Paris, le jeudi 9 juillet 2020 - Après six semaines de
négociations dans le cadre du Ségur de la santé, le gouvernement a
présenté, cette nuit, un projet d’accord.
Celui-ci est doté d’une enveloppe de 7,5 milliards d’euros,
après l’intervention du Premier ministre, Jean Castex, qui avait
augmenté mardi soir de 1,1 milliard d’euros les 6,4 milliards déjà
mis sur la table. « On arrive à la fin des discussions », a
pu ainsi déclarer sur France 2 le nouveau porte-parole du
gouvernement, Gabriel Attal. Obtenue après neuf heures de
tractations, la version définitive du protocole d'accord doit être
envoyée aujourd’hui aux syndicats qui ont jusqu'à lundi pour
signer. Chaque organisation doit ainsi désormais consulter sa base
et ses adhérents.
180 euros net mensuels et 15 000 embauches
Le texte prévoit notamment une revalorisation « socle »
de 180 euros net mensuels pour tous les personnels hospitaliers non
médecins des secteurs publics et privés à but non lucratif, grâce à
une augmentation en deux temps : 90 euros au 1er septembre, puis 90
euros en mars 2021.
Pour les personnels du secteur privé à but lucratif, cette
hausse serait de 160 euros, également en deux temps.
D’autres augmentations seront à la discrétion des
établissements de santé, par le biais de mécanismes
d’intéressement. Une refonte des grilles pour certains métiers est
également prévue d’ici 2022.
On pense par exemple à une revalorisation probable des
kinésithérapeutes et des orthophonistes qui ont un niveau de
diplôme compris aujourd'hui entre Bac+4 et Bac+5 pour une
rémunération de 1800 € brut en début de
carrière.
Par ailleurs, près de 15 000 nouveaux agents seront embauchés
dans les hôpitaux. Pour moitié, il s’agirait de créations de postes
destinées à constituer des équipes de remplacement, et pour l’autre
moitié, de recrutements de personnels sur des postes budgétés mais
non pourvus par des titulaires.
Un texte salué par les syndicats…
« Le compromis trouvé est plutôt positif, il y a des
avancées significatives pour les personnels », estime Didier
Birig, le négociateur de Force ouvrière. « On a été chercher les
derniers arbitrages avec les dents. On n’avait pas obtenu des
choses comme ça depuis trente ans : 180 euros de plus par mois, ce
n’est pas rien. » Selon lui, « le protocole ne se limite par
ailleurs pas à ces 180 euros », avec notamment un doublement en
2020 et 2021 des ratios des agents hospitaliers passant en classe
supérieure.
A la CFDT, on se montre également plutôt satisfait. « On
peut se dire que n’importe quelle somme n’aurait pas été suffisante
pour rattraper vingt ans de disette, mais il y a un gros effort
consenti. Il y a une revalorisation immédiate conséquente, cela
faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu une telle augmentation
», assure Eve Rescanières, la secrétaire générale CFDT Santé
sociaux. « Même si des points sont améliorables, le niveau de
revalorisation est ambitieux, c’est une opportunité à saisir »,
fait-on valoir à la Fédération hospitalière de France.
…Hormis la CGT…
Mais de son côté, même s’il concède des « avancées »,
Patrick Bourdillon, le secrétaire fédéral de la CGT Santé, estime
que « la montagne a accouché d’une souris ». « On avait
fait miroiter une vraie reconnaissance aux professionnels ». Il
rappelle à ce titre que les organisations syndicales revendiquent
une augmentation de 300 euros net par mois pour tous les personnels
hospitaliers. « On est loin du vite et fort promis au début du
Ségur, on est sur du lentement et peu »
raille-t-il.
En outre, il pointe que « plusieurs lignes rouges ont été
franchies ». Il regrette ainsi l’exclusion du dispositif de 35
000 agents de la fonction publique hospitalière travaillant dans le
secteur social, ou encore la nécessité de partager l’enveloppe avec
les salariés du privé.
Les PH sur la touche
Les négociations avec les médecins hospitaliers sont, pour
leur part, au point mort. Le ministre de la santé, Olivier Véran, a
refusé, mercredi, d’augmenter l’enveloppe déjà promise aux quelque
100 000 praticiens hospitaliers du pays et qui atteint 400 millions
d’euros. « Le ministre a mis fin à la négociation, on ne pourra
pas aboutir à un accord, c’est un échec grave pour l’hôpital
public », regrettait mercredi soir Jacques Trévidic, le
président d’Action praticiens hôpital (APH).
Au ministère de la santé, on fait néanmoins valoir que la
porte n’est pas fermée et on fait état d’une simple « suspension
de la réunion ».
Et demain ?
D’autres mesures devraient encore venir étoffer le « plan
massif d’investissement et de revalorisation ». Rappelons
ainsi qu’Emmanuel Macron a annoncé dans un entretien à la
presse régionale le 3 juillet vouloir dégager « entre 15 et 20
milliards d’euros » pour l’investissement dans les bâtiments,
les équipements et le numérique.
D’autres mesures, concernant une gouvernance plus souple et «
plus déconcentrée » du système de santé, doivent également
être présentées à l’issue du Ségur. Le chef de l’État devrait
lui-même en faire l’annonce avant le 14 juillet.
Reste que faute d’accord majoritaire, « le ministre nous a
clairement dit qu’on reviendrait au point auquel nous étions avant
les trente dernières heures de discussion », explique Eve
Rescanieres de la CFDT. Soit 6,4 milliards d’euros au lieu des 7,5
milliards proposés mardi par le chef du gouvernement.
Voilà on y est... merci encore une fois les syndicats généralistes qui ont sacrifié les bonnes intentions annoncées en une usine à gaz pour apporter un peu à tout le monde ...On avait promis 300 Euros pour rattraper la moyenne européenne, on arrive à 180 max ? Cherchez l'erreur... Et on entend des syndicats satisfaits parce qu'ils ont obtenu le passage des aide-soignants en cat B ? N'importe quoi...Désolé mais ce n'est pas ce qu'attendaient les soignants de terrain ...
Pascal Rod, IADE
Le mammouth
Le 09 juillet 2020
Et quand dégraisse t-on le mammouth,en réduisant la part des administratifs dans la gestion des hopitaux, pour approcher les 25% dans la fonction hospitalière des Allemands. Ce n'est pas tout de faire des comparaisons, il faut ensuite copier les meilleurs!
Dr André Clavel
Revalorisation...importante
Le 09 juillet 2020
La montagne a accouché d'une souris. Le "Ségur de la Santé" n'a concerné que les salaires, revalorisés pour les non médecin à 60% de ce qu'ils réclamaient pour être au niveau européen, et des promesses d'embauche...qui seront difficiles à tenir, il n'y a plus d'attractivité pour les personnels soignants et il n'y a guère de chômage...
On aura parallèlement une modification de la gérance, parions qu'il y aura quelques gestionnaires de plus. La revalorisation des salaires des médecins...apparemment c'est pas gagné! Une souris, on vous le dit...!