Davantage de morts fœtales in utero pendant la pandémie de Covid-19 ?

Des taux élevés d'accouchements prématurés et de césariennes ont été rapportés chez les femmes enceintes atteintes de formes graves de Covid-19. Le "UK Obstetric Surveillance System" a signalé 3 cas de morts fœtales in utero (MFIU) parmi 247 naissances chez des femmes atteintes de Covid-19, ce qui correspond à une incidence de 12,1/1 000 naissances, alors que l'incidence nationale est de 4,5/1 000 naissances.

Afin de préciser ces résultats, une étude menée à l'Hôpital St Georges à Londres a comparé le déroulement des grossesses avant le début de la pandémie, entre le 1er octobre 2019 et le 31 janvier 2000, et durant celle-ci entre le 1er février et le 14 juin 2000. Ont été examinées les incidences des MFIU, des accouchements prématurés, des césariennes, et des admissions en réanimation néonatale.

Pour les MFIU, c’est la définition en vigueur au Royaume Uni qui a été retenue : arrêt de la grossesse après 24 SA.

L'incidence des MFIU a été significativement plus élevée durant la pandémie

-n = 16 (9,31/1 000 naissances), qu'avant celle-ci-n = 4 (2,38/1 000 naissances), soit une différence de 6,93/1000 (intervalle de confiance à 95 % IC = 1,83-12) p = 0,01.

Après exclusion des malformations fœtales, la différence des incidences était encore plus importante : 6,98/1 000 durant la pandémie versus 1,19/1 000 avant celle-ci.

Il n'y avait pas de différences significatives concernant l'incidence des accouchements prématurés avant 37 SA ou avant 34 SA, ni celle des césariennes, ni celle des admissions en réanimation néonatale.

Parallèlement, durant la période de la pandémie étudiée, 19 femmes enceintes ont été hospitalisées pour Covid 19.

Aucune de femmes qui ont eu une MFIU n'a présenté de symptômes de Covid-19. Ni l'étude du fœtus, ni celle du placenta n'ont suggéré une atteinte par le SARS-CoV-2, et aucune recherche du virus n'a été faite.

La question de la responsabilité directe de l’infection virale  

Une infection par le SARS-CoV-2 n’a été suspectée chez aucune des femmes enceintes qui ont eu une MFIU mais on estime que 90 % des femmes enceintes font des infections asymptomatiques et ne sont pas testées.

Aucune des femmes enceintes testées positives au SARS-CoV-2, symptomatiques et hospitalisées, n'ont eu de MFIU.

D'autres causes peuvent être suspectées, telles que la baisse de la surveillance des femmes enceintes, qui limitaient d'autant plus leurs consultations qu'elles craignaient d'être contaminées à l'hôpital. Il semble, par exemple, que l'hypertension gravidique ait été sous-estimée durant cette période.

Les mois comparés correspondaient à des saisons différentes, mais il semblerait qu'il n'y ait pas de saisonnalité des MFIU au Royaume Uni.

Dr Catherine Vicariot

Référence
Khalil A et coll.
Change in the Incidence of Stillbirth and Preterm Delivery During the COVID-19 Pandemic.
JAMA, 2020 ; publication avancée en ligne le 10 juillet. doi:10.1001/jama.2020.12746

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