Près de 2 000 morts de la canicule cet été en France

Paris, le lundi 26 octobre – Selon le bilan établi et publié par Santé Publique France, les épisodes caniculaires de cet été ont provoqué la mort de 1 924 personnes.

La (sur)médiatisation de l’épidémie de Covid-19 nous ferait (presque) oublier que les Français sont sujets à d’autres cause de mortalité « évitable » dont certaines sont parfois plus meurtrières que la pandémie qui occupe continuellement nos esprits. Ainsi, durant l’été dernier, alors que le taux de mortalité du coronavirus était très faible (environ 800 morts en juillet/août en France), les différentes vagues de chaleur qui ont touché notre pays ont couté la vie à près de 2 000 personnes en quelques semaines, selon le bilan publié par Santé Publique France mardi dernier.

Durant l’été 2020, les services météorologiques ont comptabilisé trois vagues de chaleur ou épisodes caniculaires, qui définis par un dépassement des seuils d’alerte pendant trois jours consécutifs (les températures correspondant à ces seuils d’alerte différent selon les régions). La plus importante a eu lieu du 7 au 13 août dernier et a concerné 64 départements soit 48 millions de personnes.

Bilan meurtrier dans le nord de la France

Au total, ces épisodes caniculaires ont conduit à 1 924 décès en excès, soit une augmentation de la mortalité de 18,3 % durant les périodes considérées. Les personnes âgées sont, comme à chaque épisode caniculaire, les plus durement touchées : 1 377 personnes de plus de 75 ans sont décédés, soit une surmortalité de 20 %. Mais, un peu comme pour le coronavirus, Santé Publique France insiste sur le fait que les populations plus jeunes ne sont pas épargnées. Une surmortalité non négligeable de 12 % est ainsi observée chez les personnes âgées de 45 à 64 ans.

Les régions du nord de la France, où les températures ont atteint des records de chaleur, ont été les plus durement touchées. Les Hauts de France comptent ainsi près de 450 morts en excès, soit une surmortalité de 46 %. L’augmentation de la mortalité est également importante dans les Pays de la Loire (34 %) et en Normandie (28 %) (soit trois régions peu habituées aux vagues de chaleur). La canicule a également mis à rude épreuve nos hôpitaux, avec 15 000 passages aux urgences liés à la canicule entre le 1er juin et le 15 septembre, soit 15 % des passages durant cette période. En moyenne, une vague de chaleur multiplie par 2,5 les passages aux urgences. Doit être ajouté à ce bilan 12 accidents du travail mortels liés à la canicule.

Une politique sanitaire efficace

Bien que de plus faible intensité que celles des années précédentes (excepté dans le nord de la France), la canicule de l’été 2020 a été plus meurtrière que celles des années précédentes. A titre de comparaison, la canicule de 2019 avait tué 1 462 personnes. Le réchauffement climatique risque malheureusement de rendre ces épisodes caniculaires et ces étés meurtriers de plus en plus fréquents. La canicule de 2020 est ainsi la quatrième que connait notre pays en seulement 6 ans.

Mais aussi tragique qu’il soit, ce bilan de 2 000 morts est sans commune mesure avec celui de la canicule de 2003 qui avait tué en quelques jours près de 15 000 personnes en France (et 70 000 dans toute l’Europe). Un signe que les différentes mesures de prévention sanitaire mises en place depuis 2004 portent leurs fruits. Des mesures qui visent notamment à alerter la population sur les risques liées aux grandes chaleurs. A ce titre, Santé Publique France estime que la surmortalité importante de cet été pourrait être en partie liée à la « forte visibilité des mesures de prévention contre l’épidémie de Covid-19 » qui ont pu « diminuer la perception du risque caniculaire ». A trop vouloir se protéger des virus, les Français en auraient oublié la météo.

Nicolas Barbet

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