Risque cardiovasculaire du diabète de type 2 : comment faut-il maigrir ?

Le diabète de type 2 survient volontiers dans un contexte de surcharge pondérale, voire d’obésité. La perte de poids est en général conseillée car elle permet de réduire le risque de maladie cardiovasculaire (MCV) et d’insuffisance cardiaque. Son efficacité dépend-elle de la composition corporelle à l’état basal et de ses variations longitudinales? Quelle est la contribution des variations de la masse grasse (MG) et de la masse maigre (MM) ? Quel est le rôle du tour des variations du tour de taille (TT) ? 

C’est à ces questions que répond l’essai contrôlé intitulé AHEAD (Action for Health in Diabetes) trial dans lequel ont été inclus 5 103 patients atteints d’un diabète de type 2 non compliqué d’insuffisance cardiaque à l’état basal. Deux stratégies ont été comparées : dans un groupe, des mesures hygiéno-diététiques énergiques ont été instaurées pour faire perdre du poids, cependant que dans le groupe témoin, aucune injonction n’a été faite dans ce sens. La MG et la MM ont été calculées à partir d’équations validées. Les valeurs ainsi obtenues ont été comparées, au sein d’un sous-groupe, aux valeurs fournies par l’absorptiométrie biphotonique X. La corrélation entre les deux catégories de variables ainsi obtenues s’est avérée étroite (R2=0,87-0,90 ; n=1369).

Jouer surtout sur la masse grasse et le tour de taille

Au cours d’un suivi de 12,4 années, ont été dénombrés 257 évènements imputables à une insuffisance cardiaque. Dans les deux groupes, la MG et la MM avaient diminué parallèlement, plus dans le groupe traité que dans le groupe témoin, ceci au terme de quatre années de suivi. Les analyses avec ajustement n’ont révélé aucune association significative entre les valeurs basales de la MM ou de la MG et le risque d’insuffisance cardiaque.

La diminution annuelle de la MG et du TT -mais non de la MM- a été significativement associée à une réduction du risque d’insuffisance cardiaque, quelle que soit la valeur de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG). Ainsi, chaque baisse annuelle de 10 % de la MG a conduit à un hazard ratio ajusté (HRa) de 0,80 [intervalle de confiance à 95 % IC 95%, 0,68-0,95] et la même tendance a été observée quant au TT, le HRa correspondant étant estimé à 0,77 [IC 95%, 0,62-0,95]). La réduction du TT a été associée à un moindre risque d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée, alors que la baisse de la MG a abouti à un moindre risque d’insuffisance cardiaque, que la FEVG soit normale ou basse. Le risque d’IDM n’a pas été modifié par les variations des paramètres précédents.

Au cours du diabète de type 2, l’instauration de mesures hygiéno-diététiques strictes aboutit à une baisse significative de la MG et de la MM. Seules les variations du TT et de la MG sont à même de diminuer le risque d’insuffisance cardiaque à long terme, sans modifier celui d’IDM. Les variations de la MM n’apportent pas ce bénéfice, tandis que la diminution du TT n’influerait que sur le risque d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée. Autant de résultats inattendus qu’il convient de confirmer.

Dr Catherne Watkins

Référence
Patel KV et coll. : Association of Baseline and Longitudinal Changes in Body Composition Measures With Risk of Heart Failure and Myocardial Infarction in Type 2 Diabetes: Findings From the Look AHEAD Trial. Circulation 2020 ;142(25):2420-2430. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.120.050941.

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