Vaccination : la Fondation Jean Jaurès invite à miser sur la nostalgie du monde d’avant pour lutter contre la défiance
Paris, le jeudi 17 décembre 2020 – La défiance vaccinale n’est
pas une fatalité, même en France. Telle est en substance le message
clé d’une récente note de la Fondation Jean Jaurès, proposée par le
professeur en sciences sociales Antoine Bristielle, qui présente «
six pistes pour promouvoir le vaccin contre la Covid-19
».
Une défiance croissante
Malgré cet optimisme, l’état des lieux est plutôt sombre.
D’abord, cela a déjà beaucoup été répété, la France paraît être le
pays où la vaccination contre la Covid-19 suscite les plus
importantes réticences. Au-delà de cette constatation globale, les
analyses détaillées ne sont guère plus encourageantes. D’abord, son
évolution est contraire à celle de nos pays voisins où une forte
circonspection a cédé la place au fur et à mesure des semaines à un
enthousiasme croissant. En France, le mouvement inverse est
observé. Ainsi, la proportion de personnes indiquant qu’elles ne se
feraient certainement pas vacciner est passée de 19 % début
septembre à 28 % fin novembre. « Le fait que la question de la
vaccination soit de plus en plus présente dans le débat public et
que la possibilité de se faire vacciner ne soit bientôt plus un
mythe mais une réalité n’a pas augmenté la volonté de se faire
vacciner mais l’a, au contraire, entamée. Par ailleurs, il est
frappant de constater à quel point cette baisse s’est faite de
façon plutôt homogène au sein de la population » signale la
Fondation Jean Jaurès.
Des institutions discréditées
Autre élément préoccupant, le socle de sujets dont l’adhésion
à la vaccination apparaît la plus solide est très restreint : «
le gouvernement ne peut, à l’heure actuelle, compter que sur 13
% des Français prêts à se faire vacciner. Si les plus réticents (31
%) sont difficiles à convaincre, 59 % restent aujourd’hui
relativement hésitants et donc potentiellement sensibles aux
arguments pro-vaccination, mais également aux arguments
anti-vaccination ». L’ampleur de ces tendances n’est guère
surprenante. D’une part, parce qu’elles s’inscrivent dans une
défiance vaccinale quasiment structurelle dans notre pays. D’autre
part, parce qu’on sait que l’adhésion à la vaccination est
étroitement associée à la confiance des populations dans la
capacité de leurs institutions à répondre aux enjeux sanitaires et
scientifiques. Or, face à la Covid, la France est un des pays où la
part de personnes considérant que les pouvoirs publics sont les
meilleures sources pour s’informer sur l’épidémie est la plus
restreinte.
Un vrai chef de guerre se doit de se vacciner
Face à ce défi majeur, le gouvernement pourrait déjà avoir
accumulé quelques erreurs. La réserve que la plupart de ses membres
a observée vis-à-vis du vaccin avant que ne se précisent les
annonces des laboratoires pourrait ainsi lui avoir fait perdre un
temps précieux. « Il se retrouve désormais à devoir convaincre
dans l’urgence une large partie de la population dans la mesure où
l’arrivée des premiers vaccins est imminente. Or, comme des études
l’ont déjà montré au sujet de la vaccination, plus une campagne de
communication est lancée tôt, plus elle a de chance de réussir à
convaincre un maximum de gens » signale Antoine Bristielle.
Autre possible faux pas, le mouvement initial du chef de l’Etat et
du gouvernement consistant à refuser de se compter parmi les
premiers vaccinés. Sur ce point, la fondation Jean Jaurès, tout en
entendant la crainte qu’une telle priorité ne soit interprétée
comme un privilège, analyse en se fondant sur les discours de
certains internautes à tendance complotiste : « L’effet
d’entraînement d’élites politiques se faisant vacciner dans les
premiers pourrait être décisif et permettrait d’atténuer la peur
parfois irrationnelle concernant la dangerosité du vaccin. Ou, pour
le dire autrement, dans cette période troublée, mieux vaut passer
pour un privilégié et réussir une campagne de vaccination qui
s’annonce – pour le moins – extrêmement périlleuse que de vouloir
tenir son rôle de « citoyen ordinaire », puisque, à l’heure
actuelle, être un « citoyen ordinaire » signifie refuser de se
faire vacciner. Et, pour un président ayant tant joué de la
rhétorique guerrière dans sa gestion de l’épidémie, un chef ne se
doit-il pas de monter au front en premier dans un devoir
d’exemplarité ? » remarquait Antoine Bristielle (avant que la
contamination d’Emmanuel Macron ne soit connue).
Incontournables médecins généralistes
Au-delà de la correction des erreurs initiales, la Fondation
Jean Jaurès insiste sur plusieurs principes. D’abord, la
transparence qui doit concerner les effets secondaires et les
questions financières. Par ailleurs, à l’instar de nombreux autres
observateurs, le groupe de réflexion rappelle qu’une place
prépondérante doit être accordée aux médecins généralistes. En
effet, la France est de tous ses voisins le pays où la confiance
envers le médecin traitant pour transmettre des informations
fiables sur la Covid est la plus forte (61 % contre 51 % en Italie,
49 % en Allemagne ou 42 % en Grande-Bretagne).
