
Dans cette situation inédite et difficile, il était permis de s’inquiéter pour la prise en charge nutritionnelle des patients suivis en oncologie. De nombreux travaux ont en effet montré que cette prise en charge n’est pas toujours optimale en temps « ordinaire ». Or, la dénutrition des patients a un effet négatif sur l’efficacité et la toxicité des traitements, altère la qualité de vie des patients et aggrave le pronostic de survie de ces derniers.
La prise en charge nutritionnelle des patients suivis en oncologie reste donc essentielle, même en temps de crise sanitaire. L’équipe d’un hôpital de Pavie en Lombardie, touché très tôt par la pandémie, a décrit la réorganisation qu’elle a mise en place très rapidement pour maintenir un support nutritionnel pour les patients suivis en oncologie tout en respectant leur sécurité et celle des professionnels de santé.
Informer en amont pour lutter contre les fake-news
Ces mesures visaient au maintien de la dispensation de conseils nutritionnels, à la fois aux patients hospitalisés et à ceux vus en consultation externe. Au moment de la sortie d’hospitalisation, un livret était remis aux patients et y étaient notés des conseils nutritionnels et des précisions concernant les nombreuses fake-news alléguant de l’effet protecteur de certains régimes et susceptibles de détériorer le statut nutritionnel des patients. De plus, des compléments nutritionnels étaient délivrés directement aux patients à risque de dénutrition.Pour le suivi à distance, des points réguliers étaient assurés par les diététiciens et les nutritionnistes de l’équipe, au cours de contacts téléphoniques planifiés avec les patients, les résultats biologiques étaient surveillés par mails et la prise en charge nutritionnelle des patients adaptée, en tenant compte du traitement en cours et en accord avec les oncologues.
Le digital pour lutter contre la dénutrition
Enfin, les nouvelles technologies ont été mises à profit. Outre la télémédecine, rapidement développée pour assurer des consultations de nutrition en ligne, l’équipe a en effet opté pour une application sur smartphone pour obtenir rapidement une évaluation du risque de dénutrition. Cette application permettait aussi aux patients d’obtenir de l’aide grâce à des données multimédias et des contenus iconographiques.Les auteurs reconnaissent que cette réorganisation à marche forcée a constitué un véritable défi. Ils considèrent toutefois que le maintien de la prise en charge nutritionnelle des patients doit être garanti, tout au long du traitement curatif, pour prévenir les conséquences négatives de la dénutrition sur le pronostic et la qualité de vie.
Dr Roseline Péluchon