Macron veut injecter une dose de démocratie dans nos vaccins
Paris, le jeudi 26 novembre – Le Président de la République a
annoncé ce mardi soir qu’un collectif de citoyens sera créé pour
participer à l’élaboration de la campagne de vaccination.
Depuis l’annonce du plan d’allégement du confinement par
Emmanuel Macron ce mardi soir, de nombreuses questions se posent
sur la future campagne de vaccination contre la Covid-19, enjeu
essentiel de la lutte contre le virus. Le chef de l’État a
notamment annoncé que la vaccination pourra commencer dès la fin
décembre, sans préciser quel vaccin sera utilisé et que les
personnes fragiles (et notamment les plus âgées) seront
prioritaires. Il a également expliqué que la vaccination ne sera
pas obligatoire. Enfin, point qui soulève de nombreuses
interrogations, il a dit vouloir créer un « comité scientifique
chargé du suivi de la vaccination » et surtout un énigmatique «
collectif de citoyens ».
Un collectif aux pouvoirs inconnus
Aucune précision n’a pour l’instant été donnée sur la forme
que prendra ce collectif. Totalement inattendue, cette annonce
semble même avoir pris de cours une partie de l’exécutif. On ignore
donc totalement la forme que prendra cet organe. Déjà le 9 novembre
dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS), dans ses recommandations
sur la politique de vaccination, avait mis en avant la «
nécessité d’impliquer le public dans le processus de
décision » sans plus de précisions. Peut être ce collectif
prendra la même forme que la convention citoyenne sur le climat
créé en octobre 2019, à savoir une assemblée de 150 citoyens tirés
au sort, mais rien n’est moins sûr.
Aucune précision non plus sur les futurs pouvoirs de ce
collectif. Le Président de la République a seulement expliqué que
le collectif permettra « d’associer plus largement la
population » sans plus d’explications. Le collectif
prendra-t-il des décisions, ou rendra-t-il seulement des avis ?
Est-ce qu’il travaillera en association avec le comité
scientifique, contre lequel il aurait par exemple un droit de veto
? Toutes les spéculations sont possibles à ce stade.
Si la forme et les missions de ce collectif sont pour
l’instant inconnues, sa raison d’être est claire : lutter contre la
méfiance envers les vaccins et faire œuvre de transparence. La
population française est, on le sait, malheureusement l’une des
plus réticentes à la vaccination. Dans un sondage réalisé en 2019,
19 % des Français disaient ne pas croire en l’efficacité des
vaccins, le taux le plus élevé au monde. Et face à des vaccins
nouveaux au fonctionnement inconnu comme le sont certains de ceux
contre la Covid-19, l’inquiétude est décuplée. Selon les dernières
enquêtes d’opinion, seulement 54 % des Français se disent prêt à se
faire vacciner contre le coronavirus (contre 87 % des Indiens ou 79
% des Britanniques).
Science et démocratie ne font pas bon ménage
Combattre ces réticences et emporter l’adhésion du public est
bien sûr essentiel pour assurer l’efficacité de la future campagne
de vaccination. Mais difficile de dire si la création d’un
collectif de citoyens est le bon outil pour atteindre ces
objectifs. Par le passé, les consultations citoyennes sur des
sujets scientifiques ont rarement été couronnées de succès, les
autorités décidant finalement de passer outre l’avis de ceux-là
même qu’ils avaient consultés. En 2016, l’exécutif avait ainsi
lancé une « concertation nationale » sur la vaccination pour
combattre la montée des idées antivaccins. Mais lorsque les
conclusions de la concertation avaient été publiées, certains des
jurys citoyens qui avaient été constitués ont regretté que leurs
propositions n’aient pas été prises en compte. L’abandon récent par
les parlementaires de plusieurs propositions de la convention
citoyenne sur le climat est un autre exemple de la difficulté des
élus à jouer le jeu de ces consultations citoyennes.
Enfin, sur le plan théorique, si l’on peut se réjouir que le chef
de l’État tente (en apparence) de combler le déficit démocratique
de notre pays en associant les citoyens à la prise de décision, le
terrain scientifique ne nous semble pas être le plus adapté à la
pratique de la démocratie participative. Si tout citoyen peut avoir
un avis éclairé sur des questions politiques ou éthiques, il est au
contraire nécessaire d’être un scientifique pour répondre à des
questions scientifiques. Si la démocratie est basée sur le principe
de l’isegoria, selon lequel la parole de chacun est égale, ce n’est
pas forcément le cas pour des problèmes techniques ou
scientifiques. En matière de vaccination, l’avis d’un virologue,
d’un infectiologue, d’un épidémiologiste ou d’un spécialiste en
santé publique vaudra toujours plus que celui d’un profane.
Encore un tour de passe-passe qui consiste à faire croire que les "citoyens" pourraient participer activement à une décision! Qui peut croire que les avis de la Convention sur le climat aient été réellement pris en compte? On a déjà vu comment ils étaient niés! Et, de plus, s'il fallait "associer" les citoyens, pour quoi n'est ça pas au Parlement que cela devrait se passer, avec des auditions de scientifiques précisément? On ne peut pas accepter en permanence comme on le voit depuis le début de cette crise (et même avant) que nos députés soient ainsi mis de côté pour des assemblées de citoyens, quels que soient ceux qui y participent.
Dr Fanny Cohen
Citoyenneté participative
Le 29 novembre 2020
On nous rejoue le coup de la participation citoyenne. Mais après le référendum de Maastrich, puis celui de Notre Dame des Landes (sous la présidence d'E. Macron), demander l'avis des citoyen relève désormais d'une technique éventée d'enfumage! Notre président ne fera pas une fois de plus mentir l'adage:
La dictature, c'est "Ferme là", la démocratie c'est "Cause toujours".
Dr Didier Pomares
Députés mis de côté
Le 29 novembre 2020
Nos députés ne représentent-ils pas le peuple français ? Laissons les réfléchir et voter pour les mesures à prendre pour la pandémie. Il faudra cependant qu'ils mettent de côté tout esprit partisan.