Retrouver les jours heureux
Enfin, la Fondation Jean Jaurès s’interroge sur la tonalité
générale du message, afin qu’il soit le plus persuasif. Il s’agit
certainement de mettre en avant les bénéfices de la vaccination.
Cependant, pour ce faire, sans doute faut-il éviter une
communication principalement basée sur la peur, même si
l’efficacité de ce levier dans le contexte sanitaire a souvent été
mise en évidence. « Peut-on moralement mener une campagne de
vaccination aussi déterminante dans un pays démocratique sur la
peur ? Même dans une période épidémique, cela est largement
contestable. D’autre part, les populations jeunes, à l’heure
actuelle plus réticentes à la vaccination, sont également celles
chez qui les niveaux de peur liés à l’épidémie sont les plus
faibles. Enfin, des études montrent qu’une stratégie de
communication basée sur la peur dans une période épidémique peut
largement se retourner contre celui qui en est à l’origine. La
stratégie de la peur ne serait donc pas seulement moralement
problématique, elle serait également inefficace » assure
Antoine Bristielle. Autre possibilité, miser sur la solidarité. La
dialectique a plutôt bien fonctionné pendant le premier
confinement. Néanmoins, l’expert de la Fondation Jean Jaurès doute
qu’elle puisse être aussi performante en matière de vaccination.
«Il y a tout lieu de penser que la motivation, même réelle, ne
soit pas suffisante par rapport aux risques perçus de la
vaccination. En appeler à la solidarité pour éviter les contacts et
rester chez soi est loin d’être du même ordre que d’en appeler à la
solidarité pour se faire vacciner avec un produit sur lequel nous
n’avons pas beaucoup de recul ». Demeure une dernière piste qui
a la préférence de la Fondation Jean Jaurès : invoquer la nostalgie
du monde d’avant. Rappelant la puissance de cette émotion, Antoine
Bristielle relève par ailleurs « la nostalgie est
particulièrement marquée chez les personnes présentant de faibles
niveaux de confiance dans les institutions politiques. Or, comme
nous le disions plus haut, la défiance institutionnelle est un des
plus grands facteurs explicatifs du refus de la vaccination contre
la Covid-19. Dans ces conditions, les niveaux de nostalgie sont
également plus importants chez les vaccino-sceptiques, ceux qu’il
est donc nécessaire de convaincre de se faire vacciner Dans ces
conditions, il serait particulièrement opportun d’utiliser cette
émotion et d’insister sur les éléments de la vie d’avant qui nous
manquent collectivement : le fait de pouvoir se réunir en famille,
entre amis, de profiter des joies d’un concert ou d’un restaurant,
en bref, de retourner à un mode de vie qui s’approche le plus de ce
que nous avons pu connaître. Le vaccin ne serait alors plus une fin
en soi mais un simple moyen de revenir aux joies simples du monde
pré-épidémie. Ce cadrage de la campagne de vaccination aurait
toutes les chances d’être le plus effectif ».
Je voudrais réagir sur le chapitre « Incontournables médecins généralistes ». Cela est valable dans le cas de la vaccination « de routine » (par exemple celles des vaccinations obligatoires en France pour les enfants). Pour des stratégies de vaccinations de masse, cela est plus complexe. Pour ce qui concerne la Covid 19, avec le vaccin RNA m qui nécessite une conservation à -72°C, il faut une logistique importante, qui paraît difficile à mettre en œuvre pour approvisionner les cabinet des Médecins généralistes (MG). Cela prendrait aussi beaucoup de temps car avant le geste vaccinal, il faudra un interrogatoire (contre indication éventuelle), puis une présentation du vaccin pour obtenir l’autorisation « éclairée » de la personne (directives gouvernementales). Les MG déjà débordés auront il le temps ? Il faudra aussi que les MG se fassent vacciner pour inciter les sujets à accepter la vaccination
Si c’est la stratégie choisie, on va dans le mur. Dans ce cas particulier, les « vaccinodrômes » paraissent indispensables ; les MG doivent être impliqués, une partie de leur temps, pour réaliser les vaccinations dans ces centres.
Pr Dominique Baudon
Tout ça pour ça?
Le 20 décembre 2020
Comme d'habitude, la "fondation Jean Jaurès" , cercle de pensée autoproclamé, délaie et brasse ses "analyses"tirées par les cheveux pour ne pas être trop éloignée des doxas qui règnent au PS. "Pourquoi ont-ils tué Jaurès?" chantait Brel. Pourquoi se cachent-ils derrière Jaurès pour balancer des constructions intellectuelles qui se mordent la queue et finissent par démontrer que tout n'est plus que dialectique, quelque soit la manière ont on prend les problèmes, l'important étant toujours de donner l'apparence, même si c'est faussement démontré, que les gens qu'on n'aime pas ont toujours tort...Quelles que soient les circonstances.