Au fil de l’épidémie de Covid-19, il est apparu que les
enfants étaient moins souvent touchés que les adultes et que les
formes pédiatriques de la Covid-19 étaient moins sévères. L’une des
hypothèses avancées pour expliquer ces différences est que les
infections saisonnières par les coronavirus, très fréquentes chez
les jeunes enfants, leur confèreraient une immunité croisée. La
mise en évidence de celle-ci serait un élément crucial pour la
compréhension de l’avenir de l’épidémie.
Pour le vérifier, le laboratoire de l’Institut Pasteur et des
cliniciens de l’AP-HP, de l’Inserm et d’Université de Paris se sont
groupés pour réaliser une étude observationnelle, qui a inclus 739
enfants pauci ou asymptomatiques, consultant ou hospitalisés dans
un hôpital de l’APHP entre le 1er avril et le
1er juin 2020, pour un autre motif que la Covid-19.
Étaient également inclus 36 enfants présentant une suspicion de
syndrome inflammatoire multisystémique (« pseudo-Kawasaki
»). La prévalence, la spécificité antigénique et la capacité
neutralisante des anticorps contre le SARS-CoV-2 ont été testées.
La fréquence et les titres des anticorps contre 4 coronavirus
saisonniers (NL63, HKU1, 229E, OC43) ont été mesurés dans un
sous-groupe de 54 patients positifs pour le SARS-CoV-2, et 15
enfants atteints d’un syndrome apparenté à la maladie de
Kawasaki.
Les résultats ont été comparés à ceux de 118 enfants
séronégatifs pour le SARS-CoV-2.
Sept enfants sur 10 pauci ou asymptomatiques
La prévalence moyenne de séropositivité pour le SARS-CoV-2 est
de 11,7 % entre avril et juin, allant jusqu’à 27 % au cours de la
semaine du 11 mai. Ce taux contraste avec les données de certaines
études épidémiologiques de cohortes antérieures, basées sur le test
de diagnostic par RT-PCR, dans lesquelles les enfants représentent
moins de 2 % des cas diagnostiqués. Près de 7 enfants sur 10
n’avaient pas eu de symptômes évocateurs de l’infection.
Des anticorps neutralisants sont présents chez 56 % des enfants
séropositifs, et cette fréquence augmente avec le temps, atteignant
100 % à la fin mai, soit 2 mois après le pic épidémique). Plus de
2/3 des enfants présentant un syndrome inflammatoire
multisystémique sont séropositifs pour le SARS-CoV-2 et des
anticorps neutralisants sont retrouvés chez tous les enfants testés
(n = 15).
Pas plus d’anticorps contre les coronavirus
saisonniers chez les enfants séronégatifs pour le SARS-CoV-2
Les anticorps contre les 4 coronavirus sont retrouvés chez 67 à 100
% des enfants selon le virus. Mais leur fréquence et leurs taux ne
sont pas différents entre les enfants séronégatifs ou séropositifs
pour le SARS-CoV-2 et quelle que soit la forme clinique
(pauci/asymptomatique ou pseudo-Kawasaki). Les taux d’anticorps
contre le SARS-CoV-2 ne sont pas non plus significativement
différents chez les enfants qui ont présenté antérieurement une
infection à coronavirus saisonnier.
Ces résultats, non seulement ne confirment pas l’hypothèse selon
laquelle les coronavirus saisonniers offriraient une protection
contre l’infection par le SARS-CoV-2, mais ils indiquent aussi que,
malgré une très forte prévalence des anticorps contre les
coronavirus saisonniers, ces derniers circulent librement dans la
population chaque hiver. Ceci constitue plutôt une mauvaise
nouvelle car « Si le virus de la Covid-19 se comporte comme les
coronavirus saisonniers, cette observation interroge sur la
capacité de la population à atteindre un niveau d’immunité
suffisant pour empêcher la réapparition régulière de la maladie
» conclut Marc Eloit, dernier auteur de l’étude, dans un communiqué
de presse.
Cette étude prend elle en compte l'immunité cellulaire croisée?
Dr Nicolas Cabrieres
Etonnant
Le 07 juillet 2020
Si les études observationnelles ne sont pas recevables pour l'hydroxychloroquine, elles ne peuvent l'être dans ce cas surtout sur 739 sujets Par ailleurs je n'arrive pas à la même conclusion, si les sujets ont le même taux d'anticorps, la conclusion de l'article me parait pour le moins fallacieuse.
DYP
Les défis d’une 3ème mi-temps pédiatrique ?
Le 08 juillet 2020
La recherche clinique pédiatrique a été non prioritaire durant la pandémie en cours : Bien peu d’enfants (<<5%) concernés ou testés car excellent pronostic. L’absence habituelle de co-morbidité en est l’explication la plus facilement accessible.
Au terme du travail analysé, et avec les réserves inhérentes à un pré-print , l’hypothêse de l’ immunité croisée hmorale vis-à-vis des 4 coranoviroses communes, protectrice, est une autre « analogie provisoire » battue en brèche. Ce constat péjoratif ouvrirait le champs à une SAISONNALITE PARTAGEE & annulerait les perspectives d’immunité collective.
J’ai noté le distinguo fait, ce qui est encore rare, entre anticorps NEUTRALISANTS ou non.
Par contre , le rôle de l’immunité croisée CELLULAIRE n’est pas éliminé par ce travail.
