Le pass sanitaire : danger civilisationnel hypocrite ou sésame pragmatique salvateur ?
Paris, le samedi 17 juillet 2021 - « Hier, il y avait 25 fois
plus de Français dans les centres de vaccination que de
manifestants dans les rues. Dans de nombreux pays, les gens
manifestent pour avoir accès au vaccin. Vaccinons-nous, protégeons
– nous », publiait sur Twitter mercredi soir le ministre de la
Santé, Olivier Véran. Il commentait ainsi le défilé de milliers de
personnes dans les rues le 14 juillet pour s’opposer aux mesures
annoncées par Emmanuel Macron lundi 12 juillet, visant à élargir
considérablement le champ d’utilisation du pass sanitaire contre la
Covid. Ce dernier doit en effet conditionner dans les jours et
semaines qui viennent l’accès (aux utilisateurs comme aux
professionnels) dans les restaurants, bars, cinémas, salles de
spectacle, centres commerciaux, maisons de retraite,
hôpitaux…
Des opposants aux références détestables
Le ministre a ainsi renvoyé dos à dos quelques milliers de
mécontents et les millions de personnes qui ont pris rendez-vous et
se sont rendus dans les centres de vaccination dès lundi soir,
voulant voir dans cet « élan » une manifestation d’adhésion
à la vaccination (on ne remarquera pas au passage que pour éviter
les hypothétiques manifestations dans les pays privés de vaccin, la
France aurait pu choisir d’y envoyer une partie de ses doses… comme
celles réservées à ses adolescents au risque très faible). On ne
peut en effet éviter d’observer avec une certaine ironie que ceux
qui quelques jours auparavant semblaient repousser avec dédain le
vaccin se soient rués sur les places disponibles à l’idée qu’ils
pourraient connaître un accès plus difficile à leur restaurant
préféré. Par ailleurs, les défilés des opposants au pass sanitaire
suscitent inévitablement la défiance : le rapprochement récurrent
entre les interdictions qui frappaient les juifs dans la France de
1940 et l’instauration du pass sanitaire témoigne en effet d’un
manque de mesure, de dignité et de connaissance de l’histoire qui
ne peuvent qu’alerter. Sans parler de l’ensemble des considérations
les plus fantaisistes liées au vaccin.
Réflexes égoïstes
Pourtant, peut-on vraiment sincèrement considérer que la prise
d’assaut des centres de vaccination cette semaine représente un
réel élan d’adhésion ? Un réel sursaut collectif pour protéger
notre société du confinement, nos personnes vulnérables et ceux qui
redoutent (même sans fondement) les effets du vaccin ? Difficile de
totalement s’en convaincre. Alors que le gouvernement aurait pu
essayer d’exalter chez les Français les vertus de l’esprit
collectif, ce sont bien plus probablement des milliers de réflexes
égoïstes qu’a créé l’extension du pass sanitaire. On constate que
l’idée que le bénéfice de la vaccination doit être perçu comme
collectif et non pas seulement comme individuel peine à s’imposer.
Or, et plutôt à raison, face à la Covid, une partie de la
population considère que son bénéfice médical individuel est
restreint. Il fallait donc « inventer » un autre bénéfice
individuel : c’est l’objet du pass sanitaire. Tout s’est presque
passé comme si quand la vaccination était présentée comme une arme
pour limiter la circulation du virus afin de nous protéger tous (y
compris du confinement), elle était perçue avec un intérêt mitigé.
Quand elle est devenue un sésame personnel du quotidien, elle a été
soudain perçue différemment. Mais pas sûr, que le tour de pass pass
parvienne à convaincre ceux pour lesquels le vaccin représente un
bénéfice médical individuel totalement incontestable… Il faudra
alors espérer que le bond de vaccination créé par l’attrait du pass
sanitaire sera suffisant pour restreindre assez la circulation du
virus et éviter une nouvelle vague meurtrière chez les plus
fragiles.
Les complotistes avaient-ils raison ?
