L’accident nucléaire de Fukushima n’aurait eu aucun impact sanitaire

Fukushima, le mercredi 10 mars 2021 – Dix ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, un rapport de l’ONU conclut que l’accident n’a eu que peu de conséquences sur la santé de la population locale.

Beaucoup de bruit pour rien. Le 11 mars 2011, le monde entier avait les yeux rivés sur la ville de Fukushima au Japon, où un séisme de magnitude 9 et un tsunami avait provoqué un grave accident à la centrale nucléaire locale. Si la catastrophe naturelle avait provoqué la mort de plus de 19 000 personnes, les conséquences humaines et sanitaires de l’accident nucléaire sont bien plus difficiles à évaluer.

Dix ans après presque jour pour jour, un rapport de l’UNSCEAR, l’agence de l’ONU spécialisée dans l’étude des effets des radiations, conclut à l’absence totale d’impact sanitaire de la catastrophe.

Le Français moyen est plus irradié qu’un habitant de Fukushima

Une conclusion qui peut paraitre étonnante aux vu de la gravité initiale de l’accident. En effet à l’époque, le tsunami avait causé une fusion partielle du cœur des réacteurs nucléaires et une explosion du toit de la centrale, provoquant une libération importante de produits radioactifs. Mais selon le rapport de 248 pages des experts de l’ONU, deux évènements ont permis de limiter l’exposition de la population aux radiations. D’abord le vent, qui a permis d’emporter 80 % des retombées radioactives vers le Pacifique. Et ensuite la bonne réactivité des autorités japonaises, qui ont évacué les 70 000 habitants de la région en seulement 24 heures.

Résultat, la population locale a été exposée à une dose de radiation annuelle comprise entre 0,08 et 2,6 mSv (le sivert est l’unité de mesure des effets des rayonnements sur l’être humain). Par comparaison, du fait de la radiation naturelle, un Français reçoit 4,5 mSv par an. Avec des taux de radioactivité aussi bas, aucun effet néfaste n’a pu être décelé dans la population. Si une étude mené en 2011 a détecté une hausse de la prévalence des cancers de la thyroïde chez les enfants habitant la région, cette hausse serait dû à un effet de surdiagnostic : les cancers sont mieux détectés mais pas forcément plus nombreux. La preuve en est qu’on observerait la même hausse dans les autres régions du Japon plus éloignés de la centrale.

Seulement six cancers liés aux radiations

« Il y a un large consensus sur le fait qu’on n’observe une augmentation du risque de cancer qu’à partir d’expositions à plusieurs dizaines de mSv » explique le docteur Gillian Hirt, présidente de l’UNSCEAR. « Le risque existe, mais il est si faible (moins de 1 % d’augmentation des cancers) que cela ne se traduit pas par un nombre de décès qu’on est capable de mettre en évidence » nuance Dominique Laurier, épidémiologiste à l’INRS. En tout cas pour l’UNSCEAR, il est « très improbable » que l’on découvre à l’avenir des effets de ces radiations.

Si les conséquences sanitaires sont donc (apparemment) inexistantes dans la population générale, elles sont également très faibles chez les travailleurs du site, les fameux « liquidateurs » qui ont dû travailler à la réparation de la centrale. En moyenne, ces travailleurs ont été exposés à une dose annuelle de 13 mSv, inférieure à la dose réglementaire de 20 mSv pour les travailleurs du nucléaire et surtout très loin de la dose de 1 000 mSv à partir de laquelle l’individu peut développer un syndrome d’irradiation aigue mortelle. Au total, les autorités japonaises n’ont reconnu que six cas de cancer liés aux radiations, sur près de 25 000 liquidateurs. Mais selon l’UNSCEAR, même pour ces six cas, le lien de causalité entre les radiations et la maladie n’est pas établi.

Une « fake news » très répandu

L’ironie de l’histoire est que la surréaction des autorités japonaises a sans doute eu des conséquences plus néfastes que la catastrophe elle-même. Près de 2 000 personnes seraient ainsi décédés du fait de la panique et de la désorganisation liée à l’évacuation de la population. Si l’accident n’a eu semble-t-il eu aucune conséquence environnementale (au contraire, l’évacuation de la population aurait permis le développement de l’écosystème), ce n’est pas le cas des importants travaux de décontamination qui ont été menés pour permettre le retour progressif de la population. Ce chantier, mené entre 2013 et 2019 pour un coût de 24 milliards d’euros, a « profondément bouleversé l’environnement » selon Olivier Evrard, chercheur au CEA, qui s’inquiète notamment de l’impact pour la fertilité des sols.

L’accident de Fukushima est considéré comme l’accident nucléaire le plus grave depuis celui survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Si cet accident avait aussi nourri beaucoup de craintes, les mêmes chercheurs de l’UNSCEAR avait conclu en 2008 que cette catastrophe n’avait provoque la mort que de 62 personnes au total. Des chiffres relativement faibles qui contrastent avec la perception qu’ont les opinions publiques. Selon un sondage réalisé en 2019 par l’IRSN, 55 % des Français pensent que les retombées radioactives de Fukushima ont tué plus de 500 personnes, contre seulement 4 % qui estimaient le bilan à moins de 10 morts.

Quentin Haroche

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Vos réactions (3)

  • Et les malformations ?

    Le 11 mars 2021

    L'étude reprise ne parle que de morts... Mais il me semble qu'il y a eu d'autres conséquences que la mort et le cancer suite aux radiations à Tchernobyl.... Les malformations des enfants, des animaux, nés après la catastrophe... Et là, rien ?

    Nathalie Cox (IDE)

  • Philippulus nous les brise

    Le 14 mars 2021

    Les écolos sont consternés : les mêmes qui en appellent à la science pour justifier le clouage au sol des avions, la décroissance de toutes les activités humaines et pourquoi pas des confinements sévères et réguliers pour sauver Gaïa, refusent maintenant âprement de valider cette même science qui arrive pourtant à la conclusion que, non, décidément, Fukushima n’a pas déclenché de vagues de cancers partout sur l’île nippone.

    Beaucoup de journalistes, la lippe parcourue de petits tremblements nerveux, relisent plusieurs fois les dépêches résumant ces épais rapports d’experts qui s’accumulent et pointent tous dans la même direction : non et non, il n’y a pas eu de centaines de morts par radiations à cause de l’accident de Fukushima.

    Et même si on peut avoir une petite consolation en découvrant qu’une majorité de Français comprend l’attrait du nucléaire malgré le lavage de cerveau permanent des écolos médiatiques, on ne peut s’empêcher de penser à tout ce temps de perdu, tout le savoir-faire disparu, toutes les occasions (notamment commerciales) manquées pour avoir orienté tout un pays vers des moulins à vent moches et inefficaces.
    http://h16free.com/2021/03/12/68195-fukushima-na-pas-provoque-de-morts-et-ca-fait-enrager-les-ecolos

    Dr Alexandre Krivitzky

  • "Un large consesnsu" en question !

    Le 14 mars 2021

    "un large consensus" sur l'absence d'impacts sanitaires ? Je ne peux que vous encourager à entendre des scientifiques qui disent autre chose ! : https://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/CRIIRAD-Info_Fukushima_Unscear_11032021.pdf

    Philippe Perrin (IDE)

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