A quinze jours de la rentrée, le flou persiste pour l’école

Paris, le vendredi 20 aout 2021 - « Une année scolaire la plus normale possible » l’objectif défini par le Ministre de l’Éducation Nationale pour cette rentrée des classes semble clair. Mais pour de nombreux observateurs, le reste (pour ne pas dire l’essentiel) l’est beaucoup moins.

A quinze jours de la reprise des cours, enseignants, parents et épidémiologistes s’interrogent sur les conditions globales de cette rentrée, alors que le protocole sanitaire de l’éducation nationale demande encore à être précisé.

Un protocole mis en place en juillet

Certes, un aperçu du dispositif qui sera mis en place dans les établissements scolaires a été présenté par le Ministère fin juillet.

L’Éducation nationale a décidé d’un protocole différencié (vert, jaune, orange et rouge), à adapter en fonction de la circulation du virus dans les territoires à la rentrée.

Dans l’objectif assumé de privilégier l’enseignement en présentiel, le protocole prévoit des mesures allant du renforcement de l’obligation du port du masque dans tous les espaces (y compris extérieurs), à l’interdiction de certaines activités physiques ou l’aménagement de la restauration scolaire.

Sommes-nous vert, jaune, orange ou rouge ?

Or, pour les syndicats, difficile d’organiser la rentrée scolaire en l’absence d’indication précise sur le niveau d’alerte retenu. « Il faudrait au moins nous préciser à quel niveau du protocole sanitaire on se situe », réclame Guislaine David, du SNUipp-FSU interrogée dans Le Monde.

Pour le Ministère, il est toutefois urgent d’attendre l’évolution de la situation épidémiologique afin d’être « au plus près de la rentrée ». Seul indice, la Réunion où la rentrée des classes a eu lieu le 16 août, applique le niveau jaune alors même que le taux d’incidence affiché est de 342 cas pour 100 000 habitants.

L’attentisme affiché ne semble pas pour autant convaincre au sommet même de l’État. D’après le Canard Enchainé, Emmanuel Macron aurait critiqué en conseil de défense le flou entretenu autour de la rentrée scolaire. Le président de la République aurait même exigé que les conditions sanitaires du retour en classe soient réexpliquées plus clairement aux familles et aux enseignants.

Un cadrage devrait être donné dès la fin de semaine, alors que la conférence de presse de rentrée du ministre de l’Éducation est prévue le 26 août.

Pas de fermeture des classes pour les vaccinés !

Autre point qui soulève un vif débat dans la communauté éducative, le sort réservé aux non-vaccinés en cas de fermeture des établissements scolaires.
Si la règle de la fermeture de la classe pour une durée de 7 jours dès le premier cas positif continuera à s’appliquer dans les écoles, dans les collèges et les lycées, un protocole de contact-tracing renforcé sera mis en œuvre pour identifier les élèves ayant eu des contacts à risque avec un cas positif. Dans ce cadre, les élèves « justifiant d’une vaccination complète » pourront poursuivre les cours en présentiel.

Or, le renvoi à la maison d’un enfant non vacciné pose des questions juridiques sensibles, notamment en matière de protection des données de santé des élèves. Par ailleurs, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) a alerté, dans Le Journal du dimanche du 15 août, sur les risques d’aggravation des inégalités sociales liés à cette disposition, pointant du doigt la couverture vaccinale plus faible des catégories défavorisées.

Au 17 août, 54,6 % des 12-17 ans ont reçu une première injection et 30,3 % un schéma vaccinal complet, d’après les données de Santé publique France.
Confirmant que des centres mobiles de vaccination seraient bien déployés dans les établissements où la couverture vaccinale est moins bonne, le ministère de la santé a précisé que les adolescents pourraient être emmenés en groupe dans des centres pour recevoir une injection. La vaccination des moins de 12 ans, elle, n’est pas à l’ordre du jour selon les déclarations du ministre (ce qui a conduit immédiatement certains commentaires échaudés par les décisions contradictoires du gouvernement depuis plusieurs mois à affirmer qu’elle le serait donc bientôt !).  

Inquiétude des épidémiologistes sur l’aération

La stratégie du « wait and see » inquiète également les épidémiologistes qui observent avec inquiétude les chiffres de la progression du variant Delta. Dans une tribune publiée dans le Monde, une trentaine de médecins, chercheurs et enseignants plaident pour « une action ferme » et « des mesures efficaces dès la rentrée » du 2 septembre, notamment en matière d’aération et de purification de l’air.

« Aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne..., les pédiatres et les sociétés savantes appellent à protéger davantage les moins de 12 ans. A notre tour, aujourd'hui, de tirer la sonnette d'alarme », écrit ce collectif rassemblant notamment les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, l'infectiologue Gilles Pialoux et le Dr Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML.

Pour les auteurs de la tribune, la seule stratégie du « tout-vaccin » ne peut suffire pour faire face à la nouvelle vague.

C.H.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article