
L'HCSP plus sévère que les CDC
Sauf que ce clip était quasiment mensonger (si ce n'est qu'il
rappelait à la toute fin que pour l'heure le port du masque et la
distance physique demeurent essentiels). Et il ne serait pas
inutile de corriger le tir par une communication complémentaire.
C’est en tout cas ce que semble préconiser dans un avis publié hier
le Haut conseil de la santé publique qui recommande d’ « engager
des campagnes de communication pédagogique à destination des
citoyens vaccinés pour leur expliquer l’importance des mesures
barrières, même en étant vaccinés ». Pas question donc
d'embrasser ses petits enfants chéris sur l’air de « Je reviens
te chercher » de Gilbert Bécaud. Tenant compte de la «
situation épidémiologique nationale actuelle défavorable, la
saturation hospitalière, l’impossibilité d’évaluer le risque pour
les personnes ayant bénéficié d’un schéma vaccinal complet de
contaminer d’autres personnes, l’incertitude relative à l’impact de
la transmission notamment des variants d’intérêt et la faible
couverture vaccinale actuelle en France », le HCSP a en effet
émis un avis qui n’offre que très peu de latitude à ceux qui ont
été vaccinés contre la Covid en France. L’institution estime ainsi
qu’il faut « poursuivre l’application des mesures barrières en
cette période, même en étant vacciné » et que les personnes
immunisées doivent continuer à être inclues dans la politique de
contact tracing.
L’unique exception pour se passer du masque concerne les
situations réunissant moins de six personnes toutes complètement
vaccinées (mais sans facteur de risques !) et à la condition de
conserver les « autres mesures barrières : hygiène des mains,
distance interindividuelle, aération ».
Autant dire que la mesure concerne aujourd’hui un nombre très
restreint de personnes (des staffs hospitaliers peut-être !). Ces
préconisations sont plus sévères que celles des CDC qui estiment
par exemple qu’une personne vaccinée peut se dispenser de masques
ou de certaines mesures barrières en cas de contact avec une
personne à faible risque de développer une forme grave de
Covid-19.
Il faut donner envie !
La prudence du HCSP (qui s’explique également par la situation
épidémique actuelle peu favorable en France) n’est guère un
discours propice à encourager la vaccination et contraste avec
certains appels d’éditorialistes (voire de médecins) à une
promotion plus volontaire de la libération conférée par ce choix.
Ils n’hésitent pas par exemple à soutenir l’idée de conditionner
l’accès à certains lieux au fait d’avoir été vacciné. Ces voix
anticipent un avenir proche : quand les personnes les plus à risque
auront été protégées et où une ouverture plus large sera possible.
Cette étape ne pourra être réussie que si l’adhésion demeure forte.
Or, certains signaux suggèrent qu’un travail de conviction pourrait
alors être nécessaire. C’est par exemple le cas aux Etats-Unis où
après l’affluence des premiers mois, certains centres de
vaccination connaissent la déshérence, parvenant difficilement à
recruter des sujets jeunes. Aussi, la possibilité de limiter le
port du masque et d’assouplir les mesures de distanciation grâce à
la vaccination (ce qu’illustre aujourd’hui l’exemple israélien et
dans une moindre mesure celui du Royaume Uni) pourraient constituer
des arguments importants pour convaincre les indécis. Beaucoup en
sont persuadés, tels notamment certains présidents de Länder
allemands qui pressent aujourd’hui le gouvernement central de lever
certaines des mesures pour les vaccinés. Mais c’est probablement
encore trop tôt compte tenu de la couverture vaccinale encore
modeste en France.
D’ailleurs, le HCSP insiste sur l’importance de «
promouvoir et faciliter l’accès à la vaccination de toutes les
personnes ». Et souhaite mieux connaître « le risque
individuel d’infection par exposition à des personnes infectées
ainsi que le risque de transmission en tenant compte des différents
variants d’intérêt » des sujets ayant reçu deux doses.
L.C.