Vaccin contre la Covid-19 à Oxford : succès chez le macaque
C’est au tour de la très prestigieuse Université d’Oxford par
le biais de son Institut Jenner, l’équivalent britannique de
l’Institut Pasteur, de présenter un nouveau candidat vaccin, le
ChAdOx1 (chimpanzee adenovirus vaccine vector) nCoV-19,
destiné à prévenir une infection par le SARS-CoV-2.
Au vecteur viral (adénovirus du chimpanzé) a été ajoutée une
séquence codant la protéine spike du SARS-CoV-2, glycoprotéine de
surface responsable de l’entrée du virus au niveau de la cellule
hôte. L’ensemble a été injecté à des souris et des macaques rhésus.
Les résultats très encourageants ont permis de valider et débuter
un essai clinique chez l’Homme (NCT04324606).
Anticorps neutralisant le SARS-CoV-2 chez les souris
vaccinées
Les auteurs ont débuté leur expérimentation chez 13 souris (Balb/c
ou outbred CD1) à qui ils ont injecté par voie intramusculaire une
dose du candidat vaccin ChAdOx1 nCoV-19 ou de son contrôle
exprimant la protéine GFP (ChAdOx1 GFP). Les réponses humorale et
cellulaire ont été contrôlées 9-14 jours post-vaccination. Les IgG
totaux dirigés contre la protéine spike du SARS-CoV-2 ont été
détectés chez toutes les souris vaccinées par ChAdOx1 nCoV-19 avec
une prédominance de lymphocytes Th1 (T-helper). Des
anticorps neutralisants spécifiques au virus ont été détectés
uniquement chez les souris vaccinées par le candidat vaccin. Ces
dernières ont présenté des taux élevés d’IFNγ et TNFα et de faibles
concentrations d’IL-4 et IL-10 faisant pencher la balance vers une
réponse immunitaire Th1 médiée en réponse à la vaccination.
Effet protecteur chez le macaque …
A l’image de l’équipe chinoise sponsorisée par le laboratoire
Sinovac Biotech, les auteurs de cette étude britannique ont testé
leur candidat vaccin chez le macaque rhésus, un primate non humain
considéré comme un bon modèle d’infection respiratoire au
SARS-CoV-2. Au total, six macaques ont reçu une injection IM du
candidat vaccin ChAdOx1 nCoV-19 (moitié de la dose actuellement
administrée à l’Homme) et 3 macaques eu une injection du contrôle
ChAdOx1 GFP (à la même dose que le candidat vaccin). Des anticorps
spécifiques à la glycoprotéine spike du SARS-CoV-2 ont été détectés
uniquement chez les sujets vaccinés par ChAdOx1 nCoV-19 (14 jours
post-vaccination). Enfin, une réponse cellulaire T spécifique
dirigée contre le SARS-Cov-2 a été mise en
évidence.
Pour aller plus loin, vingt-huit jours après la vaccination,
il a été procédé chez les macaques à une administration
intratrachéale, intranasale, orale et oculaire du SARS-Cov-2 à la
dose totale de 2,6x106 TCID50. Des examens
cliniques ont été réalisés à J0,1,3,5,7 post-inoculation, des
prélèvements sanguins ainsi que des écouvillonnages nasaux ont été
pratiqués tous les jours de l’expérience et enfin un lavage
bronchoalvéolaire (LBA) a été fait à J3,5,7 post
inoculation.
Au niveau du LBA des animaux du groupe contrôle, l’ARN
génomique viral a été détecté de J0 à J7 post-inoculation et l’ARN
subgénomique viral (signe de réplication) à J3 et J5 post
inoculation. Pour les macaques ayant reçu le candidat vaccin il n’a
pas été retrouvé d’ARN subgénomique viral dans le LBA et seulement
deux macaques vaccinés (sur 6) ont eu de l’ARN
génomique.
Les auteurs relèvent par ailleurs la présence d’ARN génomique
viral au niveau de tous les écouvillonnages nasopharyngés des deux
groupes testés sans différence au niveau de la charge virale
post-inoculation.
… confirmé en post-mortem
Les macaques rhésus ont été sacrifiés 7 jours après
l’inoculation. Aucun animal vacciné par le candidat ChAdOx1 nCoV-19
n’avait développé de pathologie pulmonaire virale ou inflammatoire
après inoculation du virus et l’analyse immunohistochimique du
tissu pulmonaire n’a pas permis de détecter d’antigène viral.
