
Un argument majeur pour inciter à la vaccination
Des exceptions demeurent concernant les transports publics, les gares et les aéroports, tandis qu’en cas d’apparition de symptômes évocateurs, les personnes sont invitées à immédiatement renouer avec le masque. Cette préconisation des CDC s’appuie tout d’abord sur les données scientifiques plaidant de plus en plus en faveur d’une bonne efficacité des vaccins les plus largement utilisés aux Etats-Unis (Pfizer/BioNTech et Moderna) contre les variants et pour diminuer de la transmission. Il apparaît en effet que même dans les rares cas d’infection chez des sujets vaccinés, les personnes concernées demeurent faiblement contagieuses. Par ailleurs, cet assouplissement est également rendu possible par une situation épidémique très favorable avec autour de 36 000 cas identifiés chaque jour et une incidence en baisse, tandis que le nombre de décès a retrouvé le même niveau que l’été dernier. Enfin, alors que les Etats-Unis commencent à rencontrer des difficultés à convaincre les personnes non encore vaccinées, l’argument de la possibilité de retirer son masque est évidemment majeur.Le masque : le prix à payer pour une réouverture progressive ?
L’abandon du port du masque semble de fait une marque de
libération sans commune mesure. En effet, une grande partie de la
population n’est que très peu concernée par la possibilité de se
rendre dans les restaurants ou dans les lieux culturels. Les
entraves principales pour la plupart des gens sont ainsi
matérialisées par les restrictions de circulation (qui ont été
levées en France sauf le soir) et le masque.
Cependant, il semble que cet horizon ne puisse être espéré à
court terme dans notre pays. La situation épidémique est tout
d’abord bien moins favorable qu’aux Etats-Unis, avec un taux
d’incidence de 175 / 100 000. Or, en dépit de ce niveau encore
important (même si la baisse connaît désormais un rythme plus
rapide qu’en novembre dernier), le gouvernement a choisi de rouvrir
progressivement différents lieux publics. Cet assouplissement ne
semble pouvoir s’envisager que si continuent à être appliquées les
mesures dites « barrière », dont le port du masque. La proportion
de personnes vaccinées semble également encore trop limitée.
Les éternels paradoxes et freins français
Par ailleurs, la France, en partie en raison du contexte épidémique, mais également probablement parce qu’elle se refuse à remettre en cause le principe d’égalité, semble se refuser à accorder tout privilège aux personnes vaccinées (même si paradoxalement, le principe d’un pass sanitaire a bien été adopté par l’Assemblée nationale). Ainsi, les assouplissements concernant le port du masque sont extrêmement limités pour les personnes complètement vaccinées. La difficulté de « contrôler » si le non port du masque est lié au fait d’avoir été vacciné et la défiance habituelle vis-à-vis de ceux qui « profiteraient » d’une possible confusion expliquent peut-être également la lenteur française.Une partie de la France se démasque
C’est ainsi que la fin du masque, même en extérieur, n’est pas à l’ordre du jour à l’échelon national. Olivier Véran a dit espérer que pour les espaces non clos cette étape pourrait être franchie cet été et a assuré que dès que cela sera possible, l’autorisation sera donnée sans délai, tandis que le responsable de la campagne vaccinale Alain Fischer a préféré tabler sur la fin de l’été. Néanmoins, alors que le port du masque à l’extérieur relève de décisions locales (préfectorales ou municipales), certains ont déjà fait le choix de suspendre les obligations du port du masque dehors, au moins sur les littoraux.Un symbole dont il faut éviter de se déshabituer trop vite
De telles dispositions peuvent (et devraient pouvoir) être d’autant plus facilement prises que l’utilité du masque en extérieur a toujours été plus que discutée. Un quasi consensus scientifique s’est ainsi même clairement dessiné pour confirmer que sa pertinence est très faible. La très forte diminution du risque de transmission à l’extérieur (plus encore quand la densité est faible) restreint considérablement la nécessité du port du masque dehors. Cependant, certains épidémiologistes invitent à ne pas sous-estimer la force symbolique de ce masque généralisé, qui rappelle à chacun, constamment, la nécessité de demeurer vigilant. Il n’est en outre pas impossible que certains essayent de préparer les esprits à l’idée que le masque pourrait dans l’avenir être un outil plus familier, par exemple pendant les périodes d’épidémie grippale. C’est notamment le sentiment du premier ministre Jean Castex. Mais il est probable qu’avant de discuter de la pertinence d’une utilisation plus fréquente du masque pour limiter la circulation des différents virus respiratoire, l’enjeu aujourd’hui est de déterminer quand les masques systématiques ne seront enfin plus qu’un mauvais souvenir.A.H.