
New York, le vendredi 12 mars 2021 – Un an après la mise en place de mesures de confinement dans la plupart des pays du monde, l’UNICEF tire un bilan particulièrement inquiétant de leurs conséquences pour les enfants.
Depuis un an, la plupart des nations du monde connaissent des restrictions de libertés sans précédent. De la fermeture des lieux publics au confinement en passant par le couvre-feu, les autorités font tout pour limiter la propagation du Covid-19, maladie qui a tué plus de 2,6 millions de personnes dans le monde. Si beaucoup a déjà été dit sur les conséquences économiques, sociales ou même psychologiques du confinement sur les populations, l’UNICEF tire ce jeudi la sonnette d’alarme sur la situation particulièrement préoccupante des enfants.
Plus de 168 millions d’enfants déscolarisés
Selon le communiqué de l’UNICEF, un enfant sur sept dans le monde, soit 332 millions, ont été soumis à des mesures de confinement obligatoires ou recommandées pendant au moins un an. En raison de ces mesures et notamment de la fermeture des établissements scolaires, plus de 168 millions d’enfants n’ont pas pu se rendre à l’école pendant plus d’un an. Au total, plus d’un tiers d’entre eux n’auraient pas la possibilité de suivre l’école à distance et se trouvent donc de fait en situation de déscolarisation. En moyenne, dans le monde, chaque enfant a perdu 74 jours d’école en 2020.
Les enfants sont également les premières victimes des conséquences économiques et sociales des confinements et de l’épidémie. Dans les pays en voie de développement, la pauvreté des enfants risque ainsi de progresser de plus de 15 % selon l’UNICEF, soit 140 millions d’enfants supplémentaires vivant sous le seuil de pauvreté. Une paupérisation qui favorise les pratiques attentatoires aux droits de l’enfant. Ainsi, après des années de régression, le nombre de mariages forcés risquent d’augmenter, jusqu’à 10 millions de cas supplémentaires d’ici la fin de la décennie.
Vers une augmentation importante de la malnutrition des enfants
Mais ce qui inquiète le plus les observateurs de l’UNICEF, ce sont bien sur les conséquences sanitaires et humanitaires des politiques de confinement.
Conséquences pour la santé mentale d’abord, alors que l’enfermement favorise la survenance de troubles dépressifs et anxieux. L’OMS estime ainsi que dans 93 % des pays du monde, les services de santé mentale des enfants ont été interrompus ou perturbés.
Conséquences humanitaires ensuite et surtout. Le confinement risque de faire progresser de manière importante des causes de mortalité beaucoup plus banales que la Covid-19 (et pour lesquelles on dispose de moyens de traitement et de prévention simples et peu onéreux) et pourtant dévastatrices. L’arrêt des campagnes de vaccination contre la rougeole dans les pays pauvres concerne ainsi près de 94 millions d’enfants avec les conséquences que l’on imagine en termes de morbi-mortalité. L’UNICEF table également sur une augmentation du nombre d’enfants malnutris de 14 % dans le monde, soit 54 millions de cas supplémentaires. Une catastrophe humanitaire qui pourrait causer la mort de centaines de milliers d’enfants.
Un bilan effroyable qui contraste avec la faible gravité de l’épidémie de Covid-19 pour les enfants. Aux Etats-Unis, sur plus de 500 000 morts depuis le début de la crise sanitaire, environ 300 seulement ont moins de 18 ans.
Nicolas Barbet