
Wuhan, le vendredi 5 mars 2021 – Les conclusions de l’enquête
de l’OMS sur les origines de l’épidémie de Covid-19 en Chine sont
attaquées de toute part, si bien que certains demandent une
nouvelle enquête indépendante.
Des conclusions d’enquête favorables à la Chine
Reste donc les premières conclusions de l’enquête, révélées
par les scientifiques de l’OMS au cours d’une conférence de presse
à Wuhan le 9 février dernier. Des conclusions étonnamment
favorables à la Chine. L’enquête écarte en effet la théorie,
soulevée par le Washington Point en avril dernier, selon laquelle
le SARS-Cov-2 se serait « échappé » du laboratoire P4 de
Wuhan. Reste donc deux origines possibles pour l’épidémie. La plus
probable est celle d’une transmission de la chauve-souris à l’Homme
via un animal intermédiaire indéterminé. Mais à la grande
satisfaction de Pékin, l’OMS juge possible que le virus soit
parvenu en Chine par l’intermédiaire de viande congelé
importé.
Dans leur conférence de presse, les experts de l’OMS n’ont pas
tranché entre ces deux hypothèses et appellent à poursuivre les
investigations. Mais à Pékin, c’est suffisant pour crier victoire.
Cela fait plusieurs mois désormais que le gouvernement chinois
défend cette théorie de l’importation du virus par de la viande
congelée, qui dédouanerait la Chine de toute responsabilité dans la
naissance de l’épidémie. A la suite de cette conférence de presse,
les médias chinois gouvernementaux ont ainsi accusé pêlemêle
l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis d’être à l’origine de
l’épidémie.
Une enquête trop rapide et sous contrôle chinois
Avant même la publication d’un rapport définitif, les
conclusions des enquêteurs de l’OMS sont donc décriées. Tant et si
bien que dans une tribune publiée ce jeudi dans le Wall Street
Journal et Le Monde, des scientifiques du monde entier
demandent la mise en œuvre d’une nouvelle enquête plus approfondie
et véritablement indépendante.
Les auteurs de la tribune dénoncent les nombreuses failles de
l’investigation de l’OMS. Manque de temps, la Chine n’ayant laissé
qu’un mois aux experts pour mener l’enquête. Manque d’indépendance,
alors que « la moitié de l’équipe conjointe est composée de
citoyens chinois ». Manque de liberté enfin, toutes les
investigations devant passer par le filtre des autorités chinoises.
« Les membres de l’équipe conjointe, de leur propre aveu, se
sont souvent appuyés sur la parole de leur homologue chinois »
écrivent les signataires de la tribune.
Quentin Haroche