Rappel sur les autres vaccinations opportunes chez l’adulte
En Octobre 2019, l’Advisory Comittee on Immunization
Practices (ACIP) a émis plusieurs recommandations pour le
calendrier vaccinal des adultes US de 19 ans et plus,
recommandations reprises en 2020 par de nombreuses institutions,
dont les Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
Elles ont, pour chaque vaccin examiné, pris en compte
l’épidémiologie et le poids de la maladie potentiellement prévenue
par la vaccination, l’efficience et l’efficacité du vaccin, le
niveau de preuves en faveur de la vaccination, la faisabilité des
programmes d’implantation et l’analyse économique de telles
mesures.
Les principales modifications 2020 du schéma vaccinal de l’adulte
sont résumées ici.
Tous vaccinés contre la grippe après 6 mois sauf…
Concernant la grippe, la vaccination a été recommandée lors de la
saison 2019- 2020 pour tout individu de plus de 6 mois, ne
présentant pas de contre-indication. Le vaccin vivant atténué anti
grippal peut être une option chez les plus de 49 ans mais il est
contre indiqué en présence d’une immunosuppression, (dont celle
liée au VIH), d’une asplénie anatomique ou fonctionnelle, d’une
grossesse, de contacts proches avec des patients très sévèrement
immunodéprimés. Il en va de même pour ceux ayant reçu récemment un
traitement anti grippal, présentant une fuite de liquide céphalo
rachidien ou porteurs d’un implant cochléaire. Enfin, il est
recommandé de ne pas vacciner les sujets ayant présenté un syndrome
de Guillain Barré dans les 6 semaines précédentes.
Vaccin des hépatites pour des populations à (très) haut
risque
Pour l’hépatite A, les populations a très haut risque
nécessitant, prioritairement, une vaccination sont les malades
porteurs d’hépatopathie chronique, les voyageurs dans des pays
étrangers avec fort taux d’endémie, les sujets en contact étroit
avec une personne revenue dans les 60 jours d’une contrée à forte
ou moyenne endémie, les homosexuels masculins, les toxicomanes, les
sans domicile fixe ou individus exposés aux virus, comme par
exemple le personnel de laboratoire. Une série de 2 doses
vaccinales est recommandée. Chez la femme enceinte, en cas de
risque d’infection durant la grossesse, la vaccination contre
l’hépatite A est aussi préconisée, tout comme chez le personnel de
maisons de santé ou d’aides à domicile. Dans l’absolu, tout sujet,
non particulièrement à risque mais désirant être protégé, peut être
vacciné.
La liste des populations à risque pour l’hépatite B comprend tous
les malades avec hépatopathies, ceux avec élévation des
transaminases au-delà du double de la normale, les sujets VIH+,
ceux à haut risque d’exposition sexuelle, les toxicomanes IV, ceux
exposés à des contacts avec des produits sanguins, les diabétiques
de moins de 60 ans, les prisonniers, les voyageurs dans des pays à
risque élevé ou intermédiaire. Les femmes enceintes peuvent être
aussi incluses dans les populations à risque, en évitant alors le
vaccin HepB-Cpg, en l’absence de données sur sa sécurité dans ce
cas précis.
Pourquoi la vaccination anti HPV est utile
Le papillomavirus humain (HPV) est, pour sa part, un oncogène
potentiel dont il est possible de prévenir la transmission. Il est
acquis très tôt, dès le début de l’activité sexuelle. La grande
majorité des infections à HPV sont transitoires, asymptomatiques et
ne progressent pas vers un cancer. Mais, certains types sont à haut
risque oncogénique et peuvent entrainer le développement d’un
cancer du col, de l’anus, du pénis, de la verge, de la vulve ou
d’un cancer ORL, souvent après plusieurs décennies. Bien que
l’infection par HPV soit acquise tôt, chez l’adolescent ou l’adulte
jeune, à tout âge un nouveau partenaire sexuel peut être un facteur
de risque. Or, à ce jour, n’existe aucun test par anticorps pouvant
déterminer si un individu est immunisé ou potentiellement
contaminable. Une vaccination est donc utile, même si elle n’est
que prophylactique, prévenant une nouvelle contamination mais
n’empêchant pas la progression d’une infection déjà acquise, ne
modifiant pas le temps de clairance virale ni pouvant traiter une
maladie liée à l’HPV déjà en place. En 2019, l’ACIP s’est prononcée
pour une vaccination de rattrapage chez tous les sujets jusqu’à 26
ans.
