Troubles psychiques, une « épidémie parallèle »

Paris, le vendredi 29 janvier 2021 – Les restrictions de liberté et la diminution des contacts sociaux semblent à l’origine d’une détérioration de la santé mentale, particulièrement marqué chez les jeunes.

Comme la plupart des nations du monde, les Français ont consenti, depuis 10 mois maintenant, à des restrictions de liberté sans précédent afin de lutter contre une épidémie qui touche essentiellement des personnes âgées. Ainsi, 93 % des morts par Covid-19 en France avaient plus de 65 ans et 50 % plus de 84 ans, l’âge médian de la mort en France. Mais si le confinement, le couvre-feu et les mesures de restrictions sanitaires visent à sauver les personnes âgées, elles affectent surtout les jeunes. Privés de sorties, de voyages et de fêtes, isolés de leurs amis et de leur famille, inquiets pour l’avenir, les étudiants ne meurent pas du Covid-19 mais dépérissent mentalement.

Selon un sondage réalisé auprès de 1 300 personnes par la Fondation Fondamental, spécialisée dans la prévention et la lutte contre les maladies mentales, et dont les résultats ont été publiés ce jeudi, 32 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans souffrent d’un trouble mental. Plus de 40 % disent souffrir d’un trouble anxieux généralisé tandis qu’ils sont 21 % à rapporter des signes indiquant l’existence d’un trouble dépressif. Plus inquiétant encore, près de 30 % indiquent avoir des pensées suicidaires ou des envies d’automutilation.

Dans le monde 22 % des jeunes auraient des idées suicidaires

Dans tous les domaines étudiés, la prévalence des troubles mentaux est nettement plus importante chez les jeunes que dans le reste de la population générale. La situation ne risque pas de s’améliorer puisque plus de la moitié des jeunes indiquent se sentir mal informés s’agissant des maladies mentales, que ce soit sur la prévention, les traitements ou les structures d’aide existante. Seul 6 % des étudiants déclarent avoir déjà consulté un psychiatre. S’il est encore trop tôt pour mesurer précisément l’impact du confinement et du couvre-feu sur la santé mentale des jeunes, 61 % des jeunes interrogés estiment que la crise sanitaire a eu un impact négatif sur leur santé mentale et 66 % considèrent que leur état mental actuel a des conséquences néfastes sur leur travail et leur vie sociale.
 
Les jeunes français ne semblent pas être pas un cas isolé. Une étude internationale menée il y a quelques semaines dans 10 pays du monde avait révélé que 22 % des personnes âgés de 18 à 24 ans avaient des idées suicidaires. Des sondages menés en Chine démontrent une dégradation de la santé mentale des jeunes depuis le début de l’épidémie. A tel point que Hans Kluge, directeur du pôle européen de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a évoqué une « pandémie parallèle » de maladies mentales.

Une génération sacrifiée

Derrière les timides discours de soutien en direction des étudiants, l’exécutif a pour l’instant pris peu de mesures pour leur venir en aide. Le 21 janvier dernier, le Président de la République Emmanuel Macron a ainsi annoncé trois dispositifs pour les jeunes : le retour des cours en présentiel à l’université un jour par semaine, l’ouverture à tous les étudiants des repas à 1 euro dans les restaurants universitaires et enfin la mise en place, à partir du 1er février, d’un « chèque psy ». Ce dispositif consistera en la gratuité des consultations chez un psychologue ou un psychiatre, à condition que l’étudiant ait préalablement consulté son médecin traitant.

Pour la plupart des syndicats étudiants, ces mesures sont insuffisantes et arrivent trop tard. A leur appel, plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté le 20 janvier dernier pour demander la réouverture des universités et exprimer leur lassitude. Et aussi sans doute pour mettre la lumière sur le sort d’une génération sacrifié sur l’autel de la sécurité sanitaire.

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article