Plan cancer : Emmanuel Macron souhaite une génération sans tabac dès 2030
Paris, le jeudi 4 février 2021 – En cette journée internationale
dédiée à la lutte contre le cancer, Emmanuel Macron a présenté les
grandes lignes du futur plan français lors d’un discours vidéo
retransmis dans le cadre des Rencontres annuelles de l'Institut
National du cancer (INCa). Le chef de l’État a ensuite visité le
centre Gustave Roussy dédié à la prise en charge des enfants
atteints de tumeurs.
Priorité numéro 1 : éviter ce qui est évitable
Après plusieurs programmes quinquennaux, le nouveau plan
s’inscrit dans une temporalité plus longue : décennale, afin de
permettre une vision à plus long terme et de pouvoir inscrire
certains projets dans la durée. L’objectif premier est une lutte
décisive contre les facteurs de risque de cancer, au premier rang
desquels le tabagisme.
Emmanuel Macron souhaite ainsi que « la génération qui aura
20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l'histoire
récente ». Pour ce faire, le Président a promis de nouvelles
actions sur le prix, les lieux d’interdiction, ainsi qu’un
important effort de communication, notamment auprès des plus
jeunes. Autre cible : l’alcool, qui n’a pas été l’objet ces
dernières années d’une lutte clairement dynamique, ce qui constitue
un des manquements majeurs du précédent plan (2014-2019, prolongé
en 2020). Bien sûr, pas question, a affirmé le Président de la
République, dont on se souvient des déclarations ambivalentes sur
le vin notamment, de viser un « zéro » alcool. Cependant,
l’amélioration de la signalétique de mise en garde et un meilleur
accompagnement des personnes présentant une consommation à risque
sont au programme. Comme pour le tabac, des précisions plus
concrètes sont attendues (en s’inspirant notamment d’une expertise
collective de l’Inserm programmée au premier semestre 2021), afin
que l’on n’en reste pas au stade des belles intentions. Il est par
exemple à espérer qu’une véritable réflexion puisse s’engager sur
la question du prix.
Grâce aux actions menées contre le tabac et l’alcool, mais aussi
contre certains autres facteurs de risque (sédentarité et obésité
en particulier), l’objectif est de diminuer de 60 000 par an le
nombre de cancers dits évitables.
Dépistage : une dynamique à renforcer
Le second axe est de faire progresser les réflexes de dépistage.
Cette orientation a déjà été engagée au cours des années
précédentes avec une refonte du programme concernant le sein (pour
une approche plus personnalisée) et l’adoption de nouveaux outils
pour détecter le cancer de l’utérus. L’accent pourrait en
particulier être mis sur le dépistage du cancer colorectal, a
insisté le chef de l’État. Certains espèrent également que le
nouveau plan permettra de repenser la question du dépistage du
cancer du poumon. Globalement, l’objectif est de réaliser un
million de dépistages supplémentaire par an à l’horizon 2025, pour
atteindre 14 millions de participants. En tout état de cause, cette
orientation apparaît d’autant plus essentielle alors que l’année
2020 a enregistré en raison du confinement une diminution très
importante du nombre de diagnostics de cancer.
Déjouer les mauvais pronostics
Le plan cancer se donne également pour ambition d’améliorer le
taux de survie des cancers de mauvais pronostic (dont le taux de
survie à cinq ans est inférieur à 33 %). Des « réseaux
d’excellence » sont ainsi promis par le chef de l’État, tandis
que dans la continuité du plan précédent, l’accent sera de nouveau
mis sur la recherche dédiée aux cancers de l’enfant.
Comme ses prédécesseurs, le programme se consacre aussi à la
qualité de vie, pendant la phase aigüe, mais également après la
maladie. Ici, deux axes majeurs. D’abord, ramener la proportion de
patients présentant de séquelles cinq ans après leur diagnostic à
un tiers (contre deux tiers aujourd’hui). Par ailleurs, des
allègements divers des lourdeurs administratives sont prévues :
diminution du reste à charge, simplification des différentes
démarches et extension du droit à l’oubli (sans précision, tandis
que la Ligue contre le cancer rappelle aujourd’hui que la promesse
du Président de la République pendant sa campagne électorale
prévoyait qu’il soit possible cinq ans après le diagnostic).
Des moyens à la hauteur
Si de nombreux éléments de précision manquent, la présentation du
chef de l’État s’appuie néanmoins sur quelques objectifs chiffrés
marquants. De la même manière, le budget global a lui aussi été
dévoilé : les moyens consacrés à la lutte contre le cancer seront
augmentés de 20 % et la moitié des ressources sera consacrée à la
recherche. L’objectif en la matière est de favoriser une prise en
charge de plus en plus personnalisée (45 000 décès par cancers par
an sont liés au tabac).
Voici, en avant-première le texte que je vais publier ce soir sur mon site et mon blog. Rédigé avant d'avoir lu JIM. Bonne lecture
"Le président Macron, après bien d’autres avant lui, annonce un grand plan pour lutter contre le cancer, comme disent les non soignants. Décennal, s’il vous plait, et claironnant un budget ronflant pour tout citoyen ordinaire. Un plan, cela nait dans la tête d’une armée de techniciens experts de petit champ de compétence. Non pas du futur, ni même du présent (c’est trop tôt), mais bien du passé. La pensée systémique qui en donnerait une vision générale n’est pas perceptible sous l’inventaire des objectifs concrets à atteindre, de préférence chiffrés. Un univers sépare ces plans purement technocratiques, donc deshumanisés, de la réalité biologique des vivants. Les végétaux nous font la leçon : entre les plans de vos cerveaux et les plants dont résulte toute notre vie, orgueilleux humains, prenez-en de la graine.