L’île de France se prépare à une sortie du confinement très encadrée

Paris, le dimanche 10 mai 2020 – Si l’Île de France, comme tout l’hexagone a connu ses dernières semaines une décrue de l’épidémie de Covid-19, les services de réanimation y demeurent saturés. Ainsi, selon les dernières données consolidées dont nous disposons, au 6 mai, 9 930 personnes étaient hospitalisées pour Covid-19 en Île de France dont 1 328 en réanimation.

Dans ce contexte, alors que la France commence à sortir du confinement demain, l’Île de France va connaître un déconfinement particulièrement encadré.

Auprès de France 2, Valérie Pécresse, présidente de la région justifie : « le gouvernement a bien fait de régionaliser sa démarche. Cela aurait été très injuste de ne pas déconfiner pleinement des régions qui sont beaucoup moins touchées que nous (...) Je souhaite la réussite de déconfinement, mais cela se fera sous contraintes, des contraintes très lourdes, notamment dans les transports en commun » prévient-elle.

Transports : la peur du bouillon de culture

Région la plus dotée en transport en commun, l’Île de France s’inquiète qu’ils se transforment en bouillon de culture à partir de demain. Ainsi, particularité francilienne, une attestation des employeurs sera nécessaire pour les emprunter pendant les heures de pointe. En pratique, ces attestations seraient contrôlées entre 6h et 9h30 et entre 16h et 19h mais il y aura « une tolérance dans les premiers jours » (jusqu’à mercredi a indiqué le secrétaire d’État au transport ce matin).

Et pour faire respecter le port obligatoire du masque dans les transports, depuis samedi, dans 400 gares d'Ile-de-France, 2 millions de masques seront distribués.  

Mais la pédagogie a ses limites, ainsi la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a réclamé mardi des « renforts » en forces de l'ordre ou de sécurité dans les gares pour mieux filtrer les usagers des transports et faire respecter la distanciation et le port du masque. Concernant la désinfection, Valérie Pécresse indique « nous allons doubler le nettoyage de toutes les surfaces de contact dans les véhicules, les gares et les stations, avec de puissants désinfectants, comme ceux utilisés dans les hôpitaux (…) Nous mettrons 500 personnes sur le terrain, des brigades mobiles de nettoyage, qui interviendront deux fois par jour à compter du 11 mai et jusqu'à l'été, en plus d'un nettoyage complet qui sera fait à la fin de chaque service ».

Le retour des embouteillages monstres ?

Par ailleurs, Valérie Pécresse préconise que « tous ceux qui télétravaillent continuent à le faire ». Elle recommande également aux employeurs d’étaler les heures d’arrivée des salariés et à ces derniers de privilégier des modes de transport alternatif comme le covoiturage ou le vélo.

Cependant, le maire de Paris Anne Hidalgo prévient dans les colonnes du Journal du dimanche : « il est hors de question de revenir au tout voiture ». Ainsi des pistes cyclables temporaires ont été mis en place et certaines rues qui avaient jusqu’ici trois voies de circulation n’en ont plus qu’une ! L’objectif étant de doubler en surface les lignes 1, 4 et 13 du métro. En outre, certaines rues seront piétonnisées dès lundi…De quoi faire du « covoiturage » un véritable casse-tête. D’autant que les personnes « fragiles » ou âgées qui devront se déplacer dans les jours à venir privilégieront sans doute la voiture et ne pourront se permettre de circuler à vélo.

Des parcs ouverts malgré la catégorie rouge ?

Tous les départements d’Île de France sont classés en rouge sur la carte de sortie du confinement. Ce classement entraîne, en particulier, l’interdiction de l’ouverture des parcs et jardins et le report de la réouverture des collèges.

Pourtant, dans une interview au Journal du Dimanche, le maire de Paris milite pour la réouverture de ces parcs afin d'éviter « des attroupements dans les rues ou sur les trottoirs (…) Je poursuis les discussions afin d’obtenir une dérogation adaptée pour Paris » indique Anne Hidalgo. Son plan ? « Prendre des mesures pour éviter les pique-niques, les regroupements sur les pelouses ou l'accès aux aires de jeu. Nous pouvons aussi mettre en place un système avec des jauges maximales pour limiter le nombre des promeneurs. Le port du masque y serait obligatoire ».  

Les hôtels Covid devraient se multiplier

L’isolement des patients sera un des autres nerfs de la guerre en île de France où les appartements sont souvent petits.  Pierre angulaire de la stratégie « dépister, traiter, isoler », les hôtels Covid devraient donc se multiplier dans les jours à venir.

Déjà expérimenté grâce à un accord entre l’AP-HP et la mairie de Paris le dispositif semble avoir fait florés. Ainsi, ce matin, sur Europe 1, Valérie Pécresse informe que 7 000 chambres d’hôtels seront disponibles pour isoler les patients Covid + peu ou pas symptomatiques qui ne peuvent pas être isolés chez eux sans risquer de contaminer leur proche.

Masques : Paris patine aussi

Comme dans le reste de la France, l’offre en masque peine à se mettre en place. Mais aujourd’hui, c’est promis ! Les millions de masques en tissu dont Anne Hidalgo a annoncé depuis le début avril la prochaine distribution gratuite aux Parisiens devraient enfin faire leur apparition à partir du 11 mai. « Quelque 500 000 de ces masques seront disponibles dans la première semaine du déconfinement, puis 350 000 nouveaux chaque semaine », promet Jean-François Martins, l’adjoint chargé du dossier à l’Hôtel de Ville. Ces masques réutilisables seront destinés au grand public et distribués gratuitement par les pharmacies.

Tous les Parisiens pourront donc, à l’horizon de plusieurs semaines en avoir un…mais seulement après réservation sur le site de la ville.  

La Mairie a d’autre part acheté des masques en tissu à usage unique. « Ils sont plus faciles à obtenir, et moins chers », explique Jean-François Martins. Ils seront remis aux mairies des vingt arrondissements. A charge pour elles d’aller les donner aux personnes les plus vulnérables, dans les maisons de retraite, les associations d’aide au plus démunis, etc. « Cela va nous aider à passer le mur de la première semaine de confinement », estime-t-il.

Ici aussi, on gère la pénurie.

F.H.

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