Aux Etats-Unis, le grand écart entre vaccination et gestion de l’épidémie

Washington, le mardi 23 mars 2021 - Connaissez-vous la loi de l’apogée ? Pour le psychologue et économiste Daniel Kahneman, le souvenir d’une expérience dépend essentiellement de ce que l’on a ressenti à son pic et à la toute fin. Le reste compterait peu ou pas du tout. Sans doute que Boris Johnson et Joe Biden ont bien compris ce phénomène en utilisant la vaccination comme un moyen de faire oublier une gestion parfois catastrophique ou proche du déni de la crise du coronavirus.

D’après les statistiques recensées par le Worldometers, les Etats-Unis comptaient au 23 mars plus de 542 949 morts liées à la Covid-19, soit près de 1 700 morts pour 100 000 habitants. Par comparaison, la France, pays plus densément peuplé et à la population légèrement plus âgée compte 1 383 morts pour 100 000 habitants.

Une campagne vaccinale volontariste, une gestion de l’épidémie erratique

Depuis son investiture en janvier dernier, le nouveau président démocrate Joe Biden a mis en œuvre une politique particulièrement offensive de lutte contre le virus. Quelques jours après son entrée en fonction, il avait ainsi fixé pour objectif la réalisation de plus de 100 millions d’injections avant les cent premiers jours de son mandat. Un objectif dépassé avant la cinquante-huitième journée a déclaré jeudi le président, en faisant référence à sa promesse de campagne.

Le rythme de vaccination aux Etats-Unis a accéléré de manière spectaculaire au cours des dernières semaines. Le pays affiche une moyenne proche de 3 millions de vaccinés par jour, alors qu’il n’atteignait pas 1 million il y a deux mois à peine, lors de l’investiture du président démocrate, le 20 janvier. Le doublement de l’objectif initial est même envisagé par les autorités, à savoir 200 millions d’Américains protégés au cours des cent premiers jours du mandat Biden.

« L’heure est à l’optimisme, mais il ne faut pas se relâcher », a martelé le président face à une population qui fait face à des injonctions contradictoires.

Car dans le même temps, les gouverneurs des états républicains n’hésitent pas à lever de manière parfois tonitruante les restrictions sanitaires. Alors que son territoire a du mal à se remettre d’une dramatique tempête de neige, le gouverneur du Texas a annoncé en début de mois la levée de toutes les restrictions liées au coronavirus et notamment l’obligation du port du masque y compris dans les espaces clos. Une décision qui ne semble pas pour l’heure avoir eu un impact considérable sur les chiffres de l’épidémie.

En Floride, à l’issue du premier jour du traditionnel spring break où des étudiants venus de tout le pays viennent célébrer les congés, le maire de Miami a dû imposer en catastrophe un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin après des images confuses de bars remplis et de manifestations opposant forces de l’ordre à fêtards en tongs et en t-shirt.

Un système scolaire ravagé ?

Par ailleurs, au moment où en France le débat continue encore et toujours à faire rage sur la question de la fermeture des établissements scolaires, les Etats-Unis s’apprêtent à ouvrir progressivement les écoles, après dans certains États plus d’un an de fermeture.

Outre-Atlantique, la moitié des 55 millions d’élèves n’est ainsi pas retournée en classe depuis le début de l’épidémie de Covid. Le distanciel au long cours fait des ravages : selon une étude, les enfants pourraient accuser jusqu’à quatre mois de retard d’apprentissage.

Les autorités américaines envisagent de réduire la distance sociale recommandée pour limiter la propagation du Covid-19, de deux à un mètre, ce qui faciliterait la réouverture des établissements, a déclaré dimanche l’immunologue Anthony Fauci. Le choix français de maintenir les écoles ouvertes est d’ailleurs cité en exemple par la presse américaine.

C.H.

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