
Ce n’est pas une « ligne de crête » c’est un fil !
A tel point que dans le Parisien, Olivier Véran rappelle à
ceux qui comptent les jours jusqu’au 11 mai que : « si le nombre
de nouveaux malades devait être trop élevé, la date de lever du
confinement pourrait être remise en question et appréciée selon les
départements ».
En pratique, il faut qu’au 11 mai « il y ait suffisamment
peu de malades par jour à tester, tracer et isoler pour réussir le
déconfinement ».
Dans ce contexte, selon un indiscret du Journal le Dimanche,
le Premier ministre, dans une visioconférence avec des députés du
groupe LREM a prévenu « j'ai parlé de ligne de crête, en fait
nous marchons sur un fil ».
En effet si le nombre d'hospitalisations et de patients en
réanimation poursuit sa décrue, le réseau sentinelles note une
forte hausse de l'estimation du nombre de cas de Covid-19 ayant
consulté un médecin généraliste (5 977 vs 2846). Une donnée qui
peut laisser craindre un rebond de l’épidémie dans les jours à
venir. Aussi selon des épidémiologistes le R0 remonterait
sensiblement et les mêmes qui prévoyaient l'occupation de 1
500 lits de réanimation au 11 mai, estiment qu’avec 3 827 patients
en soins intensifs pour Covid au 2 mai il y a très peu de chance
que ce chiffre de 1 500 lits occupés soit atteint. Notons que
depuis le 9 avril, on compte environ 230 patients en moins chaque
jour en réanimation et qui si cette courbe se prolonge, il y aurait
environ 2000 patients Covid + en réanimation le 11 mai.
Tests en masse et brigades Covid : un mirage ?
Au centre de la stratégie du gouvernement, la mise en place de
brigades Covid et de tests en masse. Sur le premier point les
services du Premier ministre ont adressé à tous les préfets une
circulaire, mais impossible de savoir si ces "brigades d’anges
gardiens" selon l’expression moins militaire d’Olivier Véran,
chargées d'identifier les cas contacts seront opérationnelles le 11
mai.
C’est en effet un véritable défi organisationnel et on estime
qu’il faudrait au moins 30 000 de ces brigadiers Covid à recruter
en 8 jours !
L'objectif de la multiplication des tests virologiques,
indispensable à la politique de sortie du confinement, semble lui
aussi difficile à atteindre.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran avait fixé à 700 000
par semaine les capacités de tests PCR nécessaires au
déconfinement, mais selon François Blanchecotte, président du
Syndicat national des médecins biologistes, les laboratoires
publics et privés ne réalisent ensemble qu'environ 250 000 tests
chaque semaine en ce moment. Difficile d’imaginer que ce
chiffre soit multiplié par 3 en 8 jours.
Les élus se rebiffent
Nouvelle épine dans le pied du gouvernement, les élus se
rebiffent contre le plan de sortie du confinement.
Concernant les écoles, beaucoup affirment ne pas disposer de
bâtiments assez grands pour permettre le respect de la
distanciation sociale. En outre, certains élus pensent qu’ils
n’auront pas les moyens suffisants pour entretenir les lavabos,
désinfecter le mobilier, poser des marquages au sol,
particulièrement dans les petites communes et ils redoutent d'être
tenus pour responsables de contaminations par leurs
administrés.
Dès lors le ton monte et certains menacent de laisser les
écoles fermées, ce qui obligerait les préfets à ordonner des
réquisitions.
Leader de cette fronde, le chef de file des sénateurs LR Bruno
Retailleau prévient que les sénateurs de son groupe saisiront le
Conseil constitutionnel notamment sur la notion de responsabilité
des élus.
« Emmanuel Macron s'était engagé auprès de Gérard Larcher à
traiter la question de la responsabilité des élus locaux. Or, elle
est absente du texte » prolongeant l’état d’urgence sanitaire
s’indigne Bruno Retailleau.
Le protocole sanitaire de 63 pages prévu pour les écoles «
est une défausse. C'est une usine à gaz hors sol qui vise à
protéger la bureaucratie et met sur les épaules des élus plus de
contraintes qu'ils ne peuvent en porter. Ces règles sont autant de
potentielles mises en cause de la responsabilité pénale d'un
élu », selon lui.
Le sénateur de Vendée pointe également la stratégie de «
contact tracing » qui ne prévoit pas la mise en place d’une
instance de contrôle de cette collecte des données.
Pourrait-t-on vraiment ne pas sortir du confinement ?
Au-delà, la question se pose également de savoir si, dans les
faits, le gouvernement pourrait annoncer la prolongation du
confinement sans se confronter à la colère de la
population.
Ainsi, comme le note le Dr Jean Paul Hamon auprès de France
Info : « on est dans une course de fond (…) si on ne laisse pas
aux gens un peu de respiration tout en respectant les mesures
barrières, on va avoir des personnes qui vont se retrouver en
burn-out, en complète dépression, parce qu'ils ne supportent plus
le confinement. Et puis, on va avoir des problèmes de couple, avec
des violences conjugales qui commencent à se produire
»…
Certains estiment aussi que la meilleure des solutions serait
de maintenir le confinement uniquement là où les services de
réanimation demeurent en très forte tension et où le virus circule
activement (notamment à Paris et dans sa petite
couronne).
F.H.