La faim du coronavirus

Rome, le mercredi 22 avril 2020 – Selon le dernier rapport de l’ONU, la crise économique provoqué par la pandémie de coronavirus et le confinement pourrait déclencher une famine majeure dans les pays pauvres.

21 000 morts par jour. Ce n’est pas le bilan du coronavirus (qui tue environ 7 000 personnes par jour dans le monde) mais celui de la faim dans le monde. Selon un rapport publié ce mardi du Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU, 135 millions de personnes dans 55 pays différents sont en situation « d’insécurité alimentaire aiguë ». Un chiffre en augmentation (il était 113 millions à souffrir de la faim en 2018) en raison de la montée des conflits armés et des dérèglements climatiques, principales causes des pénuries alimentaires. Sur ces 135 millions de victimes de la faim, 73 millions vivent en Afrique.

250 millions de victimes de la faim en 2020

Mais cette situation déjà difficile pourrait grandement s’aggraver en raison de la pandémie actuelle de coronavirus. Le nombre de personnes souffrant de la faim pourrait doubler, pour atteindre 250 millions de personnes d’ici la fin de l’année 2020. « Une catastrophe humanitaire mondiale » selon l’ONU.

L’épidémie de coronavirus et les mesures de confinement qui sont prises pour y répondre ont en effet pour conséquences de perturber la production, l’approvisionnement et la distribution de denrées alimentaires (dont les prix augmentent fortement) et de réduire considérablement les revenus des pays les plus pauvres. Dans les pays en voie de développement, des millions de personne gagnent de quoi se nourrir au jour le jour. Avec l’arrêt de l’activité économique qui résulte du confinement, la famine les guette à brève échéance.

« Le confinement est un coup de massue pour des millions de personnes qui ne peuvent pas manger si elles ne parviennent pas à gagner un salaire » explique Arif Husain, économiste du PAM. « Dans le pire des scénarios, nous pourrions avoir une famine dans une trentaine de pays » rajoute David Beasley, directeur du PAM.

L’Afrique de l’Ouest pourrait être la principale victime de cette crise alimentaire. Alors que la région est déjà frappée par des problèmes de sécheresse et des conflits armés, ce sont 50 millions de personnes qui pourraient y souffrir de la faim d’ici le mois d’août en raison du coronavirus. Selon l’organisation humanitaire Oxfam, les mesures de confinement et de couvre-feu ont rendu l’accès à des denrées alimentaires particulièrement difficile, alors que les associations humanitaires ne peuvent plus venir en aide aux populations en difficulté.

L’association Médecins Sans Frontières, qui a réorienté une grande partie de son action dans la lutte contre le coronavirus, alerte par ailleurs sur le manque de matériel de protection et de tests, qui risque de mettre à mal son action humanitaire. MSF ne disposerait d’assez de masques que pour tenir encore quelques semaines. Dans les pays les plus pauvres, l’ONG tente tant bien que mal de maintenir les activités médicales vitales, comme la vaccination.

Les pénuries alimentaires ne touchent pas que les pays pauvres. Dans les pays riches, ce sont les plus défavorisés qui subissent le plus violemment la crise économique provoqué par l’épidémie. Aux Etats-Unis, des files d’attente impressionnantes se forment devant les banques alimentaires. Même situation au Royaume-Uni, où 1,5 millions de personnes auraient passé une journée sans manger depuis le début du confinement.

L’Afrique ne déplore pour l’instant que 1 000 morts du coronavirus. Malgré des infrastructures sanitaires peu développés, elle pourrait connaitre un bilan direct de l’épidémie moins lourd que les pays développés, grâce à la jeunesse de sa population. En revanche, elle sera la première victime de la crise économique qui suivra. Et cette fois, les morts pourraient se compter en centaines de milliers si ce n’est en millions.

QH

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