
Paris, le jeudi 17 juin 2021 - Il y a dix jours, l’hôpital Saint
Anne à Paris confirmait avoir mis fin au contrat d’une de ses
infirmières soupçonnée d’avoir délivré de fausses attestations de
vaccination contre la Covid.
Cette affaire est révélatrice d’un trafic qui se développe
depuis plusieurs mois, notamment sur les réseaux sociaux.
La crise favorise les escroqueries
L’épidémie de Covid a été un terrain de jeux fructueux pour les
escrocs en tous genres et notamment ceux du Dark web. Parallèlement
aux faux médicaments, aux faux masques et aux faux vaccins, les
attestations trafiquées ont été l’objet de multiples entourloupes.
Des faux résultats de tests PCR ont ainsi été régulièrement vendus
pour permettre à ceux qui le souhaitaient de voyager sans encombre.
Aujourd’hui, elles laissent la place aux fausses attestations de
vaccination.
Les avantages du certificat sanitaire, sans l’inconvénient supposé du vaccin
Qui sont ceux qui cherchent à obtenir ce sésame sans passer par la case vaccin ? Deux profils se distinguent. Ce sont d’abord des personnes qui ne sont pas parvenues ou qui ne parviennent pas à avoir accès assez rapidement au vaccin et qui veulent pouvoir profiter de la tranquillité du pass sanitaire. Mais les plus nombreux pourraient être les sujets hostiles à la vaccination, mais qui souhaitent cependant pouvoir bénéficier des avantages du certificat sanitaire, sans se soumettre systématiquement à un test PCR. Quelques messages de ce type de candidats à la fausse attestation sont cités aujourd’hui par Libération : « C’est pour mon fils aîné. Il veut faire le machin pour partir en Espagne malgré mes mises en garde, il ne m’écoute pas », explique par exemple une mère.Explosion des points de vente
Trouver des faussaires n’est guère compliqué : des messages sur Facebook ou Twitter permettent souvent un premier contact, quand les discussions moins légales se font sur des messageries plus sécurisées, comme Telegram. Ces derniers mois, le nombre d’interlocuteurs a très fortement progressé. Ainsi, la société de cybersécurité Check Point qui ne recensait qu’une douzaine de faussaires proposant des attestations vaccinales trafiquées à la fin 2020 en comptabilise désormais plus de 1200 sur le darknet.Le crime presque parfait
Comment font-ils ? Certains jouissent de la complicité de professionnels de santé.Dans ce cas plusieurs options sont possibles. La première consiste pour la personne en quête de certificat à se rendre dans le centre de vaccination où travaille le praticien faussaire, d’affirmer avoir déjà eu la Covid et de se faire injecter du sérum physiologique à la place du vaccin. Toutes les informations nécessaires à l’établissement de l’attestation sont dûment enregistrées : le document généré est donc une « véritable attestation », mais sans administration d’un vaccin.
Seconde option : le professionnel de santé complice (ou directement à l’origine de l’escroquerie) procède à toutes les démarches comme si la personne était venue se faire vacciner (éventuellement en sacrifiant des doses, pour limiter les preuves). Là encore, l’attestation obtenue est techniquement vraie, d’autant plus que protection des données obligent, le QR Code ne donne pas d’information sur l’endroit où la vaccination a eu lieu et par qui elle a été réalisée. Seule la consultation de la base de l’Assurance maladie permettrait éventuellement de découvrir des anomalies (sauf dans le cas où une fausse injection a été réalisée, et un numéro de lot entré), mais les personnes réalisant les contrôles n’ont pas le droit théoriquement de les utiliser. Aussi, de telles escroqueries apparaissent difficiles à démasquer… même s’il faut éviter d’attirer l’attention !
Un QR Code sur Photoshop
Troisième hypothèse la génération du faux document repose sur
des techniques moins sophistiquées. « Il suffit d’avoir
Photoshop, de faire un QR code grâce à un générateur en ligne et
voilà », explique cité par Libération Oded Vanunu, de
Check Point. Dans ce cas, la supercherie pourrait cependant être
plus rapidement démasquée, si l’absence de conformité du QR Code
était découverte. Cependant, dans les faits, « Certains QR codes
créés sont plus vrais que nature. […] Si on se retrouve face à un
policier peu regardant ou pressé par exemple, il ne va pas
forcément vérifier auprès du centre en creusant dans la base de
données du laboratoire », explique le responsable Oded Vanunu.
Certains éléments cependant peuvent aiguiser l’attention des forces
de l’ordre, comme récemment quand dans un bus à la douane
espagnole, tous les passagers étaient censés s’être fait vacciner
le même jour !
Sanction
Ces escroqueries qui se sont développées partout dans le monde et notamment aux États-Unis et en Allemagne coûtent autour de 150 euros, quand le vaccin, en plus de conférer une protection efficace contre les formes graves de Covid est gratuit partout dans le monde et en tout cas en France. Surtout, les faussaires et les personnes qui achètent ces vraies-fausses attestations s’exposent à une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ! Un traitement radical contre la folie antivax ?Aurélie Haroche