L’armée au chevet de la Martinique où la litanie des morts se poursuit

Paris, le mardi 17 août 2021 - Hier, l’allocution d’Emmanuel Macron concernant la situation en Afghanistan n’a pas été diffusée en direct sur Radio Caraïbes International (RCI) en Martinique. En cause, la prolongation de l’émission traditionnelle qui égrène les noms des personnes récemment mortes sur l’île. Habituellement, elle dure une trentaine de minutes, mais ces derniers jours les avis d’obsèques se sont multipliés. La flambée de Covid qui frappe l’île est inévitablement à l’origine de cette « hécatombe » pour reprendre l’expression de la présentatrice.

Électrochoc en faveur de la vaccination

Alors que cette émission demeure très suivie (par un environ un tiers des Martiniquais dans son édition du matin) sur une île où la participation aux veillées funèbres reste un rite très important, le responsable des programmes de RCI, Serge Battet espère qu’elle pourrait fonctionner comme un électrochoc pour inciter les populations à la vaccination. Le nombre d’avis d’obsèques « a augmenté d’un coup, c’est passé de 20 à 40, et de 40 à 60 et de 60 à un peu plus, c’est perturbant » relève-t-il. De fait, les centres de vaccination connaissent ces derniers jours un afflux certain. Cependant, le rythme est encore loin de dépasser celui de métropole, témoignant de la persistance d’une forte réticence.

Livraison d’oxygène par l’Armée

Pourtant, outre la litanie des morts, l’assistance marquée de l’Armée française signe également l’extrême de la gravité de la situation. Ainsi, dans le cadre de l’opération Résilience aux Antilles, un module militaire offre désormais une capacité de seize lits supplémentaires de réanimation, tandis que l’objectif est d’atteindre les 20 lits opérationnels dans les jours qui viennent. Surtout, l’Armée organise l’acheminement de plus de 100 tonnes d’oxygène médical afin de prévenir tout risque de pénurie ; des stocks qui doivent aussi bénéficier à la Guadeloupe, qui connaît également une situation critique.

Le navire Dumont d’Urville de la Marine nationale a ainsi entamé son premier voyage depuis la Guyane et doit accoster à Fort de France le 19 août, tandis que d’autres rotations sont prévues dans les jours à venir. S’il n’existe pas dans les établissements hospitaliers d’alerte, ni du côté des producteurs, ces livraisons doivent notamment répondre à la préoccupation exprimée par les prestataires de soins à domicile.

Expérience grandeur nature démontrant le bénéfice de la vaccination

Ces soutiens interviennent alors que la situation demeure particulièrement critique, notamment en Martinique. Le département connaît une incidence de 1 153 cas pour 100 000 habitants. La tension hospitalière culmine depuis la semaine dernière autour de 227 % avec 361 personnes hospitalisées le 16 août (16 entrées ce jour) dont 59 en réanimation (zéro admission). Le ratio de personnes non vaccinées admises à l’hôpital pour 10 millions d’habitants non vaccinés est en Martinique de 560 et de zéro en ce qui concerne les sujets complètement vaccinés.

A.H.

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