
Tokyo, le dimanche 26 avril 2020 – Après une période
d’accalmie, plusieurs pays asiatiques font face à une recrudescence
des cas qui les oblige à renforcer les mesures de distanciation
sociale. En Europe, à l’inverse, on prépare le déconfinement.
Fin du confinement à Wuhan, zéro nouveau cas à Taiwan,
réouverture des écoles au Japon : il y a encore quelques semaines,
l’Extrême-Orient semblait en avoir fini avec l’épidémie de
coronavirus et prenait prudemment le chemin vers un retour à la vie
normale. Mais depuis quelques jours, les pays asiatiques font face
à une recrudescence rapide des cas, qui fait craindre le début
d’une deuxième vague épidémique.
Pas de pitié pour les fleurs au Japon
Bien souvent, ces nouveaux cas seraient importés, de nouveaux
foyers épidémiques se formant avec le retour d’expatriés ou
l’arrivée de travailleurs étrangers. A Singapour, où le nombre de
cas a été multiplié par quatre en 10 jours, 650 travailleurs
étrangers ont été diagnostiqués positifs (ils sont 200 000 entassés
dans de gigantesques cité-dortoirs). Idem à Taiwan où 85 % des cas
de Covid-19 sont importés selon les autorités.
Face à ce réveil épidémique, les pays de la région sont amenés
à prendre des mesures strictes de distanciation sociale qu’ils
avaient pour la plupart réussi à éviter pour le moment. Singapour
s’est ainsi placée en confinement le 6 avril dernier et le Japon en
état d’urgence le 16. Au pays du Soleil Levant, où il est coutume
de se rassembler au printemps pour observer les fleurs, des agents
municipaux sont chargés de couper roses et tulipes dans les rues.
Dans le port de Nagasaki, 150 membres d’équipage du bateau de
croisière italien Costa Atlantica ont été testé positifs. Une
situation qui rappelle celle du Diamond Princess, un navire qui
avait été placé en quarantaine dans le port de Yokohama en février
dernier.
Harbin, la « nouvelle Wuhan » dans le nord de la Chine
En Chine, la ville de Harbin (10 millions d’habitants) dans le
nord du pays est en train de devenir le nouvel épicentre de
l’épidémie. La maladie y aurait été importée par des travailleurs
en provenance de la Russie voisine. Le gouvernement envisage de
placer la ville en quarantaine très prochainement. A Pékin, la
municipalité s’apprête à sanctionner les comportements «
non-civilisés ». Il sera bientôt interdit d’éternuer dans ses
mains, de ne pas porter un masque quand on est malade, de cracher
par terre et, plus étonnant, de manger dans le métro ou de se
balader torse nu.
La Chine n’oublie pas également de soigner son image à
l’étranger. Ce vendredi, Pékin a obtenu que l’Union Européenne
édulcore un rapport qui devait initialement accuser la République
populaire d’avoir dissimulé des informations sur le coronavirus au
début de la pandémie.
Bientôt la libération en Italie
En Italie (26 400 morts), les autorités préparent le
déconfinement, prévu pour le 4 mai. Le Président du Conseil
Giuseppe Conte a précisé que les écoles ne rouvriront qu’en
septembre. « Tous les scénarios préparés par un comité d’experts
prévoyaient des risques élevés de contagion en cas de réouverture
précoce » a-t-il précisé dans une interview publié ce dimanche.
Le gouvernement s’apprête à lancer une campagne de dépistage
sérologique de 150 000 personnes bien que l’OMS ait affirmé ce
samedi qu’« il n’y a actuellement aucune preuve que les
personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont des anticorps
soient prémunis contre une seconde infection ».
A Rome, c’est seul que le président Sergio Mattarella a dirigé
ce samedi la cérémonie célébrant les 75 ans de la fin de
l’occupation allemande et de la dictature fasciste. Confinement
oblige, c’est depuis leur fenêtre que les Italiens ont chanté le
célèbre hymne des partisans « Bella Ciao ». Scène similaire au
Portugal où les habitants ont entonné l’hymne national à leur
balcon, 45 ans après la Révolution des Œillets qui avait mis fin à
la dictature dans le pays.
Boris Johnson revient aux affaires
Au Royaume-Uni, après deux semaines de convalescence, Boris
Johnson, principal dirigeant politique à avoir été contaminé par le
Covid-19, reprendra les rênes du pays ce lundi. Le Premier Ministre
devra faire face à une nouvelle polémique alors que le journal
d’opposition The Guardian a révélé ce vendredi que le gouvernement
britannique avait été alerté l’an dernier des conséquences
dramatiques qu’une épidémie aurait pour le pays.
Le document, qui cite expressément le risque d’une épidémie de
coronavirus, enjoint le gouvernement à mettre en place un plan de
réponse à la pandémie et notamment de stocker des masques et des
respirateurs en quantité suffisante. Après une courte période
d’Union nationale, l’opposition travailliste a renforcé ses
attaques contre le gouvernement ces derniers jours. « Nous avons
été trop lent à confiner, trop lent sur les tests, trop lent sur
les masques » a déclaré ce mercredi Keir Starmer, le nouveau
chef du parti travailliste