Donald Trump coupe les vivres à l’OMS

Washington, le mercredi 15 avril 2020 – Les Etats-Unis ont annoncé suspendre leur contribution financière à l’OMS, accusée par la Maison-Blanche d’avoir mal gérer l’épidémie actuelle. A Paris, on s’agace de l’attitude quelque peu arrogante de la Chine.

En temps de crise, l’homme est toujours tenté de rechercher un bouc-émissaire. Donald Trump a trouvé le sien : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Après avoir dénoncé depuis plusieurs jours les décisions et prises de position de l’instance onusienne depuis le début de la pandémie, le président américain a joint les actes à la parole. Ce mardi, il a annoncé suspendre la contribution américaine à l’OMS de 122 millions de dollars annuel (et non 400 millions comme il l’affirme), le temps qu’une enquête soit menée sur le rôle de l’OMS dans « la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus ».

L’OMS perd 50 % de ses contributions

Dans son allocution, le locataire de la Maison-Blanche a énuméré ses griefs vis-à-vis de l’OMS. Il lui est notamment reproché d’avoir dissimulé des informations sur les débuts de l’épidémie en Chine en raison d’un parti pris pro-Pékin. Une accusation qui n’est pas totalement dénuée de fondement : en décembre dernier, le très sinophile président de l’OMS Tedros Ghebreyesus aurait refusé de relayer les alertes émises par Taiwan sur le début de l’épidémie dans cette ile dissidente.

« Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts » a résumé le président Trump. Le 10 février dernier, son administration avait déjà proposé au Congrès de réduire de moitié la contribution américaine à l’OMS.

Au milieu de la crise la plus grave qu’elle ait eu à gérer depuis sa création en 1948, l’OMS perd donc sa principale source de financement, l’aide américaine correspondant à environ 50 % du montant total des contributions des États membres. « Ce n’est pas le moment de réduire le financement de l’OMS qui est absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19 » a réagi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui reconnait cependant que l’ONU devra se pencher sur sa gestion de l’épidémie une fois qu’elle sera éteinte.

L’ambassadeur de Chine rappelé à l’ordre

Washington n’est pas la seule capitale à s’agacer du comportement de la Chine. Ce mardi, Lu Shaye, ambassadeur de la République Populaire en France, a été convoqué et rappelé à l’ordre par le Quai d’Orsay. Il lui est reproché d’avoir publié ce dimanche sur le site de l’ambassade une tribune critiquant la gestion occidentale de l’épidémie.

Le texte contient de nombreux propos diffamatoires, affirmant notamment que les membres du personnel des Ephad français ont « abandonné leurs postes du jour au lendemain, laissant mourir les pensionnaires de faim et de maladie ». Le texte accuse également des parlementaires français pro-Taiwan d’avoir tenu des propos racistes à l’égard du directeur de l’OMS et ce sans la moindre preuve. « Certaines prises de positions publiques récentes de représentants de l’ambassade de Chine ne sont pas conformes à la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays » a expliqué avec un certain sens de litote le ministre Jean-Yves Le Drian. 

Depuis qu’elles ont déclaré avoir « vaincu » le virus chez elles, les autorités chinoises mettent en avant leur gestion de l’épidémie et délivrent en quantité importante masques et respirateurs aux pays européens. Pour beaucoup de responsables occidentaux, sous couvert de solidarité sanitaire, Pékin tente d’accroitre son influence diplomatique sur le Vieux continent. La Chine est par ailleurs régulièrement accusée de mentir sur la réalité de l’épidémie dans le pays, où seulement 3 341 personnes auraient perdu la vie. Officiellement.

QH

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Vos réactions (2)

  • Un esprit enfantin ose enfin dire que le roi est nu

    Le 18 avril 2020

    L'OMS est un ramassis de bureaucrates surpayés, dirigés par des politiciens nommés par les Etats pour défendre leurs intérêts géostratégiques.
    Rien n'est jamais sorti de concret de cette énorme et dispendieuse agence de com'. Elle nous abreuve de slogans et de postures idéologiques douteuses, elle édicte des oukases envers la mal-pensance, elle s'arroge le droit de faire, à la place des sociétés savantes dont c'est la mission et la compétence, des recommandations alternativement redondantes ou contradictoires.

