
SOS 2007 : réduction de 29 % de la mortalité globale (suivi de près de 11 ans)
Les résultats d’une étude contrôlée dite SOS (Swedish Obese
Subjects) study, publiés en 2007, avaient révélé que
cette chirurgie lourde réduisait la mortalité globale des patients
obèses de 29 % au terme d’un suivi moyen de 10,9 années. Cependant,
le tableau n’est pas sans ombres.
En premier lieu, le risque relatif de décès reste élevé même
dans les suites de telles interventions. Par ailleurs, seule une
minorité de patients éligibles s’engage dans l’option chirurgicale,
eu lien avec le rapport bénéfice/risque qui ne leur apparaît pas
toujours claire. Le facteur le plus motivant qui soit serait de
leur annoncer, preuves à l’appui, que la chirurgie bariatrique
porte ses fruits sur le très long terme en réduisant certes la
mortalité mais aussi le handicap et la morbidité qui menacent les
patients les plus lourds.
SOS 2020 : recul de plus de 20 ans
C’est là qu’intervient à nouveau l’étude SOS au travers d’un prolongement qui ne doit plus rien à la randomisation initiale. En effet, le traitement des données a reposé sur le modèle des risques proportionnels de Gompertz par régression, initialement conçu pour l’étude de la dynamique des populations. Ce modèle inclut à la fois le risque et l’âge dans une équation qui a fait ses preuves dans l’étude de la distribution des taux de mortalité en fonction du temps, tout en connaissant des limites inhérentes à toute modélisation.Le modèle de Gompertz été utilisé pour comparer la mortalité et l’espérance de vie dans trois groupes suivis à long terme, les deux premiers étant en grande partie issus de la SOS study donc composés de patients obèses : (1) chirurgie bariatrique (n=2 007) ; (2) traitement standard (n=2040) ; (3) échantillon composé au hasard à partir de la population générale Suédoise (n= 1135). Au moment de l’analyse des données (31 décembre 2018), la durée médiane du suivi pour ce qui est de la mortalité a été de 24 ans (écart interquartile EIQ 22 à 27) dans le groupe chirurgie, versus 22 ans (EIQ 21 à 27) dans le groupe de référence. Au total, la mortalité a pu être estimée de manière valable dans 99,9 % des cas … 100 % dans la cohorte exclusivement issue de la SOS study.
Avantage à la chirurgie bariatrique
Au total, 457 patients (22,8 %) sont décédés dans le groupe
chirurgie, versus 539 (26,4 %) dans le groupe traité
médicalement, ce qui conduit à un hazard ratio (HR) de 0,77
(intervalle de confiance à 95 % ; [IC], 0,68 à 0, 87; p<0,001).
Pour ce qui est de la mortalité cardiovasculaire, le HR
correspondant a été estimé à 0,70 (IC 95%, 0,57 à 0,85),
versus 0,77 (IC 95 % 0,61 à 0,96) pour ce qui est des décès
liés à un cancer.
Par rapport au groupe de référence, l’espérance de vie médiane
et ajustée a été plus longue de 3,0 années (IC 95 %, 1,8 à 4,2)
après chirurgie bariatrique, mais par rapport à la population
générale, elle est restée nettement plus courte… la différence
étant estimée à -5,5 années. La mortalité post-opératoire au
90ème jour après l’intervention a été
faible de l’ordre de 0,2 %, mais dans 2,9 % des cas, une
réintervention s’est avérée nécessaire.
Ces résultats s’inscrivent dans le prolongement de la SOS
study, mais ils ne doivent plus rien… au hasard, puisqu’ils
sont le fait d’une comparaison entre trois groupes constitués a
posteriori, dont un issu de la population générale. Ils n’ont
donc pas le même poids que celui des résultats publiés en 2007 qui
étaient le fruit de l’essai randomisé initial.
Dr Peter Stratford