Celui "protecteur" immunostimulant du BCG ne semble pas retenu : Hamiel U, Kozer E, Youngster I. SARS-CoV-2 Rates in BCG-Vaccinated and Unvaccinated Young Adults . JAMA. 2020;May 13 : e208189
La moindre présence des récepteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine-2 (ACE2) dans les fosses nasales chez l'enfant est bien établie : leur expression augmente clairement après 10ans :
Patel AB, Verma A. Nasal ACE2 Levels and COVID-19 in Children . JAMA. 2020 May 20
Bunyavanich S, Do A, Vicencio A. Nasal Gene Expression of Angiotensin-Converting Enzyme 2 in Children and Adults . JAMA. 2020 May 20 : e208707
Qualitativement, le rôle du polymorphisme génomique pour ce récepteur pourra être une piste de la compréhension des disparités de pénétrance du SARS-CoV-2 (Adulte vs Enfant), dans la variabilité des expressions cliniques (Anosmie/Agueusie – Syndrome inflammatoire multiviscéral) & ethniques constatées quand elles ont pu ou su être évaluées.
Le distinguo entre les formes pauci & asymptomatiques est difficile, l’anosmie/agueusie a toute chance d’être méconnue en pédiatrie, elle n’est même pas mentionnée : l’age moyen des enfants étudiés est de 8 ans dans le travail analysé.
A l’autre bout du spectre clinique, les rarissimes formes inflammatoires multiviscérales potentiellement léthales, probable SECONDE MI-TEMPS POST INFECTIEUSE. Elles font de quelques maillons forts des maillons transitoirement très faibles. Ces syndromes post infectieux semblent à ce jour exceptionnels mais anxiogênes.
Nous disposons de critères cliniques, biologiques & épidémiologiques pour les délimiter (OMS-CDC) : 2 / 100 000 < 21ans versus 322 / 100 000 < 21ans infections par le SARS-CoV-2 diagnostiquées au cours de la même période (NYC 1/3-10/5).
Le cumul des grosses data US récents vient compléter les études européennes préliminaires déjà analysées par le JIM avec sa composante hémodynamique, myocardique, coronarienne :
*Feldstein LR, Rose EB, Horwitz SM et coll . Multisystem Inflammatory Syndrome in U.S. Children and Adolescents . N Engl J Med. 2020 Jun 29 ;10.1056 (N=186 26Etats sans NYC 15/3 - 20/5/2020 : 60jours)
*Dufort EM, Koumans EH, Chow EJ et coll . Multisystem Inflammatory Syndrome in Children in New York State . N Engl J Med. 2020 Jun 29 ;10.1056 (N= 99 106centres NYC 1/3 - 10/5 2020 : 70jours)
Ils nuancent les conclusions dont nous disposions sur l’age (69<5A / 213 : 32%) , peut être sur l’éthnicité souvent non mentionnée (1/4), la présentation influencée par l’age digestive (92%), cardiaque (80%) plus que respiratoire(53%) sans modifier le bon pronostic global malgré 6 décés / 213. ABSENCE habituelle de co-morbidité (156/213 : 73%)
La note NEURO-IMMUNE périphérique et centrale transitoire est mentionnée dans le travail analysé : elle vient d’être revue à Londres (4/27:15%) :
Abdel-Mannan O, Eyre M, Löbel U et coll . Neurologic and Radiographic Findings Associated With COVID-19 Infection in Children . JAMA Neurol. 2020 Jul 1;10.1001 N= 4 1centre Londres 1/3 - 8/5/2020
Quels sont les DEFIS d’une 3ième MI-TEMPS pédiatrique ? :
1-Le DEVENIR neuro-développemental, fonctionnel & coronarien reste à évaluer au terme de rapports très préliminaires.
2-SECONDE VAGUE AUTO-IMMUNE & activation macrophagique dont l’atteinte cardiaque et / ou neurologique pourrait n’être qu’une expression.
3-Quel impact sur la stratégie VACCINALE dès l’ automne : COVID : Des réticences déjà bien ancrées avant tout vaccin disponible en regard de l’auto-immunité différée hypothétique médiatisée & la deuxième vague attenante ? Pas de facteur de risque clinique ou de prédisposition génomique clairement identifiés.
MAIS SURTOUT vis-à-vis des CO-VIRALITES automno-hivernales ? Ces co-infections ont rarement été recherchées initialement. Un travail européen (82 Centres 25 Pays) est instructif même si la France est absente, l’obésité & ethnicité non analysées :
Götzinger F, Santiago-García B, Noguera-Julián A et coll on behalf of the ptbnet COVID-19 Study Group. COVID-19 in children and adolescents in Europe : a multinational, multicentre cohort study. Lancet Child Adolesc Health 2020 June 25
L’inclusion des SEULS cas PCR+ à l’issue de stratégies initiales peu testantes SURévaluent les quelques formes pédiatriques sévères ou critiques, la mortalité (0,7%) & négligent les formes a paucisymptomatiques (16%). Elle SURévalue les co-morbidités (25%) & co-infections virales : (5%). Elles sont alors un facteur de risque d’oxygénorequérence, de ventilation mais aussi de recours aux inotropes. Ce taux de co-infection virale de 5% est retrouvé aux USA , plus testants :
Feldstein LR, Rose EB, Horwitz SM et coll . Multisystem Inflammatory Syndrome in U.S. Children and Adolescents . N Engl J Med. 2020 Jun 29 ;10.1056 N=186 26Etats sans NYC 15/3 - 20/5/2020 : 60jours
4-Impact du « tout COVID » en pédiatrie : Evaluation différée mais qui sera nécessaire des diagnostiques loupés. La maladie de Kawasaki ne devrait pas en être
5-Impact materno-foeto-néonatal : Sur la base des modêles « verticaux » ? Non.