Pourquoi il ne faut pas forcément désinstaller Stop Covid ?
Paris, le samedi 13 juin 2020 - En France comme en Italie, le
lancement début juin des applications Stop Covid ou Immuni a fait
sourire. En effet, ces applications destinées à identifier plus
rapidement les contacts des patients atteints de Covid-19 arrivent
sans doute bien trop tard pour jouer un quelconque rôle dans la
lutte contre l’épidémie, qui est aujourd’hui quasiment terminée en
Europe occidentale. En outre, même dans les pays où de tels
dispositifs ont été disponibles plus tôt, leur efficacité est
demeurée très restreinte. Il faut dire que les modélisations
construites autour de ces applications suggèrent qu’en l’absence
d’un nombre d’utilisateurs très important, leur utilité est très
faible. Ainsi, des travaux des chercheurs du Nuffield Department of
Medecine de l'université d'Oxford avaient indiqué mi-avril que «
nous pouvons arrêter la maladie si au moins 56 % de la population
totale utilise l'application ». Dès lors devait-on attendre que 80
% des propriétaires de smartphone activent une application de
traçage, la renseignent correctement et puissent constamment
conserver leur téléphone allumé (une gageure compte tenu des
ressources d’énergie disponibles et de la faiblesse de certaines
batteries). Cependant, les spécialistes du Nuffield Departement of
Medecine ont tenu à nuancer ce taux de 60 % régulièrement mis en
avant. Même à des taux inférieurs, le dispositif peut rester utile
pour faciliter le repérage des cas et avoir une incidence locale
sur la propagation de l’épidémie. « Même à des taux inférieurs
d'utilisation, nous estimons qu'une réduction du nombre de cas de
gens touchés par le coronavirus et de décès reste possible »
écrivaient ainsi dès la mi-avril les auteurs, notant que leurs
différentes modélisations avec des proportions bien moins
importantes de personnes connectées avaient suggéré que les
applications pouvaient permettre une baisse du nombre d’infections
; des données à confronter cependant avec la réalité. On ne pourra
néanmoins effectuer ce test grandeur nature que si les applications
peu nécessaires aujourd’hui sont encore utilisables lors d’une
autre épidémie ou d’une deuxième vague. A voir.
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