Un second tour du troisième type des municipales aura (peut-être) lieu le 28 juin
Paris, le samedi 23 mai – Le Premier Ministre Edouard Philippe
a annoncé ce vendredi que le second tour des municipales est
programmée le 28 juin prochain, mais que la tenue du scrutin
restait conditionnée au reflux de l’épidémie. Il avait été l’une
des principales victimes collatérales du confinement et le fruit de
l’une des premières polémiques de la crise sanitaire : le second
tour des élections municipales, prévu le 22 mars dernier, aurait
finalement lieu le 28 juin, soit plus de deux mois après le premier
tour, a annoncé ce vendredi Edouard Philippe, au cours d’une
conférence de presse. Le Premier Ministre a reconnu que cette
décision n’avait pas fait consensus au sein des partis politiques,
le RN et LFI se montrant très circonspects.
« Nous pensons que la vie démocratique doit reprendre ses
droits » a déclaré Edouard Philippe, lui-même candidat à la
mairie du Havre. L’organisation du second tour fin juin a été
validé par le conseil scientifique dans un avis publié ce mardi. Le
conseil a cependant précisé qu’un point sur la situation
épidémiologique devrait être fait dans les 15 jours précédant
l’élection. La date du 28 juin reste donc conditionnelle : si un
rebond de l’épidémie est observé à la mi-juin, l’élection sera à
nouveau reportée. Ce sont donc à titre exceptionnel deux projets de
loi (en apparence contradictoire) que le Conseil des ministres
examinera mercredi prochain : un qui fixe la date du second tour au
28 juin et un autre, hypothétique, qui reporte l’intégralité de
l’élection (premier et deuxième tour) à janvier
prochain.
Masque obligatoire dans les bureaux de vote
Au total, ce sont 16 millions d’électeurs dans plus de 5 000
communes qui seraient appelés aux urnes le 28 juin. Dans les 30 000
autres, où un seul tour a suffi pour désigner la liste gagnante,
les nouveaux conseils municipaux seront installés dans les
prochains jours, après deux mois d’attente. Le port du masque
(inutile jusqu’à il y a quelques jours !) sera obligatoire dans les
bureaux de vote pour les électeurs, tandis que les assesseurs
porteront un masque chirurgical tout au long des opérations de
vote. D’autres adaptations sont envisagées, comme une file spéciale
pour les personnes « à risque » ou un dépouillement à huis clos. La
campagne devra également s’adapter à ces temps d’épidémie. Pas de
meeting, pas de rassemblement, pas de distribution de tracts : les
candidats vont devoir apprendre à mener une campagne en respectant
la distanciation sociale. La communication politique devra donc se
faire essentiellement via les médias. Pour compenser cette absence
de contact direct entre le candidat et l’électeur, le gouvernement
a annoncé que la campagne d’entre deux tours durera un mois au lieu
de cinq jours habituellement.
Un risque d’abstention record
Cette campagne à distance est vue par certains comme une
atteinte importante à la sincérité du scrutin. L’autre crainte est
celle d’une abstention massive. Avec un taux d’abstention de
55 %, le premier tour avait battu un record qui risque d’être
surpassé par le second. Par crainte d’être contaminé (notamment
pour les plus âgés), mais aussi par désintérêt ou pour partir en
vacances (on organise rarement des élections en été), beaucoup de
Français pourraient bouder ces élections. Quoi qu’il en soit, le
coronavirus risque fort de monopoliser les débats électoraux et de
mettre en arrière-plan les questions habituelles sur la sécurité ou
les transports. A Paris, la candidate LREM Agnès Buzyn (si elle se
maintient) aura sans doute ainsi bien du mal à faire oublier son
interview lunaire du 17 mars dans laquelle elle expliquait que
l’élection était une « mascarade ». Au sein de la majorité,
personne ne sait si l’ancienne chef de service en hématologie se
maintiendra ou si le parti devra se trouver une troisième tête de
liste en moins de trois mois. Réponse le 2 juin avec le dépôt des
listes pour le second tour.
Le péché originel a été de vouloir maintenir le premier tour avec un message contradictoire: restez chez vous, mais allez voter vous êtes en sécurité! Avec une "etude" récente qui, fort à propos, affirme que cela n'a pas eu d'incidence sur l'épidémie...
Si le second tour est suivi d'une recrudescence des cas, il y aura une étude du même type. Bien sûr, les mairies ont du mal à savoir sur quel pied danser. Mais si les arrières pensées politiques relancent l'épidémie la confiance sera définitivement perdue.
Pr A. Muller
Dépolitiser
Le 24 mai 2020
Une campagne sans débat ? Tout est fait pour « dépolitiser » les enjeux.