
Manaus, le lundi 12 octobre 2020 – Les populations indigènes
d’Amérique et notamment au Brésil seraient particulièrement frappés
par la Covid-19, victimes de leur isolement et du manque de
considération des autorités.
Au XVIème siècle, l’importation par
les Européens de maladies inconnues des Amérindiens, comme la
variole ou la rougeole, avait décimé les populations indigènes,
provoquant la mort de plus de 50 % d’entre eux en quelques
décennies. Aujourd’hui, les Indiens d’Amérique doivent à nouveau
faire face à un virus mortel importé par l’homme blanc, qui les
frappe dans des proportions heureusement moins dramatiques : la
Covid-19.
Taux de mortalité deux fois supérieur pour les Indiens
Bien que les chiffres soient difficiles à obtenir, il semble
que partout en Amérique, les indigènes soient touchés par
l’épidémie de coronavirus dans des proportions supérieures au reste
de la population. Les chiffres officiels aux Etats-Unis, où les
statistiques raciales sont de coutume, nous donnent une idée de la
situation : les Amérindiens présentent un taux de mortalité de 60,5
morts pour 100 000 habitants, un chiffre deux fois supérieur à
celui des Américains blancs.
La situation semble toutefois différente selon les régions et
l’attitude des autorités envers les autochtones. Au Canada, la
bonne entente entre le gouvernement fédéral et les tribus a permis
de protéger les Amérindiens qui ont mené des politiques de
confinement au pic de l’épidémie. A l’inverse, aux Etats-Unis, la
volonté des Cheyennes de s’isoler du reste du pays a soulevé une
polémique et déclenché une bataille judiciaire.
Les Indiens du Brésil livrés à eux-mêmes
Mais c’est au Brésil que les peuples premiers sont les plus
vulnérables. La nouvelle pandémie vient s’ajouter à des conditions
de vie déjà difficiles. En raison de leur faible immunité, de
l’absence de soins de qualité et de la prévalence de certaines
maladies chroniques (diabète et hypertension notamment), les
Indiens d’Amazonie ont en effet une espérance de vie de 20 ans
inférieur à celle des autres Brésiliens. Les amérindiens doivent
aussi vivre avec le mépris et le manque de considération
traditionnel du gouvernement fédéral, qui s’est encore accru avec
l’arrivée au pouvoir du président d’extrême-droite Jair
Bolsonaro.
Plus de 800 Indiens du Brésil sont morts depuis le début de la
pandémie, pour une population d’environ 700 000 personnes. Les
médecins de l’organisation Médecins Sans Frontières venu au chevet
des populations indigènes décrivent une situation extrêmement
difficile où les autochtones sont livrés à eux-mêmes, sans tests ni
accès aux soins les plus élémentaires.
Nicolas Barbet