Le dépistage actuel est trop déconnecté de l’enjeu médical : une interview de François Blanchecotte
Paris, le lundi 7 septembre 2020 - Le ministre de la
Santé a promis ce week-end que l’accès aux tests allait être
amélioré dans les prochaines semaines alors que les délais
d’attente continuent d’exploser. « Il y a un délai d'accès aux
laboratoires pour se faire tester, des files d'attente à Paris ou
ailleurs et actuellement il faut en moyenne 3,5 jours pour se faire
tester » a ainsi reconnu le ministre de la Santé. Cette situation
empêche un contrôle efficace de l’épidémie, alors que le ciblage
médical semble loin d’être aujourd’hui le fil conducteur des
opérations de dépistage. C’est ce que déplore avec force dans nos
colonnes le président du Syndicat national des biologistes médicaux
(SNBM), le docteur François Blanchecotte qui attend ardemment que
l’aspect médical soit de nouveau au centre de
l’organisation.
JIM.fr : Quels sont, pour les patients munis d’une
ordonnance, les délais moyens d’attente pour l’obtention d’un
dépistage par RT-PCR de l’infection par SARS-Cov-2 dans les grandes
villes ? Quels sont les délais moyens actuels d’obtention des
résultats ? Ces délais vous semblent-ils permettre un contrôle
efficace de l’épidémie, grâce à l’isolement des cas positifs
?
Docteur François Blanchecotte : Depuis le 14 juillet et
l’accès au dépistage à tous sans ordonnance, les motifs dépistage
sont très divers. Si nous n’avons pas immédiatement assisté à une
forte vague, elle est désormais certaine. Aussi, n’est-il quasiment
plus possible d’organiser des rendez-vous, qui compte tenu de
l’afflux de patients, conduisent à des délais très importants.
Donc, désormais, l’organisation de la majorité des laboratoires est
de réserver des plages horaires dédiées au dépistage de la Covid,
avec une activité très rapide : à raison par exemple à Paris d’une
minute par prélèvement et une minute par enregistrement. Dans ce
cadre, l’attente se compte plutôt en heures. Par ailleurs, les
centres sont très largement externalisés, même si pour des raisons
de praticité, les drive ne sont désormais plus privilégiés. D’une
manière générale, nous avons beaucoup de mal à gérer l’afflux
massif de patients qui a pris de l’ampleur depuis l’annonce du
président de La République. Il existe un réel problème
d’organisation des soins.
Des résultats disponibles souvent après 72 heures
La question du délai d’obtention des résultats est très
sensible. Il y a quelques temps, les standards des laboratoires
étaient dépassés par les appels pour des prises de rendez-vous,
aujourd’hui, ce sont des appels pour obtenir les résultats, ce qui
est encore plus dommageable. Les exigences de certaines compagnies
aériennes doivent notamment être évoquées : aujourd’hui, je
recommande à mes adhérents de ne plus s’engager à livrer des
résultats dans le cadre de la préparation d’un voyage en avion. En
effet, nous voyons se profiler des poursuites judiciaires,
intentées par des patients qui n’ont pas pu embarquer faute de
résultat, et qui se retournent contre les laboratoires car leur vol
n’a pas été remboursé. Le délai d’obtention des résultats a
considérablement augmenté. Aujourd’hui il n’est pas rare qu’il
dépasse les 72 heures.
Ce qui est plus grave, c’est que face à cet afflux de
patients, il nous semble que nous perdons la notion de patient
prioritaire qui reste celui qui a consulté un médecin, celui qui
présente des symptômes ou les personnes ayant été en contact direct
avec un cas positif.
Une discordance entre ce qui serait efficace et ce qui
se fait sur le terrain
La question du contrôle de l’épidémie est complexe. Il faut
rappeler la proportion : nous réalisons aujourd’hui un million de
tests par semaine et autour de 4 % de tests sont positifs. Nous ne
sommes donc plus du tout dans la même configuration qu’au
printemps. Par ailleurs, pour l’heure, nous ne déplorons pas encore
de réelle augmentation des hospitalisations et des admissions en
réanimation. Enfin, les cas que nous dépistons concernent souvent
des jeunes asymptomatiques et nous pouvons nous interroger :
suivent-ils la quatorzaine ? Parallèlement, la situation actuelle
conduit sans doute au retard de dépistage de patients à risque. Il
me semble qu’il existe une discordance entre ce qui serait efficace
et ce qui se passe sur le terrain. Tous ces points doivent
interroger concernant la surveillance de l’épidémie.
