
Lisbonne, le mercredi 23 septembre 2020 – Le dernier rapport
de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT),
publié ce mardi, constate une importante augmentation des overdoses
chez les plus âgés.
L’usage de drogue est une des causes de mortalité évitable les
plus importantes en Europe. Les usagers de drogue ont entre cinq et
dix fois plus de risque de mourir dans l’année que les autres
personnes du même âge. Au-delà de l’augmentation du risque de la
prévalence de maladies cardiaques et respiratoires et de
l’exposition à des causes de morts violentes, la consommation
régulière de drogue expose également l’usager à un risque
d’overdose mortelle. En 2018, ce sont ainsi 9 221 Européens
(Turquie inclue) qui sont morts d’une overdose de stupéfiants,
selon le dernier rapport de l’OEDT publié ce mardi. Un chiffre en
légère baisse, puisqu’ils étaient 9 500 à avoir succombé en
2017.
Les trois quarts des victimes d’overdose sont des hommes, avec
un âge moyen de 41 ans. Si la mortalité baisse chez les plus
jeunes, elle a en revanche augmenté de 75 % chez les personnes de
plus de 50 ans. 90 % des décès par overdose sont liés à une
consommation d’opioïdes, principalement de l’héroïne. Les pays du
nord (Royaume-Uni et Scandinavie) sont de loin les plus
touchés.
Augmentation des ravages de la cocaïne et du cannabis
Au-delà de la question des overdoses, le rapport insiste sur
plusieurs phénomènes et notamment sur l’augmentation de
l’importation de cocaïne en Europe. Les saisies ont atteint des
chiffres record en Europe, notamment dans les points d’entrée que
sont l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas et les auteurs du
rapport s’inquiètent de « l’infiltration par les grands groupes
criminels organisés des routes maritimes et des ports ». La
cocaïne est donc de plus en plus accessible et surtout de plus en
plus pure (malgré une stagnation du prix), ce qui accroit ses
effets néfastes sur la santé publique. Partout ou presque en Europe
la consommation de cocaïne et ses dérivés (notamment le crack) a
augmenté, ainsi que les hospitalisations et les morts.
Même constat ou presque concernant le cannabis. Le nombre
d’usagers reste très important notamment chez les jeunes. 15 % des
jeunes européens de 15 à 34 ans déclarent en avoir consommé au
moins une fois dans l’année tandis que 1 % de la population déclare
en faire un usage quotidien. La tendance, observée depuis plusieurs
années, de l’augmentation de la teneur en THC dans le cannabis
vendu par les trafiquants, se confirme ce qui, là aussi, augmente
malheureusement les conséquences sanitaires de la consommation de
cannabis. En 2018, 135 000 Européens ont entamé un traitement pour
des problèmes de santé liés à l’usage de cannabis, une augmentation
de 64 % sur les 12 dernières années.
Usagers et trafiquants s’adaptent au confinement
Si le rapport de l’OEDT s’appuie principalement sur les
chiffres de 2018, les derniers stabilisés dans ce domaine, quelques
observations sont faites sur l’impact de l’épidémie de coronavirus
sur la consommation de stupéfiants. Comme tout le monde, les
toxicomanes et les trafiquants ont dû s’adapter à cette situation
sans précédent et notamment aux mesures de confinement prises en
Europe. Sans surprise, une baisse de la consommation des drogues «
festives » (MDMA et cocaïne) est observée à l’inverse de
celle des drogues anxiolytiques (cannabis), en augmentation. Le
confinement a également renforcé une évolution déjà observée depuis
plusieurs années des modes d’acquisition des stupéfiants : les
usagers ont de plus en plus recours à l’achat à distance, via les
réseaux sociaux et le darknet.
QH