Un rideau de fer s’est-il abattu sur la planète vaccinale ?
Amsterdam, le lundi 7 décembre 2020 – Parmi les cinq vaccins
contre la Covid-19 retenus et précommandés par l’Union Européenne,
on ne trouve que des vaccins occidentaux. L’Europe ne semble pas
s’intéresser aux vaccins russes et chinois.
Mercredi dernier, le Royaume-Uni devenait le premier pays du
monde à valider l’utilisation à grande échelle du vaccin contre la
Covid-19 développé par le laboratoire américain Pfizer et la firme
allemande BionTech. Ce même vaccin devrait recevoir l’aval de
l’Agence européenne du médicament d’ici le 29 décembre, tandis
qu’une réponse devrait être donné pour le vaccin du laboratoire
américain Moderna d’ici le 12 janvier. Trois autres vaccins ont été
retenus par l’Union Européenne pour une évaluation et ont déjà fait
l’objet de pré-commande : les vaccins d’AstraZeneca, de Johnson
& Johnson et de Sanofi.
Des vaccins qui ont pour point commun d’avoir été élaboré par
des firmes occidentales,. Exit donc les vaccins russes et chinois
qui ne semblent pas les bienvenus en Europe. La Russie avait été
pourtant le premier pays à avoir annoncé, le 11 août dernier, la
mise au point d’un vaccin contre la Covid-19. Baptisé Spoutnik-V
(en référence au premier satellite artificiel soviétique Spoutnik),
ce vaccin est conçu à partir d’adenovirus, une technologie
similaire à celle des laboratoires Astrazeneca et Johnson &
Johnson. Selon les autorités russes, ce vaccin aurait une
efficacité de 92 %. Depuis ce dimanche, une campagne de vaccination
a débuté à Moscou à destination des médecins et des
enseignants.
Un million de Chinois déjà vacciné
Quand aux vaccins chinois, ils seraient quatre à être entrés
en phase 3 des tests, même si les informations à leur sujet sont
assez parcellaires. Les deux vaccins élaborés par Sinopharm et
celui élaboré par Sinovac, les plus avancés, reposent sur la
technique dite du vaccin inactivé, la méthode de production d’un
vaccin la plus simple et la plus classique, puisqu’elle est celle
utilisée historiquement pour la grande majorité des vaccins. Selon
Sinopharm, plus d’un million de Chinois auraient déjà été vaccinés
avec l’un des vaccins de la firme, sans qu’aucun effet secondaire
grave n’ait pu être observé, toujours selon les dirigeants de la
firme. En tout, la Chine pourrait disposer de 600 millions de doses
d’ici la fin de l’année.
Qu’est ce qui justifie que ces vaccins russes et chinois ne
soient absolument pas considérés par l’Europe (et les Etats-Unis)
au moment de déterminer la politique vaccinale ? Selon les
instances officielles, l’explication serait essentiellement
administrative. Stephan De Keersmaecker, porte-parole de la
Commission Européenne sur les questions de santé, la Chine ne
remplit tout simplement pas les critères fixés par les institutions
européennes.
Notamment, les laboratoires chinois ne possèdent pas d’usines
en Europe pouvant produire directement leur vaccin. Et après les
problèmes d’approvisionnement en masque au début de la pandémie,
l’Union Européenne ne souhaite pas se retrouver à nouveau sous la
dépendance sanitaire de la Chine. Enfin, selon le ministère de la
santé français, les laboratoires chinois n’auraient tout simplement
pas déposé de demande d’autorisation en Europe.
Voilà donc pour les explications officielles. Mais qu’en
est-il de la réalité scientifique ? Les virologues européens
interrogés sur la question sont partagés. Certains expriment des
réticences pour la technologie du virus inactivé et estiment de
plus que c’est le manque de transparence des autorités chinoises et
russes qui expliquent que leurs vaccins ne soient pas retenus. «
Je n’ai trouvé aucune donnée sur les vaccins chinois »
explique un scientifique allemand interrogé par France 24.
La diplomatie du vaccin bat son plein
D’autres en revanche rappellent que les laboratoires
occidentaux n’ont pour l’instant publié aucune étude sur
l’efficacité clinique de leur vaccin (en dehors de communiqués de
presse) et qu’il n’y a pas de raison d’exclure a priori les vaccins
non-occidentaux. C’est le cas notamment de Marie-Paule Kiény,
directrice de recherche à l’Inserm qui estime «
convaincantes » les données fournis par la Russie sur
l’efficacité de Spoutnik V. Enfin, la plupart des chercheurs disent
tout simplement ne pas en savoir assez sur ces vaccins et le mode
de sélection des instances européennes pour expliquer la méfiance
des autorités. « Pourquoi l’Europe ne va pas vers le vaccin
chinois ? C’est une très bonne question mais il est difficile d’y
répondre » résume Bruno Pitard, directeur de recherche au
CNRS.
Certains pays ont en tout cas décidé de faire confiance aux
vaccins russes et chinois, pour la plupart il s’agit de pays
pauvres ou en voie de développement. L’Inde, le Venezuela mais
aussi la Hongrie, pourtant membre de l’Union Européenne, ont fait
le choix du vaccin russe. Le Brésil, le Mexique et de nombreux pays
du Moyen-Orient se tournent quant à eux vers le vaccin de
Sinopharm. Le Maroc devrait ainsi devenir dans quelques semaines le
premier pays à démarrer une campagne de vaccination massive et
obligatoire avec le vaccin chinois.
Face à cette situation, on ne peut s’empêcher de penser que
derrière les justifications scientifiques, ce sont également des
motivations géopolitiques qui déterminent le choix de tel ou tel
vaccin. Comme aux grandes heures de la Guerre froide, le monde
risque d’être coupé en deux.
Continuer de penser que la Russie n'a aucune valeur me semble relever d'un a priori systématique et méprisant pour nos confrères russes. Décréter systématiquement que parce qu'ils sont russes leur travail ne peut être autre chose que de la tromperie n'est finalement qu'une espèce de racisme. Bien triste de voir que les mentalités restent aussi misérables.
Dr B. Deuxville
Vaccin russe efficace et meilleur marché
Le 02 avril 2021
Merci Deuxville, Votre reaction est tout a fait semblable à la mienne qui ai défendu le vaccin russe depuis le début. Pourquoi mettre de coté cet apport vaccinal dont chaque jour nous montre l'insuffisance et le Retard en France. Simple idéologie politique. La Russie a réussi a garder malgré toutes ces années de revolution, de guerres mondiales, de guerre froide, d'embargo, son opéra, ses ballets, ses musiciens., elle saura aussi garder ses savants qui ont réussi a faire un vaccin efficace et meilleur marché, n'en deplaise à certains...