
Une obligation progressive et quasi généralisée
Comment y faire face ? Par l’obligation répond une nouvelle fois l’Académie de médecine dans un communiqué publié hier intitulé « Obligation, n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid-19 ». L’Académie prédit que « le dynamisme de la campagne va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination, l’importance de ces deux catégories récalcitrantes étant actuellement estimée à 15 % pour chacune d’elles ». Or, l’Académie rappelle en reprenant les chiffres des modélisations de l’Institut Pasteur que pour pouvoir retrouver une vie complètement normale, il est nécessaire d’atteindre une couverture vaccinale couvrant 80 % des adultes ou 90 % de la population entière. Compte tenu du fait que la vaccination des plus jeunes sera confrontée à l’obstacle de la faible dangerosité de la maladie en ce qui les concerne, l’Académie plaide en faveur d’une obligation « progressive ». Selon elle, elle devrait ainsi devenir exigible pour « l’exercice de toute activité professionnelle essentielle » (ce qui comprend outre la sécurité et la santé l’enseignement ou les services d’approvisionnement de la population), puis pour l’exercice des « activités professionnelles comportant un contact avec le public ». Le spectre serait encore élargi et quasiment généralisé en l’imposant en « préalable à toutes les activités comportant déplacements ou rassemblements ». Enfin, l’Académie préconise l’obligation vaccinale des donneurs de sang, tissu ou organe et des étudiants avant la rentrée universitaire.La Covid n’est pas la variole
Et si la France donnait l’exemple ?
Le ministère de la Santé a déjà indiqué qu’il repoussait l’idée d’imposer la vaccination, préférant se souvenir que l’adhésion observée aujourd’hui est bien plus large que ce qui avait été imaginé au mois de janvier. « Pas d’obligation vaccinale pour l’instant, surtout que le niveau d’acceptation dans la population est actuellement très haut, le but est de l’accroître encore davantage sans contrainte », explique ainsi l’Avenue de Ségur citée par Le Parisien. Les opposants à l’obligation font encore remarquer qu’aucun pays n’a choisi cette option : ce à quoi le professeur Yves Buisson, membre de l’Académie de médecine rétorque. « Pour une fois, on pourrait être les premiers à prendre une bonne mesure ». Ce dernier défend encore qu’un tel choix pourrait renforcer la confiance dans les vaccins, ce qui est conforté par l’expérience de l’extension des obligations vaccinales concernant les nourrissons qui s’est accompagnée d’une progression de l’adhésion au principe de la vaccination. Cependant, vis-à-vis d’une vaccination récente, avec un manque de recul concernant l’innocuité et l’efficacité à moyen et long terme, l’effet pourrait être différent. En tout état de cause remarquer comme le fait l’Académie de médecine que « les perspectives d’un approvisionnement croissant risquent de placer la France devant le paradoxe d’un excédent de doses face à une couverture vaccinale insuffisante » risque de conforter certains antivaccins dans leur idée qu’une obligation aurait pour intention non exprimée d’écouler les stocks.Pass vaccinal et pass sanitaire : des conceptions très éloignées
La solution intermédiaire pourrait-elle être de mettre en place un « pass vaccinal » comme le recommande également l’Académie de médecine ? Ce dispositif n’empêche pas aujourd’hui Israël de connaître des difficultés à dépasser une forme de « plafond de verre ». Surtout, il n’est pour l’heure pas du tout l’optique du gouvernement. En effet, alors que le pass sanitaire sera en vigueur à partir du 9 juin, Cédric O secrétaire d'État au Numérique a prévenu que « Nul ne pourra restreindre l’accès à un lieu en dehors des cas fixés par décret ». Ainsi, le pass sanitaire ne pourra pas être exigé dans les restaurants et musées, mais uniquement lors des événements rassemblant plus de 1 000 personnes et lors des voyages internationaux. On est loin des attentes de l’Académie de médecine qui promeut la mise en place d’un certificat de vaccination pour pouvoir prendre part aux activités sociales. Le gouvernement préfère pour sa part le principe d’un « carnet de rappel numérique », qui doit permettre aux personnes ayant fréquenté un restaurant, un cinéma ou une salle de port d’être contacté si un autre utilisateur était infecté par SARS-CoV-2.Aurélie Haroche