Les médecins intérimaires remportent leur bras de fer avec le ministère de la Santé
Paris, le lundi 15 juin – La chambre disciplinaire de l’ordre
des médecins d’Ile-de-France a rejeté la plainte du ministère de la
Santé à l’encontre de la présidente du SNMRH, le syndicat des
intérimaires.
Une nouvelle déconvenue dont le ministère de la Santé se
serait bien passé dans ces temps difficiles. Dans une décision du 5
juin, la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins
d’Ile-de-France a décidé de rejeter la plainte déposée par
l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn en novembre 2018 contre
le Dr Lynda Darasse, présidente du syndicat national des médecins
remplaçants des hôpitaux (SNMHR).
Il était reproché au Dr Darasse d’avoir, en mars 2018,
alors qu’elle était présidente d’un collectif de médecins
intérimaires qui allait bientôt devenir le SMNHR, publié une «
liste noire » des hôpitaux appliquant le décret du 24
décembre 2017 visant à plafonner la rémunération des médecins
intérimaires. Ce décret prévoit une rémunération maximum de 1 170
euros pour 24 heures de garde depuis 2020, une baisse de revenus
substantiel pour les médecins intérimaires qui peuvent parfois
gagner jusqu’à 2 500 euros pour 24 heures de remplacement.
« Mercenaires » de l’hôpital
La publication de cette « liste noire », perçue comme
un appel au boycott des établissements hospitaliers les moins
généreux, avait provoqué la colère d’Agnès Buzyn. La future
candidate à la mairie de Paris n’avait pas eu de mots assez durs
pour critiquer l’action des intérimaires, qualifiés de «
mercenaires » à « l’attitude irresponsable » qui «
profitent des failles du système » et des difficultés des
hôpitaux à trouver des médecins titulaires pour s’enrichir. Fait
rarissime, le ministère de la Santé avait donc porté plainte contre
le Dr Darasse, plainte à laquelle s’est jointe l’Ordre des
médecins, qui dénonçait des comportements « peu soucieux du
devoir d’humanité envers les patients ».
Mais ces arguments semblent avoir peu ému la chambre
disciplinaire qui s’est totalement rangé aux explications de Lynda
Darasse. Les juges ont ainsi mis en avant la liberté des
intérimaires de choisir les établissements dans lesquels ils
souhaitent pratiquer « sans qu’il puisse leur être reproché
d’être attentifs à leur rémunération », rappelant que «
c’est aux établissements de santé qu’il appartient d’assurer la
continuité des soins et non aux médecins intérimaires ». Les
juges en ont donc conclu que la publication de la liste noire ne
constituait pas à un appel au boycott et qu’ « aucune faute
déontologique » ne pouvait être retenue à l’encontre du Dr
Darasse.
En plus du rejet de la plainte, la chambre disciplinaire a condamné
le ministère de la Santé à verser 3 000 euros de dédommagement à
Lynda Darasse et l’Ordre des médecins 1 500 euros. Des décisions
similaires avaient déjà été rendus par d’autre chambres
disciplinaires au profit du secrétaire général et du trésorier du
SNMRH, également visés par la plainte du ministère de la
Santé.
Mme BUZIN nous a traité de mercenaires. Deux remarques à notre chere consoeur, ainsi qu'à l'Ordre. Tout d'abord les pays qui recrutent des mercenaires sont ceux qui ne sont pas foutus de se doter d'une armée efficace, généralement par excès de bureaucratie : une armée ce sont les soldats SUR LE TERRAIN qui la rendent efficaces, pas les comptables planqués dans les bureaux et qui élaborent des stratégies catastrophiques. Si vous voyez à quoi je fais allusion ... Et ensuite les mercenaires ne sont pas de jeunes bleus tout juste sortis des écoles militaires, ce sont de vieux briscards qui ont acquis de expérience sur le front en en bavant, à la différence des bureaucrates de l'arrière. Et l’expérience, ça se paye, ma chère consoeur. Dans tous les métiers.
Encore une dernière chose : vous trouveriez sans doute normal que les urgentistes acceptent d'être sous-payés par bonté d’âme et par sens du service public ? Le problème c'est que le sens du service public, et la bonté d'âme, c'est par quoi ils se sont fait avoir pendant des années par vos bureaucrates qui les exploitent sans vergogne, malgré les condamnations répétées de l'UE. Ah ben oui .. alors allez-donc vous faire lanlaire. "We won't get fooled again". Et merci à la Chambre Disciplinaire de ne pas s'être couchée devant l'administration d'Etat.