Vivre avec le vieillissement de la société : un défi pour la France... et pour Emmanuel Macron
Paris, le mercredi 23 septembre 2020 – Emmanuel Macron a raté
depuis le début de son quinquennat son rendez-vous avec les plus de
65 ans, ainsi qu’avec les futurs sexagénaires. D’une manière
générale et plus encore face à l’épidémie de Covid-19. En décidant
d’augmenter la CSG des retraités (avant de faire partiellement
machine arrière), en organisant une réforme de l'impôt sur la
fortune excluant les biens immobiliers, en défendant une réforme
des retraites crispant une majorité de Français et en renvoyant
toujours à après l’adoption d’une grande loi sur l’autonomie, il a
multiplié les motifs de déception. Face à l’épidémie de Covid-19,
son ton et plus encore celui de son gouvernement a été considéré
comme infantilisant.
Protéger sans isoler
Cependant, ces dernières heures, Emmanuel Macron a manifesté
qu’il croyait encore possible de sauver son lien avec les plus âgés
(voire peut-être son quinquennat). D’abord, concernant l’urgence de
la crise sanitaire, il a exclu un nouvel isolement de « nos
aînés ». « Nous allons accompagner les responsables
d'établissements pour que des règles soient édictées qui permettent
justement une réaction proportionnée (…) Il faut permettre aux
personnes âgées de continuer à voir la famille, celles et ceux
qu'on aime, et continuer à avoir (...) un minimum d'activité, de
continuer à avoir des interactions parce que c'est aussi cela la
vie » a ainsi défendu le Président de la République, après
avoir entendu en visite à Bracieux le récit de personnels
d’établissement déplorant l’enfermement et la cessation de tout
lien social décidés au printemps.
Une loi très ambitieuse… mais encore floue
Au-delà de la situation actuelle, et sans doute pour que le
souvenir de son quinquennat ne se résume pas qu’à une succession de
crises mais puisse également se concentrer sur quelques mesures
phares, Emmanuel Macron a promis la présentation au début de
l’année prochaine d’une loi « extraordinairement ambitieuse
» concernant la prise en charge de l’autonomie et d’une manière
générale le grand âge. « Il faut avoir une réponse qui va de la
prévention au médical, un décloisonnement. Il faut savoir comment
nous redonnons une place à nos aînés pour vivre heureux dans la
société, au maximum avec leur famille, aussi longtemps qu'ils le
souhaitent et que les familles le souhaitent, ou en couple, ou à
domicile, et quand c'est nécessaire, soit par intermittence soit
ensuite de manière durable, dans des établissements adaptés »
a-t-il développé. Il a encore promis une forte revalorisation des
métiers trop négligés associés à la prise en charge des plus
âgés.
Des moyens avant les phrases
La question du financement n’a cependant pas été abordée, même
si la création d’une cinquième branche devrait être actée dans le
cadre du projet de loi de financement pour la sécurité sociale.
Pour l’abonder (à hauteur d’un milliard dès 2021 et de 3 à 5
milliards à l’horizon 2024), quelques pistes sont à l’étude comme
celles avancées par l’inspecteur des finances Laurent Vachey,
telles raboter quelques "niches fiscales", augmenter la CSG
des retraités ou réduire certaines allocations. Néanmoins,
l’absence de certitudes concernant les moyens, pour répondre aux
difficultés actuelles et aux enjeux de demain, est déjà regrettée
par les responsables d’établissements pour personnes âgées
dépendantes.
Le Président de la République « n'annonce toujours aucun
financement nouveau pour répondre à l'urgence et à la situation
extrêmement dégradée du secteur » a ainsi commenté
l’AD-PA.
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