Cependant, la victoire (si victoire il y a grâce au pass sanitaire)
sera-t-elle parfaite ? En acceptant si facilement le pass
sanitaire, quand ils boudaient la vaccination fortement préconisée
(dédain tout relatif, puisque tout de même plus de 35 millions de
Français avaient choisi de se faire vacciner avant les annonces
d’E. Macron), les Français montrent-ils également le peu de cas
qu’ils font de certains de nos principes ? Et notamment de la
liberté ? C’est ce que pensent un certain nombre d’observateurs et
notamment le philosophe François-Xavier Bellamy (député européen
LR) dans une tribune publiée dans le Figaro. Il y rappelle en
préambule son adhésion à la vaccination mais s’interroge clairement
sur les dangers civilisationnels du pass sanitaire. Il invite
d’abord dans ce texte à reconsidérer les anathèmes lancés contre
les personnes qui il y a quelques mois étaient taxées de
complotiste quand elles soupçonnaient le gouvernement de vouloir à
terme imposer un pass sanitaire pour un grand nombre d’activités
(et non pas seulement les très grands rassemblements et les voyages
internationaux). Bien sûr, aujourd’hui, l’exécutif justifie son
revirement par la particularité du variant Delta. Cependant,
l’expérience n’est pas dénuée d’enseignements quant au risque de «
caricaturer » trop vite certaines craintes (même s’il est
vrai qu’elles sont parfois formulées de façon si caricaturale
qu’elles deviennent inaudibles). L’expérience doit également être
une leçon pour ceux qui n’évitent pas les promesses catégoriques,
même s’ils savent qu’elles seront facilement reniées au gré des
événements. « Le fait que l’État méprise à ce point la parole
donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a
de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la
liberté » énonce le philosophe.
Vie normale ?
Par ailleurs, il remarque : « Pour la première fois dans
notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour
effectuer les actes les plus simples du quotidien - prendre un
train, entrer dans un magasin, aller au théâtre… L’accès à un
espace public sera différencié selon nos données de santé (…) Le
serveur d’un bistrot sera sommé de vérifier la vaccination et la
pièce d’identité d’un client pour pouvoir servir un café; les
mariés devront demander un QR Code à leurs invités avant de les
laisser entrer… Et la police viendra sanctionner ceux qui n’auront
pas participé efficacement à ce contrôle permanent. Qui peut
prétendre qu’un tel dispositif permet de «retrouver la liberté»? Il
constitue au contraire un précédent redoutable en matière de
contrôle permanent et de droits différenciés (…). Ne pensez surtout
pas que, parce que vous êtes vacciné, vous aurez «une vie normale»:
quand on doit présenter dix fois par jour un document de santé et
sa carte d’identité, pour acheter une baguette ou faire du sport,
on n’a pas retrouvé la liberté. Quand chacun doit devenir le
surveillant de tous les autres, on n’a pas «une vie normale». On
nous dira qu’il faut choisir entre le pass sanitaire et le
confinement généralisé: mais ce chantage est absurde. Dès lors que
les plus vulnérables sont vaccinés, il n’y a aucune raison de
revenir au confinement, aucune raison en particulier de fermer les
amphis et d’enfermer les adolescents. Nous n’avons pas à choisir
entre deux manières inutiles et dangereuses d’abandonner la
liberté. Ce combat n’est pas individualiste, au contraire: c’est se
sentir vraiment responsables d’un bien commun essentiel que de
défendre cette liberté aujourd’hui gravement menacée. Il y a là un
défi de civilisation: face aux modèles autoritaires qui triomphent
ailleurs dans le monde, l’Europe et la France doivent montrer
qu’une action publique efficace, même en période de crise,
n’impliquera jamais d’abandonner les règles intangibles qui fondent
nos démocraties. Les libertés fondamentales, l’égalité des droits,
l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes,
mais des principes qui nous obligent » écrit-il.
SOS Bonheur
Le philosophe Gaspard Koenig lui fait écho dans un texte publié
dans le Nouvel Obs. Il revient ainsi notamment sur la perte
d’anonymat au sein de l’espace public entraîné par l’instauration
du pass sanitaire (ne semblant guère faire confiance aux garanties
de sa préservation). Il invite à se méfier des sociétés affirmant
vouloir faire le bien des individus contre eux-mêmes (même si les
exemples de législation dans ce sens sont nombreux et que c’est
également pour bénéficier de la protection de la société que
l’individu accepter d’aliéner une partie de sa liberté…). Enfin, il
met en garde contre les risques d’une installation au-delà de la
crise de ce type de procédures. « L’extension du passe sanitaire
me semble (…) contraire à la raison, trahissant la panique
irréfléchie qui s’empare de nos décideurs. Première question,
fondamentale pour évaluer la légitimité d’une politique de santé
publique : qui cherche-t-on à protéger ? Le citoyen contre un
danger extérieur, ce qui est le devoir de l’Etat ? Ou l’individu
contre lui-même, ce qui outrepasse le rôle de la puissance publique
? Les premiers confinements rentrent clairement dans la première
catégorie : rien à dire (sauf peut-être sur la méthode…). Mais le
passe sanitaire s’inscrit hélas dans la seconde. (…) Le dommage
qu’il crée s’avère bien réel, et disproportionné face au maigre
gain sanitaire. Pour éviter les fraudes, le scan du code QR devra
inévitablement s’accompagner d’un contrôle d’identité. L’espace
public, défini par l’anonymat et la libre circulation, deviendra
une succession de sas verrouillés. (…) Les structures
administratives mises en place pour gérer une situation temporaire
trouveront toujours de bonnes raisons de pérenniser leur existence.
