenseur
Le chemin des écoliers
Il rentre toujours à l’heure
L’enfant du 92ème
Il nage dans l’océan de sa baignoire,
L’émail, c’est le sable blanc
Il part au Sahara quand un soleil rare
Sur le balcon se répand
Il sait comment patiner,
Sur un parquet bien ciré
Il réinvente l’Univers
L’enfant du 92ème. »
Pour contrer l’angoisse du confinement, on voit se développer des
contre-mesures multiples : institutionnelles (les opérateurs
téléphoniques proposent de débloquer les forfaits habituels pour
permettre d’augmenter le volume de nos appels) ou spontanées (les
gens se parlent d’une fenêtre à l’autre, alors qu’ils s’ignoraient
superbement quelques jours auparavant). Pour contrer la solitude
éprouvée, même au sein du noyau familial, l’essor de contacts
sociaux est essentiel (avec respect de la distanciation physique !)
: l’archevêque de Monaco résume ainsi la situation : « confiné
chez soi ne veut pas dire renfermé sur soi. » En l’absence du
téléphone et du réseau Internet, le confinement serait à l’évidence
beaucoup plus terrible. Le psychiatre Serge Hefez rappelle
toutefois qu’il est essentiel de « préserver son espace
psychique. » Et de façon inattendue, même les autorités
recourent parfois à l’humour pour inciter les gens à rester chez
eux : on a vu ainsi un policier français danser sous les fenêtres
des immeubles, et des policiers belges diffuser, en patrouillant
dans les rues de Bruxelles, une parodie de la chanson de Claude
François Y’a le printemps qui chante où le célèbre refrain
Viens à la maison est devenu, pour la circonstance, Reste
à la maison ! Le confinement incite aussi certains à
multiplier, sans raison valable, les appels auprès des forces de
l’ordre, comme le montrent ces propos recueillis auprès de
gendarmes ou de policiers[6] : « Des gens appellent pour tout et
rien, parce qu’ils s’ennuient. Ils veulent juste parler » ; «
Un couple libertin voulait savoir si le mari pouvait passer le
week-end comme d’habitude chez sa maîtresse ! » ; « Mais il
y a aussi le tout-venant des violences intrafamiliales, les
problèmes de voisinage en légère augmentation. » Et cette
situation exceptionnelle (qualifiée de « guerre » par notre
président) suscite parfois une réaction nauséabonde, digne d’un
autre temps, la délation : « Mon voisin sort trop souvent. »
Les autorités font toutefois ce distinguo subtil : « Les appels
pour signaler des rassemblements ne sont pas de la délation, mais
de la dénonciation, parce que derrière il y a un intérêt sanitaire
et donc général. »
Chamboule-tout : attention, danger ?
L’un des problèmes du confinement réside dans des
dysfonctionnements possibles de la perception et de la gestion du
temps. La psychologue Estelle Dossin rappelle ainsi qu’un
confinement dans un espace réduit (mais c’est un pléonasme, car un
séjour dans un grand espace n’est plus réellement un confinement)
est souvent associé à une « contrainte dans le temps
inconsciente » : même avec tout son temps apparemment
disponible, le sujet a l’impression de « manquer de temps et
d’être débordé », alors qu’il n’a pourtant plus à quitter son
domicile pour travailler ou vaquer à d’autres activités
extérieures. C’est pourquoi, là encore dans l’espoir de contrer
l’angoisse par une démarche d’allure obsessionnelle, les
psychiatres se succèdent sur les chaînes de télévision pour
conseiller d’établir et respecter des emplois du temps : se lever
et s’habiller à heure fixe (comme s’il fallait toujours se rendre
au travail), manger et dormir comme à l’accoutumée, bref
poursuivre, autant que possible, le cours normal (et ritualisé) de
l’existence. Mais il n’est pas certain qu’une distorsion prolongée
des habitudes et notamment de la perception du temps ne présente
pas d’effets insidieux à long terme. On sait ainsi que certaines
expériences de simulation du voyage vers Mars durent être
interrompues, à cause de difficultés psychologiques rencontrées
chez des « équipages » pourtant particulièrement motivés et
entraînés. Et l’on se souvient surtout du sort dramatique de la
spéléologue Véronique Le Guen, célèbre en 1988 pour ses expériences
de claustration volontaire « hors du temps. ». En
collaboration avec Michel Siffre et le CNRS, elle descend dans une
grotte à 80 mètres de profondeur, pour une expérience de
chronobiologie. Elle y reste confinée totalement « seule, avec
de nombreux livres. ». Par l’importance accordée à la lecture «
pour passer le temps », la recommandation d’Emmanuel Macron
(« profiter –de ce confinement innominé– pour lire ») peut
ainsi évoquer le cas de cette spéléologue, plutôt que la réclusion
insulaire d’un Robinson Crusoé. Les contacts de Véronique Le Guen
avec l’extérieur se résument alors à des liaisons radio, sans
qu’aucune indication ne lui soit fournie sur la date ni sur l’heure
tout au long de l’expérience, soit pendant 111 jours : «
rapidement, son propre rythme nycthéméral se déphase
complètement avec celui de la surface. ». Mais surtout en
janvier 1990, quatorze mois après sa sortie du gouffre, Véronique
Le Guen se suicide en absorbant une forte dose de barbituriques,
après avoir laissé ces mots : « Sous terre, j’ai rencontré des
démons. J’ai peur de la mort, mais encore plus de la vie. ».
