L’Élysée ne veut pas d'un confinement obligatoire pour les personnes âgées

Paris, le samedi 18 avril 2020 – Depuis un communiqué publié tard hier soir par le Palais de l’Elysée, une sortie de confinement modulée en fonction de l’âge ne semble plus être une hypothèse admise.

Pourtant, le lundi 13 avril, durant son adresse solennelle à la nation, Emmanuel Macron avait indiqué, non sans un certain flou, que « pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester, même après le 11 mai, confinées, tout au moins dans un premier temps ». Il reprenait ainsi à son compte une idée de la commission européenne, dont la présidente, Ursula von der Leyen avait jugé qu'il fallait « limiter autant que possible les contacts des seniors » jusqu'à la mise au point d'un vaccin.

Le Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique avait appuyé cette hypothèse mercredi en plaidant pour une poursuite du confinement pour tous les gens à risques, soit selon lui 18 millions de personnes, comprenant les personnes âgées, celles ayant des affections de longue durée ainsi que « des sujets jeunes ayant une pathologie, mais aussi obèses ».

Indignation, pétition, discrimination


Des propos qui avaient provoqué l’indignation, notamment du président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) Pascal Champvert qui avait estimé qu'un confinement prolongé des personnes âgées après le 11 mai, en EHPAD comme à domicile, ne serait « pas tenable ».

« Des gens vont mourir d'autres choses que du coronavirus: du confinement, de l'isolement et de la solitude », avait aussi prévenu le patron de l’AD-PA.

Une pétition avait même circulé et réunit près de 80 000 signatures, pour dire « non à la sortie plus tardive du confinement pour les seniors ».

Emmanuel Macron a donc finalement précisé qu'il « ne souhaite pas de discrimination » et qu’il ne sera donc pas interdit légalement au plus de 65 ou 70 ans de sortir du confinement le 11 mai. Le président de la République « en appellera à la responsabilité individuelle » de chacun.

Après ce qui pourrait apparaitre comme un revirement, Jean-François Delfraissy s'est expliqué sur le sujet ce matin sur RTL et estime qu'il a été « mal compris ». « J'ai voulu indiquer, et je maintiens mes propos, qu'un certain nombre de personnes en France allaient demeurer à risque à la sortie du confinement ». Parmi ces personnes, où figurent, dans son esprit, les personnes âgées de plus de 65 ans et les obèses, le professeur Delfraissy estime « qu'il faut qu'elles soient informées du fait qu'elles sont plus à risque » mais que « la décision de ce qu'elles vont faire lors du déconfinement est évidemment individuelle ».

« Il faut faire confiance aux Français » résume-t-il désormais.

F.H.

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Vos réactions (6)

  • Incroyable mais vrai

    Le 18 avril 2020

    Le Président devient président, c'est renversant. Il n'obéit plus au Comité des spécialistes de la spécialité à la première demande. Ça alors, ça m'en bouche un coin, pas vous ?

    Le Comité avait prevu de placer les vieux, dont je fais partie, en pré EHPAD, en zone A. Ne Pas Réanimet et, pour plus de sécurité, de les déconfiner en l'an 3000, l'essai sur l'inefficacité de l'hydroxychloroquine étant finalisé.

    Dr Gilles Bouquerel

  • Nous voilà soulagés

    Le 18 avril 2020

    "L'enfer est dit on pavé de bonnes intentions".... une bonne intention de moins et tout va mieux pour toutes celles et ceux qui ont le mauvais goût d'être "plus fragiles". Je regrette avec bien d'autres probablement qu'une fois de plus depuis le début de cette épidémie, nous soyons soumis en direct aux hésitations (louables) de toutes celles et tous ceux qui ont la lourde responsabilité de nous faire sortir de cette crise au moins mal possible.

    Pour exercer notre devoir civique de citoyens adultes et accepter l'indispensable restriction transitoire de nos libertés individuelles habituelles, nous devons faire confiance ce qui passe pour partie par des messages clairs et bien argumentés de nos dirigeants. Et nous avons aussi besoin d'être considérés comme des citoyens adultes, capables de comprendre leurs facteurs de risque et d'user de leur libre arbitre. Ce n'est pas encore vraiment acquis en France par nos dirigeants. Dans ce domaine comme dans d'autres, un petit coup d’œil vers chez nos voisins pourrait les aider.
    Oui, le Pr Delfaissy a été au minimum mal compris, par l'immense majorité de ceux qui l'ont lu ou écouté et c'est très regrettable. Etait-il indispensable d'ajouter à l'annonce d'une prolongation légitime du confinement l'hypothèse d'une rallonge supplémentaire de durée inconnue à 18 millions d'entre nous?

    Au delà de cette idée qui ne tenait aucun compte des problèmes pratiques à gérer par nous tous, je trouve inquiétant que des responsables politiques élus (français et européens) garants de la constitution et donc de la démocratie et Mr Delfraissy (ancien Président du comité national d'éthique) aient pu envisager une mesure discriminatoire, donc contraire à nos constitutions européennes, aux libertés fondamentales et me semble t-il aussi à l'éthique médicale.

    Je suis soulagé et heureux d'avoir lu et entendu aussi vite autant de protestations venant de nombreux horizons de la société civile contre une proposition discriminatoire. Elles montrent que nous n'avons pas oublié tout le mal qu'on nous en a dit à l'école...Et aussi que notre démocratie fonctionne plutôt bien puisqu'elle résiste très vite à des flottements inattendus.

    Dr Vincent Praloran

  • Les virus sémantiques nuisent au cerveau

    Le 19 avril 2020

    La "quarantaine" (pratique ancestrale) consiste à mettre à l'isolement le personnes malades.
    Le "confinement" (innovation géniale) consiste à mettre à l'isolement les personnes saines.
    On n'arrête décidément pas le progrès ; il suffit d'enrichir le vocabulaire.

    Dr Pierre Rimbaud

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