C’est la porte ouverte aux pires dystopies, où des caméras de
reconnaissance faciale vérifieront nos informations sanitaires
» décrit-il. Déjà, il y a quelques semaines dans le Figaro (avant
les annonces d’E. Macron), il faisait allusion à ces «
dystopie » comme « S.O.S. Bonheur, la célèbre BD de Van
Hamme imaginant un monde quadrillé au nom de la maximisation du
bonheur collectif. (…) Ce contrôle de santé permanent irait à
rebours du modèle occidental de société ouverte ».
La vaccination obligatoire, une mesure plus loyale ?
En filigrane derrière ces critiques, certains pourraient
s’interroger : la vaccination obligatoire des plus vulnérables
n’aurait-elle pas été une mesure plus adaptée d’un point de vue
épidémiologique, médical et éthique ? Certains considèrent en effet
qu’il aurait été plus pertinent épidémiologiquement de mettre
l’accent sur la vaccination des plus vulnérables, soit grâce à de
véritables méthodes pro-actives ciblées (rendez-vous automatiques,
vaccination à domicile, appels par les médecins traitants…) soit
grâce à l’obligation (tel le docteur Martin Blachier qui regrette
que les mesures ciblant les plus âgés aient toujours été refusées).
Une décision stricte d’obligation, même élargie à toute la
population, n’aurait en outre pas donné le sentiment d’une forme de
chantage. Elle aurait pu être considérée comme un aveu d’échec
(puisque les Français ne sont pas capables de comprendre l’intérêt
de la vaccination pour eux-mêmes et pour la collectivité, nous les
y obligeons) mais elle aurait manifesté que le gouvernement était
prêt à prendre cette responsabilité. Il semble qu’il ait préféré
une fois encore la faire porter aux Français dans une forme de
nouvelle infantilisation. Même s’il s’y déclare fondamentalement
opposé (et nous avons déjà évoqué les multiples considérations
éthiques associées à ce sujet), François-Xavier Bellamy considère
qu’une vaccination obligatoire aurait été préférable d’un point de
vue éthique au choix qui a été fait d’utiliser le pass sanitaire :
« Si le gouvernement a la certitude que la vaccination générale
est absolument indispensable, alors il devrait en tirer toutes les
conséquences, et la rendre obligatoire. Nous ne pensons pas cela;
mais ce serait au moins, du point de vue démocratique, une décision
plus loyale que l’hypocrisie de cette contrainte déguisée »
écrit-il.
Eviter un effondrement au nom d’une conception abstraite de la
liberté
Ces digressions philosophiques, ces références à la
littérature d’anticipation, ces beaux discours sur la liberté
sont-ils trop décalés par rapport à la réalité ? C’est le sentiment
de l’économiste Nicolas Bouzou qui (dans un texte antérieur aux
annonces d’Emmanuel Macron) appelle ses « amis libéraux » à plus de
pragmatisme. « Prétendre que les mesures de restriction sont
prises sur un mode utilitariste pour faire le bonheur des gens
malgré eux révèle une inquiétante incompréhension de ce qui est en
jeu: il ne s’agit absolument pas de protéger les individus malgré
eux mais d’empêcher un effondrement de la société. (…) Une épidémie
virale est en soi un agent déstabilisateur, récessionniste et
liberticide. (…) Certains de mes amis libéraux, associés pour
l’occasion à une coalition faite d’antivaccins et
d’anticapitalistes (ce qui devrait leur mettre la puce à l’oreille
quant à la pertinence de leurs idées) contestent le pass sanitaire
comme ils ont contesté les restrictions passées, au nom d’une idée
abstraite de la liberté. En réalité, le pass sanitaire serait le
seul moyen de rouvrir dès maintenant et sans risque sanitaire les
restaurants, les musées, les cinémas ou les salles de sport (on
sait que les vaccins à ARN messager, qui sont les plus utilisés en
France, empêchent de 80 à 90% des transmissions virales). C’est en
outre le procédé le moins bureaucratique qui soit puisqu’il évite
au moins en partie à l’État de détailler les jauges applicables
dans les commerces et les restaurants. Prétendre que la France
s’honorerait en le refusant relève d’un chauvinisme qui prête à
sourire. Le pass sanitaire «à la française» est parfaitement
anonyme, et ne menace donc en rien le secret médical ni le droit à
l’intimité, alors qu’il est par ailleurs obligatoire de déclarer
une trentaine de maladies sans que nul ne s’en émeuve. La détention
du pass sanitaire constitue en outre une juste gratification
accordée à ceux qui se sont fait vacciner. Car la vaccination n’est
pas qu’un acte individuel. Pour des individus jeunes et en bonne
santé, c’est un acte altruiste. Se faire vacciner, c’est aider son
pays à sortir de la crise la plus grave depuis la dernière guerre.