JIM.fr : Les instructions publiées par la Direction
générale de la Santé (DGS) concernant la priorisation des tests
vous semblent-elles suffisantes pour assurer un dépistage
permettant un réel contrôle de l’épidémie par l’isolement des cas
positifs ?
Dr François Blanchecotte : Ces instructions nous
semblent tout à fait aller dans le bon sens ; nous avons d’ailleurs
directement participé à leur rédaction. Cependant, cela n’est pas
suffisant. Il faut absolument se recentrer sur les personnes
prioritaires, il faut redonner son sens médical au dépistage.
Ainsi, selon nous, les laboratoires doivent prendre en charge les
personnes prioritaires (symptomatiques, cas contacts et public
fragile), tandis que le dépistage pour des raisons de confort peut
être réalisé, si les moyens le permettent, dans des lieux alloués
pour cette activité (gymnases, parcs…). Cela nous permettra
d’assurer pour les personnes pour lesquelles il existe une réelle
raison médicale un dépistage en 24 heures.
JIM.fr : Qu’attendez-vous de plus de la part des Agences
régionales de santé et des pouvoirs publics en la matière
?
Docteur François Blanchecotte : J’attends un véritable
recentrage autour de la décision médicale. Il faut pouvoir d’abord
prendre en charge les personnes qui bénéficient d’une ordonnance
parce qu’elles ont des symptômes et que grâce au système mis en
place au moment du déconfinement (contact tracing) on puisse
également alerter et prendre en charge rapidement les personnes en
contact avec un cas positif (en moyenne sept à huit personnes par
patient), afin d’endiguer les clusters. Parallèlement, dans des
"barnums", on peut de façon structurée s’organiser un dépistage
plus massif. Mais là encore, il semble important de cibler. A Tours
par exemple, il a été question de dépister les 30 000 étudiants
avant la rentrée universitaire. Il semblerait plus pertinent de se
concentrer sur les publics les plus fragiles (étudiants précaires,
vivant dans des conditions de promiscuité) afin de conserver un
réel sens, plutôt que de risquer d’assister à un afflux
difficilement contrôlable, même dans les barnums.
JIM.fr : Connaissez-vous des difficultés d’approvisionnement
concernant les réactifs ? Connaissez-vous des difficultés
d’approvisionnement concernant les équipements de protection
individuelle ?
Dr François Blanchecotte : La difficulté de nombreux
laboratoires aujourd’hui est que beaucoup ont fait le choix de
commander de nouvelles machines. Cependant, la livraison ne se fait
pas dans délai : elle nécessite généralement trois ou quatre
semaines ; auxquelles s’ajoute une période indispensable pour
qualifier la machine (entre une semaine et dix jours). Un temps est
également nécessaire pour connecter le nouvel équipement au système
informatique et au dispositif SIDEP. Cela s’ajoute aux fortes
contraintes qui pèsent aujourd’hui sur les laboratoires. Concernant
l’approvisionnement en réactifs et en équipements, nous sommes
confrontés aux quotas de nos fournisseurs habituels. Nous sommes
donc contraints de diversifier les fournisseurs, et là encore c’est
un défi supplémentaire.
Les autres patients pénalisés par les activités de
dépistage
Il faut en outre rappeler qu’aujourd’hui plus de 90 % des
tests sont réalisés dans le privé. Quand certains centres
hospitaliers réalisent 25 dépistages par jour, certains
laboratoires comme le mien en comptabilisent autour de 3 000
!
JIM.fr : Considérez-vous que l’accès aux soins des autres
patients est aujourd’hui perturbé par l’organisation du dépistage
?
Docteur François Blanchecotte : Absolument. D’abord
parce que le confinement a aggravé de nombreuses pathologies
chroniques, en raison d’un report de soins. D’habitude, les
laboratoires français accueillent 500 000 patients par jour. Et
nous connaissons des difficultés certaines pour assurer une prise
en charge correcte de ces malades. Il faut donc revenir à des
choses censées : réserver des plages horaires pour les patients
symptomatiques et les cas contacts et parallèlement assurer
l’accueil classique de nos malades, afin de que ces derniers ne
patientent trop longtemps.