    Dans toute son histoire, on ne peut que constater son inutilité. Son agitation permanente n'a fait qu'ajouter de la confusion à des problèmes sanitaires auxquels elle s'est révélée incapable d'apporter la moindre réflexion juste ni contribution réellement indispensable.
    Il est temps de remplacer l'OMS par un simple fonds monétaire international pour la santé, confié à des gestionnaires avisés sans prétention pseudo-scientifique.

    Dr Pierre Rimbaud

  • Des concepts de gestion supra nationale

    Le 19 avril 2020

    Si les médecines n'ont que rarement brillé dans la gestion de problème de ce type, elles ont surtout toujours eu, au début, une prétention maladive d'être celles qui savent ce qui doit être. Parfois, lors d'une crise grave, on a la chance de voir émerger une personne d'une qualité rare. Je pense à Dominique Dormont, mais on en dispose encore ?
    S'il semble acquis que ce problème : une ex zoonose devrait imposer de regarder deux points:
    - les lieux de commerce d'animaux de x espèces à l'hygiène discutable
    - les usages des produits issus d'animaux d'animaux sauvages (exemple crotte de chauve souris) pour la fabrication de produits de médecine traditionnelle, même à usage oculaire
    qui peut regarder cela au niveau supra national ?

    Par des médecins, on avait appris, en 2006, par des contrôles sérologiques que le personnel de ces lieux était contaminé, mais depuis on n'a rien fait ?

    Pour ne regarder que le dossier français, il se dit quoi au niveau de la médecine professionnelle, en ce moment ?

    La bonne base conceptuelle pour aborder l'interdisciplinarité nécessaire est ceci: le concept One Health, un exemple (la figure 2) :
    L'épidémie de SRAS-CoV-2 du point de vue d'une seule santé
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352771420300185?via%3Dihub

    Une autre hypothèse est possible: les animaux de laboratoire fabriqués pour rendre possible ce que la Nature ne peut faire, dont la gestion est parfois étrange. Cela n'existe que dans les laboratoires ou ils peuvent aussi servir, même non contaminé au départ, pour nourrir des nouveaux animaux de compagnie ou servir de nouveaux animaux de compagnie ?

    Donc on en retrouve que dans des laboratoires sécurisés ou ?
    "En 2007, Stanley Perlman de l'Université de l'Iowa a fait exactement cela pour étudier le SRAS. Bien que le coronavirus du SRAS puisse infecter les souris par leur ACE2, ils ne développent que des symptômes bénins. Equipées de l'ACE2 humain, les souris succombent à une maladie cérébrale mortelle. Ce modèle a aidé à évaluer les vaccins et traitements potentiels contre le SRAS, et a également révélé l'impact des différentes réponses immunitaires.

    Mais la demande pour les animaux modifiés a diminué après la fin de l'épidémie de SRAS en 2003, et Perlman les a donnés à Jackson Laboratory (JAX), le fournisseur de souris à but non lucratif de mammouth. Il a gelé le sperme des animaux et, depuis que le SRAS-CoV-2 est apparu, a couru pour reproduire la souris. «Nous avons reçu plus de 1 000 demandes à ce stade», explique Nadia Rosenthal, directrice scientifique de JAX.

    Une équipe chinoise qui a également conçu des souris pour exprimer la protéine ACE2 humaine afin d'étudier le SRAS a gardé certains des animaux transgéniques et les a déjà infectés par le SRAS-CoV-2. Ils ont perdu du poids et montré des signes de pneumonie, mais pas grand-chose d'autre, ont rapporté Qin Chuan du Peking Medical Union College et ses collègues dans une prépublication publiée sur bioRxiv le 28 février. «C'est une maladie vraiment très, très, très légère», dit Perlman."

    https://science.sciencemag.org/content/368/6488/221

    Étude sur la sensibilité du furet, du chat, du chien et d'autres animaux domestiques au SRAS-CoV-2
    http://www.hvri.ac.cn/xwzh/zhdt/231683.htm

    Dr Bertrand Carlier (vétérinaire)

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