La vaccination contre la Covid-19 peut-elle être rendue obligatoire pour les ainés ?
Paris, le samedi 11 juin 2021 - Voilà une proposition conçue
pour occuper l’espace médiatique. Dans une tribune publiée le 5
juin dernier sur notre site, l'épidémiologiste Martin Blachier
suggère de rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19
pour les publics les plus vulnérables, notamment les personnes
âgées. En effet, selon lui « les 20 % de personnes vulnérables
non vaccinées entraîneront une vague hospitalière dès octobre
2021 ».
Aussitôt, les chaines d’information se sont saisies de cette
proposition « choc » qui possède tous les ingrédients d’une bonne
polémique. Non seulement, le caractère obligatoire de la
vaccination est, par nature, susceptible de déchainer les passions
des plus réfractaires au principe même du vaccin, mais surtout elle
conduirait les autorités à renier la promesse formulée par Emmanuel
Macron au moment de la levée du deuxième confinement de ne pas
rendre la vaccination contre la Covid-19 obligatoire. A ce stade,
au 10 juin 2021, 19,1 % des plus de 75 ans, et 23,1 % des 60-74 ans
n’ont pas été vaccinés (certains d’entre eux ayant cependant
probablement été immunisés naturellement). Mais au-delà des
arguments sanitaires revevables, reste la question de la
faisabilité juridique de la mesure.
Passage par la loi
Rendre un vaccin obligatoire n’est évidemment pas une
nouveauté en droit français. Deux dispositions spécifiques du Code
de la Santé Publique imposent des vaccinations obligatoires. Ainsi
l’article L.3111-2 du Code de la Santé Publique dresse la liste des
maladies pour lesquels la vaccination est obligatoire pour les
enfants (la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l’haemophilius
influenzae B, la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole, les
oreillons, la rubéole, le méningocoque C, le pneumocoque). Si la
loi fixe le principe du caractère obligatoire de la vaccination,
c’est un décret en Conseil d’Etat qui pose les critères liés à
l’âge de la vaccination.
Autre disposition, celle de l’article L.3111-6 du Code de la
Santé Publique qui fixe le principe de la vaccination obligatoire
contre la fièvre jaune pour toute personne âgée de plus d’un an
résidant ou séjournant en Guyane. Comme ce fut le cas en 2018 au
moment de l’élargissement de la liste des vaccins obligatoires pour
les jeunes enfants, tout ajout d’une nouvelle vaccination doit
passer par la loi. Théoriquement, il serait donc possible au
parlement (sans nécessairement passer par l’état d’urgence
sanitaire) de modifier le Code de la Santé Publique en ce
sens.
Une mesure conforme à la CEDH et à la Constitution
Dans l’hypothèse où le gouvernement envisagerait de sauter le pas,
il pourrait également se reposer sur l’arrêt rendu récemment par la
Grande Chambre de la Convention européenne des droits de l’homme
(CEDH) du 8 avril 2021, qui considère que l’obligation vaccinale ne
constitue pas une violation des dispositions de la Convention
européenne des droits de l’homme sur le « droit au respect de la
vie privée ». En effet, cette Cour avait estimé que « La
politique de vaccination poursuit les objectifs légitimes de
protection de la santé ainsi que des droits d’autrui, en ce qu’elle
protège à la fois ceux qui reçoivent les vaccins en question et
ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons
médicales ». Une position proche de celle retenue par le
Conseil Constitutionnel Français.
Vaccination obligatoire mais pas d’injection forcée
Mais si la loi possède le « pouvoir » de rendre une
vaccination obligatoire, elle ne permettrait pas, dans le même
temps, de l’imposer par la force. Du reste, la CEDH a par le passé
défendu l’idée qu’un traitement médical non volontaire pouvait
constituer une « ingérence injustifiée dans le droit à
l’intégrité physique et morale des personnes ». En France, le
Code de Santé Publique prévoyait jusqu’en 2018 une peine de prison
en cas de non-respect du calendrier de vaccination, mais pas
d’injection forcée. De leur côté, les enfants n’ayant pas reçu les
vaccins obligatoires peuvent se voir refuser l’accès en crèche, en
centre aéré ou à l’école. Ces trois établissements peuvent en effet
demander à voir le carnet de vaccination. Si la vaccination
obligatoire contre la Covid-19 (sous peine d’amende) inciterait
sans doute certains anxieux ou réfractaires à passer devant le
médecin, elle autoriserait donc les plus déterminés à échapper à
l’injection.
Le coût d'hospitalisation ne serait pas pris en charge par la collectivité
Le 12 juin 2021
Si la vaccination n'est pas obligatoire (CEDH) soit mais la personne non vaccinée ne serait pas admise dans les restos, salles de spectacle, de gym...et puisqu'elle est libre de son choix, la société à le devoir de protéger sa population et d’éloigner les " lépreux récalcitrants ". En outre en cas d'hospitalisation le coût de celle ci ne serait pas pris en charge par la collectivité (qui assure gracieusement la vaccination) mais par la personne elle même, assumant ainsi son refus de la vaccination! La liberté serait à ce prix! Je suis certain que nous aurions plus de 90% de la population vaccinée.
Dr Alain Vanhove
Universalité de la loi ?
Le 12 juin 2021
Une vaccination ou toute autre mesure sera légale si elle concerne l'ensemble de la population adulte, ou tout au moins en premier les personnes particulièrement vectrices pour les autres (personnels soignants, enseignants etc...). Légiférer en particulier et de façon isolée pour une population qui ne présente pas de danger pour la santé publique, autrement que pour eux mêmes sera difficilement constitutionnel.
Dr Jean-Jacques Le Moine
Précisions sur les vaccinations obligatoires
Le 12 juin 2021
Pour compléter l'article de C. Haroche, il y a des vaccinations obligatoires pour les personnels de santé (laboratoire d'analyses médicales, personnels des établissements de prévention, de soin ou hébergeant des personnes âgées y compris les ambulanciers, Étudiants des professions médicales et paramédicales) : Diphtérie, tétanos, polio, Hépatite B. Pour les Thanatopracteurs : hépatite B Certaines vaccinations (contre la rubéole, la varicelle ...) sont recommandées. L'obligation vaccinale contre la grippe est suspendue depuis 2006 et celle contre la typhoïde depuis 2020.