
« Nous sommes le peuple ! ». Le slogan des manifestants « anti corona » reprend celui des grands rassemblements qui avaient précédé la chute du mur de Berlin en 1989. Comme il y a 30 ans, les protestataires d’aujourd’hui se présentent comme les défenseurs de la liberté en danger. Le week-end dernier, ils étaient plusieurs milliers à travers l’Allemagne (5 000 à Stuttgart) à manifester contre les règles de distanciation sociale. Ce samedi, ils seront encore nombreux à Berlin, Munich et partout dans le pays. En principe interdit, ces rassemblements sont tolérés par les autorités mais encadrés par une forte présence policière. Plusieurs débordements violents, contre des policiers ou des journalistes, ont déjà été déplorés.
Anarchistes, identitaires…et antisémites
Malgré une gestion de l’épidémie efficace (« seulement » 8 000
morts dans le pays), malgré un déconfinement qui s’accélère ces
derniers jours, la colère monte dans le peuple allemand. Le
mouvement anti-confinement, importé des Etats-Unis, gagne de
l’ampleur. Angela Merkel s’est publiquement inquiétée de ces
manifestations de plus en plus violentes, qu’elle a qualifiées «
d’alarmantes », accusant la Russie d’être derrière le mouvement. La
chancelière est régulièrement prise pour cible par les
manifestants, qui l’accuse d’être le fossoyeur de la démocratie
allemande. Une pierre tombale a ainsi été déposée par les
manifestants devant sa permanence électorale.
Les manifestations constituent un assemblage idéologiquement
hétéroclite où les anarchistes de gauche et les identitaires de
droite défilent côte à côte. Les antivaccins et les complotistes de
tout ordre sont également nombreux et les relents antisémites ne
sont malheureusement pas loin. Les Rothschild sont ainsi accusés
d’avoir « inventé » le coronavirus.
Malgré ces tensions, le déconfinement se poursuit en Allemagne
et en Europe. Samedi, la Bundesliga sera le premier grand
championnat européen de football à reprendre, avec des matchs à
huis clos. En Slovénie, le gouvernement a déclaré l’épidémie
terminée et s’apprête à rouvrir ses frontières. En Italie,
longtemps épicentre de l’épidémie, la Basilique Saint-Pierre va
rouvrir ses portes dès lundi et les touristes européens pourront
entrer dans le pays dès le 3 juin. En Espagne, pas de jaloux entre
castillans et catalans : alors que le reste du pays se déconfine,
Madrid et Barcelone seront soumis à une semaine de confinement
supplémentaire.
Donald Trump veut un vaccin rapidement
Aux Etats-Unis, les experts scientifiques s’accordent à dire
que l’élaboration d’un vaccin prendra entre 12 et 18 mois. Mais le
président Donald Trump n’est pas de cet avis. Lors de sa conférence
de presse quotidienne, il a annoncé ce vendredi, contre toute
vraisemblance, qu’un vaccin pourrait être disponible dans les
prochains mois. « Nous espérons avoir un vaccin d’ici la fin de
l’année, peut-être avant, nous faisons des progrès
spectaculaires » a-t-il annoncé, avant d’ajouter « vaccin ou
pas, nous sommes de retour ».
Sur le plan sanitaire, l’épidémie continue de stagner dans le
pays, avec environ 1 600 morts par jour (88 500 au total). A New
York, l’Etat le plus touché (27 500 décès), le confinement, en
vigueur depuis le 22 mars, a été prolongé jusqu’au 28 mai. Ce
vendredi, la Chambre des
Représentants, à majorité démocrate, a voté un plan de relance
de 3 000 milliards de dollars, qui viennent s’ajouter aux 2 700
milliards déjà injectés dans l’économie depuis le début de la
crise. Mais les républicains, majoritaires au Sénat, ont déjà
annoncé qu’ils n’adopteraient pas ce plan.