Précédemment, elle ciblait les femmes jusqu’ à cet âge mais
les hommes seulement jusqu’ à 21ans. Pour les individus entre 27 et
45 ans, la vaccination est à discuter au cas par cas, fonction
d’une décision partagée. Enfin, elle reste possible au-delà de 45
ans.
Les indications de la vaccination ROR (rougeole, oreillons,
rubéole) n’ont pas varié en dehors de celles concernant les
travailleurs dans le domaine de la santé. Ceux, nés en 1957 ou plus
tard, sans immunité patente, se doivent d’être vaccinés. Pareille
attitude reste possible pour les personnels nés avant 1957.
Concernant le méningocoque B, les précédentes recommandations,
inchangées, ciblaient les sujets de 10 ans au moins, présentant un
déficit en complément (ou sous inhibiteurs), aspléniques ou qui
exerçaient la profession de microbiologiste ou de laborantin. Elles
comprenaient une dose de rappel annuel suivant une vaccination
complète tant que le risque infectieux persistait. En cas
d’épidémie dans la population générale et de vaccination préalable,
l’ACIP préconise une dose de rappel.
Vacciner contre le pneumocoque les plus de 65 ans
Streptococcus pneumoniae peut être la cause
d’affections sévères : sepsis grave avec ou sans bactériémie,
méningite, pneumonie… Toutefois, l’immunité grégaire due à la
vaccination de routine dans l’enfance tend à protéger en partie les
adultes. Les effets indirects de la vaccination pédiatrique par le
PCV13 (vaccin anti pneumococcique conjugué à 13 valences) ont
permis, en effet, de réduire le taux d’infection par cet agent
pathogène chez les personnes âgées mais leur vaccination reste à
envisager. En cas de discussion sur l’opportunité de vacciner ou
non un sujet de plus de 65 ans, doivent être pris en compte les
éléments suivants : le risque tend à augmenter avec l’âge et donc
une vaccination par PCV 13 doit être régulièrement proposée chez
les sujets de 65 ans ou plus, antérieurement non vaccinés,
particulièrement chez ceux résidant en maison de retraite, ou dans
un environnement avec faible vaccination pédiatrique. Il en va de
même en cas de pathologie cardiaque, respiratoire, hépatique, de
diabète, d’alcoolisme, de tabagisme ou de tout autre comorbidité
sévère.
Les contre-indications sont une fuite de LCR ou un implant
cochléaire. En sus, tous les adultes de plus de 65 ans devront
aussi recevoir dans un second temps une dose de PPSV 23 (vaccin
tétra valent polysaccharidique).
Pour les vaccinations contre le tétanos, la diphtérie et la
coqueluche, il est préconisé, comme antérieurement, un rappel tous
les 10 ans, avec, en cas de blessure ouverte un rappel de
prophylaxie anti tétanique. Enfin, une vaccination anti varicelle
peut être proposée chez les individus VIH +, sans antécédents de
varicelle, dont les CD4T sont supérieurs à 200 cells/µL.4
Pas d'intérêt de la vaccination grippe pendant l'épidémie de Covid
Le 07 avril 2021
Tant que nous serons amenés à nous prémunir contre le covid (rien ne nous garantit qu'un mutant insensible aux actuels vaccins ne vienne à terme sérieusement perturber les certitudes de beaucoup...) on ne voit pas très bien l'utilité (hors sujets très fragiles évidemment) de généraliser à nouveau la vaccination contre la grippe.
Au cours de l'hiver dernier le simple port du masque et le respect de qqes autres gestes de bon sens ont permis à la plupart d'entre nous de nous prémunir contre toutes les autres contaminations aéroportées.
Dr Alain Cros
Des précisions importantes
Le 07 avril 2021
Article très intéressant sur la vaccination des adultes, souvent occultée par celle (toujours importante) des enfants en bas âge.
Merci pour cet article qui permet de répondre à bien des questions auprès du public.
C. Durand IDE - CDS
Calendrier vaccinal 2021 en attente
Le 21 avril 2021
Et nous attendons la version 2021 du calendrier vaccinal de la HAS, publié entre janvier et avril, généralement en mars.