Toujours dans ce même groupe, une charge virale (ARN génomique)
significativement faible (par comparaison au contrôle) a été
constatée au niveau des poumons et de l’ARN viral subgénomique n’a
été mis en évidence que chez 1 sujet (sur 6) ayant reçu le candidat
vaccin.
En revanche, dans le groupe contrôle, deux macaques (sur 3)
ont développé une pneumonie virale interstitielle de sévérité
variable confirmée par immunohistochimie (présence d’antigène viral
dans les pneumocytes et les macrophages alvéolaires). Toujours dans
ce groupe contrôle, la charge virale (ARN génomique) était élevée
au niveau pulmonaire et l’ARN viral subgénomique a été détecté chez
2 animaux (sur 3).
A noter que du matériel génétique viral a également été mis en
évidence au niveau d’autres tissus que le poumon mais à de très
faibles taux (dans les deux groupes testés).
Proposition d’un essai de phase I chez l’Homme
Une injection IM unique de ChAdOx1 nCoV-19 s’est ainsi montrée
efficace chez un primate non humain pour prévenir des lésions
pulmonaires potentiellement induites par une dose élevée du virus
SARS-CoV-2. La charge virale dans le LBA et au niveau des tissus
pulmonaires des macaques vaccinés par ChAdOx1 nCoV-19 a été
significativement réduite suggérant que la vaccination par cette
préparation prévient la réplication virale dans les voies
respiratoires inférieures. De façon étonnante, la vaccination n’a
pas permis de réduire la charge virale au niveau nasal. Effet lié,
selon les auteurs, à la dose très élevée de l’inoculât viral et le
choix de l’injecter à différents sites (intratrachéal, intranasal,
oculaire et oral).
Les auteurs relèvent également que l’injection de ChAdOx1
nCoV-19 n’a pas induit de pathologie inflammatoire médiée par le
système immunitaire (comme cela a été décrit auparavant pour des
vaccins contre le SARS-CoV-1), ni de maladie
pulmonaire.
Enfin, les données de cette étude ont abouti à la proposition
et la validation d’un essai de phase I chez l’Homme. Plus de 1000
volontaires sains ont déjà été inclus dans cette étude
(NCT04324606).
Le laboratoire britannique AstraZeneca a très récemment conclu un
accord avec l’Université d’Oxford pour la production d’un milliard
de doses de ce candidat vaccin (renommé depuis AZD1222) et devrait
débuter la fabrication de doses en septembre 2020 selon un
communiqué récent.
Je trouve il y a un manque de bioéthique avec cette recherche accélérée (warp speed research) dans un laboratoire universitaire prestigieux, sur 13 souris et six macaques pour trouver un vaccin contre le SARS-Cov-2, avec des résultats plus ou moins ‘encourageants’, et du coup un laboratoire pharmaceutique commercial majeur conclu un accord avec l’université pour la production d’un milliard de doses de ce candidat vaccin, et qui devrait débuter la fabrication de doses en septembre 2020 selon un communiqué récent.
On ne sait même pas l’origine de ce virus ‘suspect’; et ce qu’on trouve est très inquiétant vis-à-vis de la labilité de son génome, entre autres, et en particulier ; des recherches chinoises récentes qui trouvaient que dans le génome du SARS-Cov-2, il y a une protéine, ORF8, qui altère, voire détruit le complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) sur la surface des cellules infectées, qui les rendent ‘invisible’ aux cellules tueuses de l’hôte. Un mécanisme parallèle est utilisé par le virus de HIV, qui avait échappé à tous les efforts pour trouver un vaccin contre ce virus jusqu’aux aujourd’hui ; plus de trente ans après.
Il n’est pas improbable que ce SARS-Cov-2 va devenir une infection chronique sans qu’un vaccin efficace soit retrouvé, comme celui de l’HIV. D’ailleurs, plusieurs journaux scientifiques font allusions à cette éventualité.
Je trouve que fabriquer un milliard de doses par un laboratoire commercial multinational, qui coopère avec une université si prestigieuse, si vite, peut poser un problème pas seulement d’éthique mais aussi un véritable danger public.