Le test salivaire pas à l’ordre du jour
Ces derniers sont notamment pénalisés en ce qui concerne le
rendu de leurs résultats. Beaucoup de ceux qui n’ont pas accès aux
nouvelles technologies avaient en effet l’habitude de se rendre
directement dans leur laboratoire, dans la journée, pour les
retirer directement et aujourd’hui l’afflux de patients voulant se
faire tester pour la Covid-19 altère la mise en place de ce service
simple. Cela pose un réel problème : ils doivent parfois patienter
une heure uniquement pour avoir leurs résultats !
JIM.fr : Quelles sont vos informations concernant la mise à
disposition d’un test salivaire ?
Dr François Blanchecotte : Le ministre de la santé
reste encore très réservé, compte tenu de résultats pas
parfaitement satisfaisants en termes de sensibilité et de
spécificité, mais les récents travaux en la matière feront
peut-être évoluer la situation. Se posera cependant également la
question de la prise en charge, alors que les coûts liés au
dépistage sont déjà très importants. Selon mes informations, pour
l’heure, l’arrivée du test salivaire n’est pas à l’ordre du
jour.
JIM.fr : Quelle est l’activité actuelle concernant les
tests sérologiques ? Quelle place devraient-ils avoir selon vous
dans la surveillance de l’épidémie et pensez-vous qu’ils sont
aujourd’hui suffisamment employés ?
Dr François Blanchecotte : Les chiffres dont je dispose qui
remontent au début du mois de juillet font état de 144 000
sérologies, ce qui est à mettre en regard avec les plus de 3
millions de tests PCR réalisés à cette époque dans les
laboratoires. Cela montre que la sérologie ne s’est pas imposée et
reste considérée comme un acte de vérification. Les conditions de
prise en charge actuelles ne devraient pas faire évoluer cet état
de fait.
JIM.fr : Quelle première leçon tirez-vous aujourd’hui de
l’épidémie concernant l’organisation des laboratoires de biologie
médicale ?
Dr François Blanchecotte : Nous n’étions pas prêts.
Seuls 120 plateaux étaient équipés pour réaliser des actes de
biologie moléculaire, ce qui était insuffisant. Il en faudrait sans
doute plus. Il apparaît pour ce faire nécessaire une évolution de
la nomenclature, car elle était très lacunaire concernant les tests
moléculaires.
Par ailleurs, nous avons d’abord été totalement ignorés par
les pouvoirs publics au profit de l’hôpital. L’aspect positif me
semble qu’aujourd’hui les laboratoires sont désormais parfaitement
identifiés par les Agences régionales de santé (ARS) comme un
élément incontournable de l’organisation des soins.
Propos recueillis par Aurélie Haroche le 4 septembre
2020
Vaccination...bravo à nos politiques , un ancien ministre de la santé...
Le 13 septembre 2020
Décret n°2006-1260 du 14 octobre 2006 pris en application de l'article L. 3111-1 du code de la santé publique et relatif à l'obligation vaccinale contre la grippe des professionnels mentionnés à l'article L. 3111-4 du même code Dernière mise à jour des données de ce texte : 15 octobre 2006
NOR : SANP0623239D
Le Premier ministre, Sur le rapport du ministre de la santé et des solidarités, Vu le code de la santé publique, notamment ses articles L. 3111-1 et L. 3111-4 ; Vu l'avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France en date du 19 mai 2006, Article 1 L'obligation vaccinale contre la grippe prévue à l'article L. 3111-4 du code de la santé publique est suspendue.
Article 2 Le ministre de la santé et des solidarités est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Versions Par le Premier ministre : Dominique de Villepin Le ministre de la santé et des solidarités, Xavier Bertrand
Test gratuit
Le 13 septembre 2020
La deresponsabilisation a un résultat à interpréter !
Dr Jean Philippe
Y a t il un pilote dans l'avion
Le 13 septembre 2020
Au début de l'épidémie, n'allez pas voir votre médecin ... appelez le 15. Le 15 débordé, ne peut répondre aux appels urgents du fait de la saturation des lignes. Maintenant, testez, testez testez, ils n'ont décidément rien appris. Ces ministres ne connaissent pas les capacités du système de santé et utilisent les ressources à tort et à travers, paralysant le système de santé et dépensant sans compter. S'agit il d'incompétence ou de démagogie ?