
Pour savoir si la réticence à supprimer les rappels est justifiée, une équipe états-unienne a mené une étude observationnelle de cohorte, en comparant l’incidence du tétanos et de la diphtérie dans 31 pays d’Europe et d’Amérique du nord, entre 2001 et 2016, certains ayant supprimé les rappels, d’autres les ayant conservés à des fréquences variables.
Avec ou sans rappel, c’est pareil
Les auteurs ont commencé par une comparaison directe entre deux pays peu différents en termes de développement socio-économique : la France, qui a maintenu la recommandation des rappels chez l’adulte, et le Royaume-Uni qui les a supprimés. Il n’apparaît aucune différence dans l’évolution sur 15 ans de l’incidence du tétanos ou de la diphtérie entre ces deux pays.L’analyse a ensuite été étendue aux 31 pays. Là aussi, l’incidence du tétanos et de la diphtérie est identique statistiquement dans les 31 pays au cours de la période observée, quelle que soit la position sur les rappels. Notons que l’incidence du tétanos est très faible, de 0,24 cas par million de personne-années dans les pays qui ont maintenu les rappels et de 0,27 cas par million de personne-années dans ceux qui ne les recommandent plus (rate ratio RR 0,78 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,36 à 1,70). Le constat est le même concernant la diphtérie (RR 2,46 ; IC 0,54 à 11,23). Dans ce dernier cas, les auteurs ont toutefois exclu de l’analyse la Lettonie, du fait d’une couverture vaccinale très faible.
Se concentrer plutôt sur la couverture vaccinale
Par rapport à l’ère pré-vaccinale, l’incidence du tétanos et de la diphtérie a diminué de 99 % pour le premier et 99,9 % pour la seconde. Ces deux maladies infectieuses ne surviennent plus que chez des personnes non vaccinées ou incomplètement vaccinées. Pour les auteurs, cela indique qu’il pourrait être plus efficace de concentrer les ressources à améliorer la couverture vaccinale de ces personnes à risque plutôt que de conserver les rappels à l’âge adulte.Dr Roseline Péluchon