Et pendant ce temps, monte la fièvre (jaune)...

Paris, le mardi 6 octobre 2020 - Un an de retard : c’est un peu le résumé du bilan publié par l’OMS sur la fièvre jaune (FJ)*. Si en 2019 la plus grande conférence sur la FJ a été organisée au Brésil, réunissant les pays décidés à unir leurs forces contre la ré-émergence épidémique dans les deux continents touchés (Afrique et Amérique), la lutte est contrariée par la pandémie de COVID-19.

La dengue aussi

Malgré l’existence d’un vaccin particulièrement efficace, les épidémies de FJ n’ont pas cessé, réapparaissant même là où elles avaient sévi il y a longtemps, comme au Brésil dans les régions de Rio et Sao Paulo. L’OMS parle pour 2019 d’une « transmission à grande échelle ». Flambées en cours (Nigeria, Ouganda, Brésil) ou menaçantes (Mali, RDC, Soudan du Sud), cas sporadiques (Gabon, Libéria, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Vénézuela, Pérou, Bolivie), chaque évènement illustre les aspects épidémiologiques et de riposte à cette maladie. Ainsi les populations à risque sont principalement des travailleurs ou habitants salvatiques -le virus reste endémique en forêt-, souvent les plus difficiles à vacciner (éloignement, insécurité, déplacements, catastrophes...). La détection des cas nécessite des systèmes de surveillance réactifs, des enquêtes cliniques et épidémiologiques et des diagnostics fiables, parfois mis à mal par la présence concomitante de la dengue, également due à un flavivirus à ARN monocaténaire et tout aussi recrudescente.

L’OMS a l’EYE

Mais c’est la COVID19 qui nuit le plus, bouleversant systèmes et priorités de santé. Selon les pays, les programmes de lutte contre la FJ pourraient reprendre fin 2020 ou début 2021, soutenus par EYE, stratégie de l’OMS d’élimination des épidémies de fièvre jaune, qui favorise les progrès techniques et la coopération internationale. Ainsi l’Afrique, où 33 pays ont formé leur personnel de laboratoires aux diagnostics sérologique et moléculaire, dispose désormais de trois laboratoires de référence : celui de Dakar (Sénégal) qui reste le pilier, et ceux d’Entébé (Ouganda) et Yaoundé (Cameroun) ; l’expédition des échantillons y met désormais 4 jours au lieu de 21 auparavant.

Des millions de personnes restent encore à vacciner ; certains pays ont inclus la FJ dans la vaccination systématique, d’autres prévoient des campagnes de renforcement dans les territoires à risque mal couverts.

Notons que la lutte contre la FJ pourrait s’appuyer sur d’autres programmes mis en place localement auprès des populations contre d’autres maladies : méningite, poliomyélite, ROR, et peut-être bientôt COVID-19 ?

* https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/333915/WER9534-eng-fre.pdf

Dr Blandine Esquerre

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