Autorisation du vaccin Pfizer-BioNtech dans une Europe dont l’Union est d’abord apparence

Amsterdam, le lundi 21 décembre 2020 - Avec une semaine d’avance sur son calendrier initial, accélération liée à la pression exercée par plusieurs pays dont l’Allemagne, l’Agence européenne des médicaments a tenu aujourd’hui une réunion capitale sur l’approbation du vaccin Pfizer-BioNTech contre la Covid-19. L’autorisation donnée par les autorités de contrôle britanniques, américaines, canadiennes ou encore israéliennes laissait peu de doute sur l’issue de l’examen par l’EMA.  Les résultats qui ont été publiés sont en outre convaincants quant à l’efficacité du produit et sa bonne tolérance. Ainsi, l'EMA a effectivement donné son feu vert à 15h ce lundi et la Commission européenne devrait l’entériner très rapidement (voire avant la fin de la journée) ouvrant la voie à l’enregistrement de la décision par les agences nationales de façon extrêmement rapide puisque l’objectif est de débuter la campagne vaccinale dans tous les pays de l’Union européenne le 27 décembre.

La France a-t-elle voulu protéger Sanofi ?

Cette volonté d’harmonisation des politiques européennes de vaccination pourrait cependant n’être qu’une façade. Les pressions qui ont été exercées sur l’EMA pour qu’elle accélère son calendrier ne sont qu’une illustration parmi d’autres des possibles différences existant au sein des membres de l’Union sur la question de la vaccination. D’autres ont été évoquées ce week-end par la presse allemande. Ainsi, le magazine Spiegel assure que le ministre de la Santé allemand Jens Spahn aurait échoué à obtenir des instances de l’Union européenne de pré-commander davantage de doses du vaccin Pfizer/BioNTech en raison de l’opposition de plusieurs pays, dont la France de voir la petite firme allemande (BioNTech) en apparence favorisée par rapport à d’autres et notamment la française Sanofi. Des démentis stricts ont été apportés ce week-end de la part de la Commission européenne, puis aujourd’hui du secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, Clément Beaune. « C’est du grand n’importe quoi. Jamais la France, ni aucun pays n’a demandé de baisser le nombre de doses des contrats qu’on aurait signés » a-t-il attaqué sur France-Inter. Le ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher a pour sa part qualifié cette présentation de « fantaisiste ». Mais le commissaire européen Thierry Breton, n’a pour sa part pas directement répondu à cette controverse préférant se féliciter du choix fait par l’Union européenne de diversifier ses pré-commandes qui aujourd’hui concernent sept vaccins, dont certains cependant sont bien moins assurés d’être un jour commercialisés que ceux des laboratoires Pfizer/BioNtech ou Moderna.

Autre point qui a suscité des crispations ce week-end : la publication sur le compte du secrétaire d’Etat belge chargé du Budget Eva De Bleeker d’un tableau indiquant le prix unitaire pour chaque type de vaccin qui aurait été fixé par l’Union européenne dans le cadre de ses pré-commandes. Le tableau permettait de découvrir des variations très importantes entre les vaccins reposant sur des technologies rares et ceux utilisant des techniques plus éprouvées.

Ainsi, pouvait-on lire cette énumération :

« 1. AstraZeneca : 1,78 euros
2. Johnson & Johnson : $8,50
3. Sanofi/GlaxoSmithKline : 7,56 euros
4. Pfizer/BioNTech : 12,00 euros
5. Curevac : 10,00 euros
6. Moderna : $18,00 ».

Cet exercice de transparence bientôt corrigé (même si les informations sont demeurées presque 24 heures sur le compte Twitter du ministre) a suscité l’ire de nombreux représentants européens. « Tout ce qui concerne des informations comme le prix des vaccins est couvert par la confidentialité, c’est une obligation très importante », a ainsi rappelé Stefan De Keersmaecker, porte-parole de l’exécutif européen. Rendue nécessaire pour faciliter des négociations particulièrement complexes entre les États et les laboratoires, cette confidentialité attise cependant certaines théories complotistes autour des vaccins, ce qui représente une difficulté supplémentaire indéniable pour les autorités sanitaires.

L.C.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Discussions de comptoir

    Le 21 décembre 2020

    Même avec un rapport de 1 à 10 concernant la dose unitaire, et sans parler des couts induits (armoires à -80°C , immobilisation des équipes et des sites médicaux pour respecter les temps de décongélation avant utilisation , etc), 2 doses d'un vaccin qui évitent 1 seule journée de réanimation (2000 à 20 000 €) ou d'hospitalisation (500 € strict minimum en France) ça reste une excellente affaire !
    Les tractations européennes me passent au dessus de la tête, je préfèrerais que les commissions d'enquête parlementaires s'en saisissent (plutôt que de faire des procès a posteriori sur la gestion de la crise sanitaire) pour apprécier la qualité de nos négociateurs (= nos fonctionnaires européens) et nous en fassent un compte rendu.
    il est bien évident qu'en bon père de famille, une fois l'urgence passée, pour peu que nos champions industriels nationaux ou européens soient rentrés dans leurs frais (ce qui n'est que justice, et il faudra en plus légitimement les féliciter de leur célérité dans l'efficacité), je préfèrerais payer le moins cher possible ... en espérant que pour la prochaine crise on ait encore plusieurs labo capables de travailler aussi bien ces produits stratégiques !

    Enfin, la crise n'est pas encore finie, loin de là , et il reste prudent de commander à plusieurs râteliers des médicaments dont on n'est pas encore sûr ni de leur innocuité ni de leur efficacité ...ni de leur disponibilité !

    Alors les discussions de comptoir sur les susceptibilités de nos fonctionnaires et journalistes européens ...

    Dr F Chassaing

Réagir à cet article