Elle avait écrit aussi : « Je dois avouer qu’il m’arrive de
vivre des périodes en complet déphasage psychologique où je ne sais
plus quelles sont mes valeurs, le but de ma vie, etc. ». Il
n’est donc pas impossible qu’un confinement involontaire (certes
dans des conditions très différentes) présente, à plus ou moins
long terme, des effets fâcheux sur la santé mentale, ne serait-ce
qu’en raison du bouleversement qu’il aura suscité dans les rythmes
biologiques, les cycles des activités veille/sommeil,
extérieur/intérieur, les interactions sociales, etc. Sans
pessimisme excessif, on peut craindre que nos dirigeants mondiaux
ont joué ainsi, sinon aux apprentis sorciers, du moins au jeu
médiéval du chamboule-tout (parfois appelé jeu de massacre dans les
foires).
Ils n’avaient sans doute pas le choix, mais comment affirmer
que certaines conséquences du confinement et du crash de l’économie
mondiale ne s’avèrent pas, en définitive, plus coûteuses
(matériellement, l’affaire est entendue, mais même humainement) que
le lourd bilan de la stratégie opposée de l’immunité grégaire ? Qui
peut certifier que certains ne risquent pas –à l’occasion du
confinement ou après– de décompenser un état dépressif,
psychotique, etc. ? En tout cas, la triste destinée de Véronique Le
Guen incite à la prudence et à ne pas faire l’économie, chaque fois
qu’il sera nécessaire, d’un suivi post-confinement par le
psychologue ou le psychiatre : certes en « seconde ligne »,
ceux-ci n’en ont probablement pas fini, pour autant, avec les
séquelles psychiques de la crise du
coronavirus...
Mais pour terminer sur une note plus optimiste, rappelons qu’un
confinement peut aussi avoir du bon, même en dehors de toute
considération épidémiologique. L’astronome Jean-Pierre Luminet
rappelle ainsi comment une épidémie de peste et le confinement
qu’elle imposa auront en définitive servi la science et l’humanité
: « C’est durant l’épidémie de peste noire qui a sévi en
Angleterre en 1665 et la fermeture de l’université de Cambridge que
le jeune Isaac Newton, 23 ans, revient dans sa ferme familiale de
Woolsthorpe. Il y conçoit en trois mois la loi de la gravitation
universelle, l’optique et le calcul des fluxions. » À l’échelle
des familles, une psychiatre rappelle aussi une vertu du
confinement : il peut constituer une opportunité pour des
retrouvailles entre parents et enfants, à une époque où le temps
manque habituellement pour partager et communiquer.
Un très beau texte, qui me donne envie de vous demander de le compléter en évoquant ce concept : l'anosognosie sociétale. Pour ceux qui se sont plongés dans l'histoire des crises passées, celle-ci était prévisible et prévue. Ce qui était inconnu, c'est juste le moment.
Comme la crise est le nouveau et ou seul moyen d'induire les changements, il faut certes la gérer, mais pas seulement...
J'ai évoqué, cette acception, car elle est médicale et que l'on veut laisser entendre, bien trop, que les médecins sont la solution. Votre regard, associé à celui de, par exemple d'Edgar Morin, cela pourrait être un bonheur à lire, de mon tout petit, point de vue.
Dr Bertrand Carlier (vétérinaire)
Différence du nombre de décès par million et par pays
Le 11 avril 2020
Evaluer le succès d'un pays contre la lutte du coronavirus n'a aucun sens si l'on ne prend en considération que le nombre de décès en chiffres bruts sans tenir compte de l'importance de la population. Certes, malheureusement, Espagne, Italie et France se situent dans le top avec des valeurs de 339, 314 et 194 décès par million d'habitants (le 10 avril). ça n'est pas bon, c'est évident. Mais, pour autant, les Hollandais ont-ils fait le bon choix du non-confinement ? Avec une valeur de 140, ils sont certes en meilleure position que les pays sus-mentionnés, mais ça n'est pas un résultat "extraordinaire" et l'épidémie en Hollande a vraisemblablement un peu de retard par rapport à la France. La Suède a, pour le moment, un taux relativement bas (87 par million), on verra ce que dira l'avenir.
L'Allemagne a également un taux encore plus bas pour l'Europe à 31. Mais les pays qui en en raison de leur proximité avec la Chine ont été, de très loin, les plus efficaces ont été Singapour, le Japon, la Corée du Sud avec des valeurs inférieures à 5 décès par million d'habitants.
Dr Gilbert Bouteiller
Du fascisme latent devenu patent: le confinement par camps de concentration individuels
Le 11 avril 2020
L'acceptation par la population et un bon nombre de médecins (s'il faut en croire des sondages toujours sujets à caution) de la mise en camps de concentration individuels me laisse pantois.
Le pleins pouvoirs au "guide" et au "chef de guerre" ont été votés sans aucun problème par la" représentation nationale" (députés et sénateurs inclus).
Le flicage "anonymisé", bien entendu (qui peut y croire?) via les portables va devenir possible, et pourquoi pas bientôt obligatoire... ça ne rappelle rien à personne?