
Le plasma de convalescence est le seul traitement qui puisse
apporter des anticorps contre le SARS-CoV-2 chez les patients
atteints d’un Covid-19. Il s’agit là d’une stratégie robuste qui a
pour elle à la fois des précédents historiques de longue date et
une certaine plausibilité biologique quant à ses effets potentiels.
Le recours à l’immunité passive pour améliorer le pronostic de
certaines maladies infectieuses graves ne date en effet pas d’hier
puisque le concept a été énoncé dès 1890 et les premiers essais
thérapeutiques ont été tentés lors de la grippe espagnole en 1918
avec un certain succès selon de rares publications. Plus récemment,
le SRAS (2003) et le MERS (Middle East respiratory syndrome)
(2012) ont réveillé l’intérêt pour le plasma de convalescence, tout
particulièrement le MERS qui est devenu endémique et exposait à une
lourde mortalité de l’ordre de 30 % alors qu’aucun traitement n’a
fait la preuve de son efficacité.
Cependant, même si le recul est appréciable sur son emploi,
les données concernant son acceptabilité restent peu nombreuses. La
pandémie de Covid-19 a suscité de nombreuses tentatives
thérapeutiques et il n’est pas étonnant de retrouver une fois de
plus le plasma de convalescence utilisé, cette fois sur une grande
échelle, compte tenu de l’explosion mondiale du nombre de cas
sévères mettant en jeu le pronostic vital.
Traitement de 5 000 patients atteints de formes graves
Les résultats d’une étude transversale multicentrique
étatsunienne méritent à cet égard d’être rapportés puisqu’elle
porte sur 5 000 patients ainsi traités, tous hospitalisés en
raison d’un Covid-19 sévère qui a nécessité l’admission en unité de
soins intensifs dans 66 % des cas.
La fréquence des évènements indésirables jugés sérieux et
survenus dans les premières heures de la transfusion de plasma
s’est avérée faible < 1 %, la mortalité étant estimée à 0,3 %.
Ces évènements associés à la transfusion (ce qui ne veut pas dire
qu’ils lui étaient imputables) ont consisté en quatre décès, une
surcharge volumique (n = 7), des lésions pulmonaires aiguës (n =
11) et des réactions allergiques sévères (n = 3).
En fait, seuls deux de ces 36 évènements ont été formellement
attribués au traitement par le prescripteur.
La mortalité globale cumulée dans les sept jours qui ont suivi
le début du traitement a été estimée à 14,9 %, un chiffre qui ne
paraît pas extravagant si l’on prend en compte la gravité des
formes cliniques incluses dans cette étude. S’il est difficile
actuellement de se faire une idée précise de son efficacité dans le
Covid-19, en l’absence d’études contrôlées, il est revanche permis,
à la lueur de cette étude portant sur 5 000 patients, de conclure à
son acceptabilité a priori plus que satisfaisante eu égard à la
situation clinique préoccupante voire critique de la plupart des
participants.
Dr Philippe Tellier