Je ne reviens (toujours) pas te chercher !

Paris, le mardi 27 avril 2021 – La communication autour des bénéfices de la vaccination a été plus que parcellaire en France. Aussi, le clip qui mettait en scène une grand-mère vaccinée et ses petits-enfants courant les uns vers les autres pour s’étreindre chaleureusement est d’autant plus remarquable. Il offrait en effet une parlante démonstration de l’intérêt de la vaccination contre la Covid.

L'HCSP plus sévère que les CDC

Sauf que ce clip était quasiment mensonger (si ce n'est qu'il rappelait à la toute fin que pour l'heure le port du masque et la distance physique demeurent essentiels). Et il ne serait pas inutile de corriger le tir par une communication complémentaire. C’est en tout cas ce que semble préconiser dans un avis publié hier le Haut conseil de la santé publique qui recommande d’ « engager des campagnes de communication pédagogique à destination des citoyens vaccinés pour leur expliquer l’importance des mesures barrières, même en étant vaccinés ». Pas question donc d'embrasser ses petits enfants chéris sur l’air de « Je reviens te chercher » de Gilbert Bécaud. Tenant compte de la « situation épidémiologique nationale actuelle défavorable, la saturation hospitalière, l’impossibilité d’évaluer le risque pour les personnes ayant bénéficié d’un schéma vaccinal complet de contaminer d’autres personnes, l’incertitude relative à l’impact de la transmission notamment des variants d’intérêt et la faible couverture vaccinale actuelle en France », le HCSP a en effet émis un avis qui n’offre que très peu de latitude à ceux qui ont été vaccinés contre la Covid en France. L’institution estime ainsi qu’il faut « poursuivre l’application des mesures barrières en cette période, même en étant vacciné » et que les personnes immunisées doivent continuer à être inclues dans la politique de contact tracing.

L’unique exception pour se passer du masque concerne les situations réunissant moins de six personnes toutes complètement vaccinées (mais sans facteur de risques !) et à la condition de conserver les « autres mesures barrières : hygiène des mains, distance interindividuelle, aération ».

Autant dire que la mesure concerne aujourd’hui un nombre très restreint de personnes (des staffs hospitaliers peut-être !). Ces préconisations sont plus sévères que celles des CDC qui estiment par exemple qu’une personne vaccinée peut se dispenser de masques ou de certaines mesures barrières en cas de contact avec une personne à faible risque de développer une forme grave de Covid-19.

Il faut donner envie !

La prudence du HCSP (qui s’explique également par la situation épidémique actuelle peu favorable en France) n’est guère un discours propice à encourager la vaccination et contraste avec certains appels d’éditorialistes (voire de médecins) à une promotion plus volontaire de la libération conférée par ce choix. Ils n’hésitent pas par exemple à soutenir l’idée de conditionner l’accès à certains lieux au fait d’avoir été vacciné. Ces voix anticipent un avenir proche : quand les personnes les plus à risque auront été protégées et où une ouverture plus large sera possible. Cette étape ne pourra être réussie que si l’adhésion demeure forte. Or, certains signaux suggèrent qu’un travail de conviction pourrait alors être nécessaire. C’est par exemple le cas aux Etats-Unis où après l’affluence des premiers mois, certains centres de vaccination connaissent la déshérence, parvenant difficilement à recruter des sujets jeunes. Aussi, la possibilité de limiter le port du masque et d’assouplir les mesures de distanciation grâce à la vaccination (ce qu’illustre aujourd’hui l’exemple israélien et dans une moindre mesure celui du Royaume Uni) pourraient constituer des arguments importants pour convaincre les indécis. Beaucoup en sont persuadés, tels notamment certains présidents de Länder allemands qui pressent aujourd’hui le gouvernement central de lever certaines des mesures pour les vaccinés. Mais c’est probablement encore trop tôt compte tenu de la couverture vaccinale encore modeste en France.

D’ailleurs, le HCSP insiste sur l’importance de « promouvoir et faciliter l’accès à la vaccination de toutes les personnes ». Et souhaite mieux connaître « le risque individuel d’infection par exposition à des personnes infectées ainsi que le risque de transmission en tenant compte des différents variants d’intérêt » des sujets ayant reçu deux doses.  

L.C.

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