
Paris, le mardi 25 mai 2021 - Dans le cadre du récent congrès de la Société Française de Pédiatrie, le CNIEL* (Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière) a organisé une conférence de presse sur l’impact des confinements sur la santé des enfants et des adolescents (jusqu’à l’âge de 20 ans).
Le Dr Olivier Revol, psychiatre et Chef de service de psychopathologie du développement de l’enfant et de l’adolescent (HCL) plante rapidement le décor. Depuis janvier 2021, les urgences pédiatriques ont enregistré un bond de 40 % des entrées pour motifs psychologiques chez les jeunes de moins de 15 ans : idées ou tentatives de suicide, scarifications ou encore anorexie mentale (surtout chez les jeunes filles). Après un calme relatif lors du premier confinement (mars-mai 2020), les services de pédopsychiatrie sont également actuellement surchargés.
Les adolescents semblent être les plus touchés par ce phénomène. Le Dr Revol commente : « La pandémie déjoue les attentes des adolescents autour de la liberté, la convivialité, le besoin de s’opposer, les perspectives. Les adolescents voient leur avenir contrarié et cette pandémie est un terrible coup d’arrêt à leur désir d’autonomie. Leur seul objectif est de survivre à la crise ». Par ailleurs, l’utilisation de termes tels que « guerre/nombre de morts par jour/zone rouge » ont participé à l’augmentation des troubles anxieux dans la population pédiatrique. Pour illustrer ses propos sur la façon dont les adolescents ont eu à gérer les confinements successifs, le Dr Revol projette le témoignage d’une de ses patientes de 13 ans et demi : « C’est compliqué entre les cours à distance et la pression de rendre nos devoirs à temps, sans oublier nos parents qui nous reprochent de passer notre temps dans notre chambre. Nous, on essaye déjà de survivre ... ». Cependant, au-delà de cette période complexe, sur la question du stress post-traumatique, même si certaines études chinoises ont tenté d’identifier des profils à risque (jeunes filles, prédispositions individuelles et/ou surexpositions aux médias), le Dr Revol reste optimiste et fait confiance à cette génération résiliente pour se remettre rapidement de ces épreuves. Il conclut sa présentation par l’importance d’être à l’écoute des enfants et adolescents, et de profiter de la pandémie pour revoir nos modes de vie et améliorer la communication intergénérationnelle.
Madame Aurée Salmon-Legagneur, directrice d’études et de recherche au CRÉDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) poursuit la présentation en évoquant l’impact des confinements sur le mode de vie des enfants. Selon leurs études, ces modifications se sont articulées autour de trois axes:
- Alimentation : choix alimentaires (progression des achats
d’aliments « réconforts »), réactivité alimentaire (plus
de prises de repas suite à des signaux comme des odeurs de cuisine)
et suralimentation émotionnelle (majorée par l’ennui).
- Activité physique: diminution de 42 % chez les enfants de 6 à 10
ans et de 59 % chez les 10-18 ans avec peu ou pas d’impact sur les
enfants de moins de 6 ans. Plusieurs facteurs pouvant influer cette
évolution: localisation du domicile, niveau socio-économique du
foyer, présence de conflits familiaux, ...
- Sédentarité: pour 93 % des enfants et adolescents, le temps
d’écran a doublé en 2020, passant de 2h/jour (recommandées) à
4h/jour avec le potentiel impact négatif que cela peut avoir sur le
développement physique, cognitif, émotionnel et social.
« Un des risques de modifications du comportement alimentaire dues au confinement est de provoquer des déséquilibres nutritionnels. Pour les éviter, il faut respecter les 4 piliers de l’équilibre nutritionnel qui permettent d’assurer les apports en fer, calcium, acides gras essentiels et DHA, et phyto nutriments » commente le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques (hôpital Trousseau). Ces besoins sont résumés en :
- Besoins en fer absorbé: 1,1 mg/jour (pour les 7-11 ans)
jusqu’à 2,4 mg/jour (pour les filles de 12 à 17 ans) selon les
recommandations de la Société Française de Pédiatrie assurés par la
consommation de produits carnés.
- Besoins en calcium: très élevés surtout chez l’adolescent (1150
mg/j), assurés par trois à quatre produits laitiers par jour.
- Besoins en en acides gras essentiels, assurés par la consommation
d’huiles végétales (comme l’huile de colza), et en DHA, assurés par
la consommation de poissons gras (une à deux portions de poissons
par semaine dont un gras sont recommandées par l’Anses).
- Les phyto-nutriments sont apportés par les végétaux (fibres et
vitamines B9 et C).
Enfin, le Pr Tounian rappelle qu’il est important que les enfants prennent du plaisir à manger et à pratiquer l’activité sportive de leur choix et qui soit adaptée à leurs capacités physiques.
Dans un contexte sanitaire encore incertain, la santé des enfants et des adolescents doit encore rester une priorité. Il est plus que nécessaire d’être vigilant quant à leur mentale mais également à leur équilibre nutritionnel et à la réduction de leur temps de sédentarité.
Dr Dounia Hamdi