
Revalorisations inégalitaires
Une grève invisible des praticiens hospitaliers
Du côté des praticiens hospitaliers, la contestation a débuté dès le début de l’année. Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHARE) rappelle en effet que « les praticiens hospitaliers sont en grève illimitée des soins urgents et non urgents depuis le 11 janvier 2021 pour être entendus sur la perte de 4 ans d’ancienneté dans leur carrière instaurée par le Ségur de la Santé. Cette grève est peu visible car leur présence à l’hôpital est indispensable en ces temps de crise sanitaire ayant pour effet secondaire de retarder la prise en charge des patients ». Si le gouvernement a été sommé par le Conseil d’État de répondre aux interrogations des syndicats et si ces derniers ont bien été reçus par le ministère de la Santé, aucune évolution ne s’est encore dessinée. Aussi, les syndicats engagent les praticiens à une large participation aux cortèges de demain.L’inaccessible choc d’attractivité
Tant la CGT que les syndicats de praticiens hospitaliers ou les collectifs convergent pour déplorer la crise d’attractivité que traverse le monde hospitalier. Dans de nombreux établissements du pays, les recrutements sont ainsi très difficiles, contraignant parfois les directions à transformer d’autorité les contrats à temps partiel en temps plein, suscitant la colère des personnels, comme à Brest.RIP
Constatant tant la crise d’attractivité que les dysfonctionnements de l’hôpital public, le collectif « L’hôpital c’est nous » (qui regroupe des associations comme Aides, ADT Quart Monde, Oxfam, Emmaüs ou l’Armée du Salut et des collectifs interprofessionnels tels qu’Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux) porte le projet d’un Référendum d’initiative partagée (RIP). La proposition a ainsi été présentée le 3 juin et vise par exemple à déterminer par spécialité et par type d’activité « un nombre minimal de soignants par patients ». Concernant le nombre de lits, il s’agirait de le fixer « en fonction de la densité de population, du nombre de personnes malades ou pouvant le devenir ». Ce RIP a déjà reçu la promesse de signatures de 180 députés de tous bords, tandis que vingt élus locaux de gauche, dont la maire de Paris Anne Hidalgo ont manifesté leur soutien. « La crise sanitaire aura montré l’extraordinaire engagement, le sens du collectif et la conscience professionnelle sans faille de ces femmes et ces hommes qui font vivre l’hôpital. Elle aura aussi révélé au grand jour des conditions de travail difficiles et les limites de notre système hospitalier », soulignent ces élus, parmi lesquels Martine Aubry (Lille) Nathalie Appéré (Rennes), Carole Delga (région Occitanie). Cependant, la voie du RIP est complexe et n’a pour l’heure jamais été couronnée de succès. Elle nécessité en effet pour que la proposition de loi soit soumise au référendum d’être soutenue par un cinquième des membres du Parlement (185 parlementaires) et 10 % des personnes inscrites sur les listes électorales (soit 4,7 millions de citoyens).Léa Crébat