Santé et pesticides : l’Inserm fait le point

Paris, le jeudi 1er juillet 2021 - A la demande de cinq directions ministérielles, l’Inserm publie une nouvelle expertise collective sur les effets sur la santé des pesticides.

L’Institut de recherche a constitué un groupe d’experts chargé d’analyser la littérature scientifique récente afin d’examiner le lien éventuel entre une vingtaine de pathologies et les pesticides.

Ces travaux confirment la « présomption forte » d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et quatre pathologies : les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome multiple, le cancer de la prostate et la maladie de Parkinson. Ils signalent par ailleurs une « présomption forte » d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et deux autres pathologies : les troubles cognitifs et la BPCO.  

Une présomption quant à un « lien moyen » est également établie entre l’exposition aux substances étudiéées, principalement chez les professionnels, et la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs et certains cancers (leucémies, cancer du système nerveux central, de la vessie, du rein et les sarcomes des tissus mous), l’asthme et des pathologies thyroïdiennes.

A propos des expositions non professionnelles, chez l’enfant : « Certaines périodes de la vie telle que la grossesse et la petite enfance sont d’une plus grande vulnérabilité face à la présence d’un évènement ou agent toxique » soulignent les auteurs.

Les résultats récents permettent de préciser le type de leucémies de l’enfant potentiellement liées à une exposition de la mère pendant la grossesse : leucémies aiguës et usages domestiques (présomption de lien forte) et leucémies aiguës myéloïdes et expositions professionnelles. Enfin, les auteurs signalent un risque de leucémie aiguë lymphoblastique en cas d’exposition professionnelle paternelle en période préconceptionnelle (présomption moyenne).

Concernant les tumeurs du système nerveux central, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle des parents aux pesticides (père ou mère) pendant la période prénatale. D’autre part, les résultats récents conduisent à une présomption forte d’un lien entre les tumeurs du système nerveux central et l’exposition domestique aux pesticides (père ou mère) pendant la grossesse ou pendant l’enfance.

Enfin, concernant les deux pesticides les plus célèbres, le chlordécone et le glyphosate, le groupe d’experts écrit que « la causalité de la relation entre l’exposition au chlordécone et le risque de survenue de cancer de la prostate est jugée vraisemblable ». Pour le glyphosate, l’expertise conclut à une présomption moyenne de lien avec les lymphomes non hodgkiniens. « D’autres liens ont été évoqués dans la littérature scientifique pour le myélome multiple et les leucémies, mais les résultats sont moins solides » souligne le groupe.

Xavier Bataille

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (4)

  • Présomption

    Le 01 juillet 2021

    C'est la première fois que je vois utiliser le terme "présomption moyenne de lien" dans une analyse de données scientifiques. Si quelqu'un peut m'expliquer je suis preneur.
    Je ne sais pas si dans l'avenir on va conclure des études cliniques par des "présomption moyennes" d'efficacité ou de toxicité ?
    C'est peut-être une transposition du funeste principe de précaution dans la science. A moins que l'INSERM, en tous cas les experts ayant commis ce rapport, ne soient pas de vrais scientifiques.

    Une autre explication est peut-être que nos dirigeants ont été très gênés par les conclusions du groupe d'évaluation sur le glyphosate composé de la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède, et rendues publiques le 15 juin. En effet ce groupe n'a pas considéré le glyphosate comme cancérigène et a donc ouvert la voie au renouvellement de son autorisation en Europe.
    Comme la France, sous la pression de la propagande écologiste, ne veut plus du glyphosate, il n'est pas impossible d'imaginer que l'INSERM ait été un peu "incité" à rendre le présent avis.

    Jean-Pierre Guichard (pharmacien)

  • Et les pesticides "bios" ?

    Le 02 juillet 2021

    Et les pesticides agréés en agriculture biologique comme le soufre (premier pesticide utilisé en France!), le sulfate de cuivre, le pyrèthre, l'huile de neem...?

    Dr Le Foulon

  • Pot de terre et pot de fer

    Le 02 juillet 2021

    D'un côté une multinationale surpuissante qui dispose de moyens financiers illimités pour fabriquer de la fausse science qui innocente ses produits.
    De l'autre, des associations militantes composées de bénévoles qui n'ont rien à vendre, rien à gagner, qui disposent des moyens financiers ridicules (les cotisations de leurs adhérents) et qui prennent le risque d'affronter les chiens de garde de Bayer-Monsanto. Et ces gens là feraient peur aux experts de l'INSERM, qui bidouilleraient leurs résultats pour les satisfaire?

    Face à ce désespérant catalogue de pathologies auquel manque l'explosion des obésités, diabètes et infertilités qui font la fortune des laboratoires pharmaceutiques, j'entends "l"imbécile principe de précaution" et les experts de l'INSERM qui ne seraient pas "de vrais scientifiques" comme des insultes à tous les patients qui souffrent et meurent de ces pathologies.

    Dr Jean-Jacques Perret

Voir toutes les réactions (4)

Réagir à cet article