
Paris, le jeudi 22 avril 2021 – Pré-rentrée difficile
aujourd’hui au ministère de l’Éducation nationale : il reçoit à 14h
les principaux syndicats et représentants de parents d’élève pour
préparer la rentrée particulière de lundi dans les écoles
maternelles et primaires (suivie de celle du 3 mai dans les
collèges et les lycées). Pour la plupart, ces organisations sont
très critiques vis-à-vis de Jean-Michel Blanquer et de sa gestion
de la crise, lui reprochant un déni de la situation épidémique dans
les écoles et son refus d’adopter des dispositifs pourtant
préconisés depuis des mois. Elles voient en outre leurs inquiétudes
augmentées par les réticences de nombreux épidémiologistes qui
estiment aujourd’hui que la reprise de la scolarité est prématurée.
Seule la PEEP (fédération de parents d’élèves) se démarque quelque
peu et se montre peu encline à un durcissement des protocoles en
vigueur.
Vous l’aurez voulu !
Première question cruciale : à partir de combien d’élèves contaminés dans une classe, celle-ci doit-elle fermer ? Petit flottement au cours des dernières 24 heures. Le gouvernement allait-il faire machine arrière avec une fermeture imposée à partir de trois cas confirmés (sauf infection par les variants dits brésiliens et sud-africains) ? Devant la bronca des organisations, le ministère semble avoir tranché pour que la fermeture dès le premier cas, comme cela avait été imposé avant la fermeture dans 20 départements, soit généralisée. Mais au gouvernement, on prévient : « Ce sera très compliqué pour les parents » explique à France Inter, un proche du Premier ministre.Repêchage pour le dépistage généralisé
Autre incontournable de cette rentrée : la politique de
dépistage. Les informations qui circulent depuis hier indiquent
qu’un objectif d’un million de tests salivaires est prévu pour
l’école. Pas question cependant d’espérer un tel horizon pour la
semaine prochaine : au ministère on précise qu’il s’agit d’un «
objectif atteignable à moyen terme ». La production trop
restreinte de tests salivaires et le choix du ministère de
l’Éducation nationale de gérer lui-même ses commandes et ses
acheminements expliquerait ces ressources limitées (alors que l’on
compte plus de 6,6 millions d’élèves dans le premier degré). Au
lycée, ce sont les autotests qui s’imposeront : 52,5 millions ont
été commandés. L’objectif est que les lycéens réalisent un autotest
par semaine, sous la supervision des professeurs, qui devraient
être formés pour les accompagner (sans que l’on sache comment cette
« formation » sera réalisée… ni s’ils seront d’accord !).
Les adultes se verront également remettre deux autotests par
semaine. Angle mort de cette politique de dépistage très
perfectible, les collégiens, qui normalement doivent être l’objet
de dépistages par test antigéniques nasopharyngés, mais
l’acceptabilité de ces derniers reste faible. Faut-il pour ces
derniers utiliser des tests salivaires (dont les quantités sont
très limitées) ou des autotests (alors que l’autorisation de la HAS
a fixé comme seuil d’âge 15 ans) ?
A aérer et à manger
D’autres sujets devraient également être abordés lors de cette réunion et notamment l’installation des capteurs de CO2 pour bien contrôler que les niveaux d’aération sont suffisants. Le gouvernement a renvoyé la responsabilité de l’équipement des établissements aux municipalités. L’Association des maires de France a cependant indiqué qu’elle refusait de se « voir « imposer » l’achat de ces capteurs « pour un coût d’investissement conséquent, alors que la ventilation mécanique des locaux est une solution efficace ». Il est probable que le ministère continue à botter en touche : difficile de comprendre pourquoi plutôt qu’un équipement de toutes les classes, le gouvernement ne décide pas de la réalisation de mesures en vie réelle (prenant donc en compte les différentes conditions architecturales et démographiques). Les résultats obtenus grâce aux capteurs permettraient en effet d’améliorer les protocoles en actualisant les temps d’aération nécessaires. Dans la même perspective, de nombreux représentants espèrent de nouvelles mesures dans les cantines. Les propositions de certains apparaissent difficilement envisageables. Le SNALC indique ainsi « il faut revoir complètement le protocole des cantines pour adopter des mesures similaires aux restaurants d'entreprise, soit une personne pour 8m2 ». Si une telle demande semble éloignée des réalités, chez les parents, l’attente est forte : selon un sondage Odoxa, 87 % des Français sont favorable à l'organisation du repas « dans un endroit sécurisé ».Des Français peu dupes
Aurélie Haroche