Se prendre en main

Tunis, le samedi 7 novembre 2020 - Pour l’Afrique, la fuite des diplômés vers les pays occidentaux est une préoccupation majeure. Elle accroit en effet la dépendance des pays du continent vis-à-vis de l’Europe, des Etats-Unis ou de l’Asie. Or, la pandémie de Covid-19 a rappelé une nouvelle fois l’importance pour ces états de pouvoir disposer de ressources de proximité. Et au-delà du contexte épidémique, cette constatation est récurrente. Jeune ingénieur de l’école nationale de Sousse (Tunisie), Mohamed Dhaouafi observe ainsi par exemple, qu’outre les questions de coût, l’accès aux prothèses est très difficile en raison de leur importation systématique. Et, « une prothèse importée aujourd'hui, ce sont des semaines, voire des mois d'attente à l'achat, et à chaque réparation ».

Adaptabilité

Aussi, Mohamed Dhaouafi a-t-il créé avec quelques autres ingénieurs une start up dont l’objectif est la production locale de prothèses de main bioniques, devant répondre à différents critères : économiques, géographiques et ergonomiques. Ainsi, le dispositif qu’il a conçu, grâce notamment aux fonds remportés à l’occasion de sa participation à différents concours internationaux (il a notamment été distingué par la MIT Technology Review) repose sur l’impression en 3D, ce qui non seulement permet d’en réduire le coût, mais facilite également l’adaptation de la prothèse à la morphologie des patients (et permet également de remplacer facilement les pièces en cas de dysfonctionnements ou pour les enfants quand ils grandissent). Son autre atout est qu’elle se recharge grâce à l’énergie solaire, ce qui est une propriété appréciable dans certaines régions d’Afrique connaissant encore de nombreuses coupures d’électricité. Le coût demeure cependant élevé et loin d’être accessible aux familles africaines les plus pauvres puisqu’il varie entre 2 000 et 3 000 dollars.

Barrages

Mohamed Dhaouafi ne cache pas la dimension personnelle d’un tel exploit, en insistant notamment sur le fait qu’à la différence de nombreux de ses camarades il n’a pas choisi de quitter son pays. « Je voulais prouver que je pouvais le faire, mais aussi marquer l'histoire, changer la vie des gens » explique-t-il cité par France TV. Cependant, il n’ignore pas les nombreux obstacles sur son chemin et cite notamment les difficultés de commande de pièces  sur les plateformes internationales ou encore les financements limités. « La douane n'est pas bien formée pour identifier les composants et l'importation est trop compliquée, on est parfois bloqué plusieurs mois. En Tunisie, on a tout pour réussir, mais on manque de visionnaires au sein de l'Etat » commente-t-il.


Léa Crébat

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article