Il est parfaitement moral que cela confère un avantage sur ceux qui
le refusent. Les libéraux opposés au pass sanitaire rappellent les
pacifistes du XXe siècle. Auréolés de leur éthique de conviction,
aveuglés d’idéologie, ils refusent de voir le monde tel qu’il est
et de penser les solutions pour retrouver nos libertés. Préférons
l’éthique de responsabilité » écrit-il.
Au-delà d’une conception très différente de la liberté, les
antagonismes entre la position de Nicolas Bouzou et Gaspard Koenig
ou François-Xavier Bellamy sont multiples. On remarque que quand
certains signalent que ceux qui sont taxés de « complotistes »
semblent parfois avoir raison (malgré leurs excès), d’autres jugent
que leur présence doit toujours inciter à la déconsidération. De la
même manière quand d’aucuns voient dans le pass sanitaire le
symbole d’un enfer bureaucratique, d’autres au contraire estiment
qu’il pourrait nous en libérer.
Mais partisans du pass sanitaire et opposant partagent la même
tentation pour le catastrophisme, prédisant les uns et les autres
l’effondrement de nos sociétés et civilisation. Existe-t-il un
vaccin contre cet état d’esprit ?
Dans cet article, il manque juste les chiffres justifiant toutes ces mesures. L'épidémie s’essouffle, le variant delta est moins dangereux, les chiffres des hospitalisations sont bons. On ne parle que des testés positifs et plus du tout des morts ou des résultats dans les eaux usées. On ne fait pas de dosages d'anticorps pour mesurer l'immunité acquise. Au delà de toute polémique, en Israël comme en Grande Bretagne la situation est à peu près comme ici, les autres pays ne prennent pas de telles mesures, est ce donc bien nécessaire d'en faire autant maintenant?
Dr Levry
La liberté de choix
Le 17 juillet 2021
Quand même hors mis l'aspect sociologique psychologique philosophique pour des raisons discutables, il faut surtout penser froidement à l'aspect financier qui en fait est la véritable raison de nos gouvernants. C'est un effondrement financier avant tout, une fin de civilisation qui amorce son grand virage, et pour exemple, avoir acheté des millions de doses d'un vaccin expérimental non efficaces sur les variants tel que ce petit Delta en dit milles fois plus long, sur leur peur à eux, qu'il projettent sur le peuple, et explique parfaitement que éthiquement sociologiquement psychologiquement philosophiquement, ça ne tienne aucune discussion sauf de comptoir! C'est malheureusement cette raison financière qui explique cette stratégie douteuse qui alerte tout le monde du petit pèlerin que nous sommes aux plus grands penseurs de notre société. N'importe quel médecin sait qu'on vit avec des milliers de virus, et dont le Delta aujourd'hui et que veulent-ils soudains aujourd'hui?.... inutile de perdre son temps je dirais à refaire le monde, aujourd'hui il est temps et toutes pensées confondues, de se rassembler en laissant les différents de côté, pour défendre ce qu'ils grignotent de façon décomplexée, notre LIBERTE. D'autre part il est temps de redonner les rennes aux médecins, il est temps de protéger et défendre nos données de santé comme notre espace de liberté, car derrière cette manipulation à l'échelle planétaire, l'intention envers l'humain n'est pas philanthropique, et c'est une autre débat pour discuter des véritables raisons. Merci M.Knipper
Définition de la liberté
Le 17 juillet 2021
Que d'élucubrations ! Et pas de définition de la LIBERTE. C'est pourtant d'elle dont on parle. Non? Alors article 4 de la Déclaration des droits de l'Homme : La liberté c'est pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui. Ne pas se vacciner nuit à tous les autruis. Dr JP Lamagnere